Eglises d'Asie

Lors du premier symposium sur les vocations organisées par les Eglises catholiques d’Asie, un évêque japonais appelle de ses vœux l’envoi de missionnaires asiatiques au Japon

Publié le 18/03/2010




« Plutôt que de dépendre des autres continents ainsi que nous l’avons fait par le passé, j’estime que les pays d’Asie devraient travailler plus étroitement ensemble pour la croissance du Royaume de Dieu en Asie. » C’est par ces termes que l’archevêque d’Osaka, le jésuite japonais Leo Jun Ikenaga, a introduit son point de vue et appeler de ses vœux la mise en place de programmes structurés pour que les Eglises d’Asie « qui vivent la bénédiction de voir émerger des vocations nombreuses » envoient des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs auprès des Eglises qui ont très peu de vocations, comme celle du Japon.

Mgr Ikenaga s’exprimait ainsi lors de la première journée de travail du symposium organisé au centre pastoral de l’archidiocèse de Bangkok, du 22 au 27 octobre dernier. Intitulé « Asian Vocations Today », il a réuni 125 évêques et prêtres responsables des vocations sacerdotales et religieuses pour leurs Eglises, issues de vingt pays d’Asie (1). L’archevêque d’Osaka a dressé un rapide portrait de l’Eglise au Japon. Les catholiques représentent 0,4 % des 127 millions de Japonais, avec la particularité de compter autant sinon plus de catholiques immigrés que de catholiques japonais. Les vocations aujourd’hui y sont très rares. Par le passé, « il était tenu pour acquis » que les Eglises d’Europe ou d’Amérique envoyaient des missionnaires en Afrique et en Asie. Aujourd’hui, du fait la chute des vocations dans ces pays, les Eglises de ces continents « demandent aux Eglises d’Afrique et d’Asie de leur envoyer des prêtres et des religieuses ».

L’évêque japonais a souligné qu’il s’était rendu à plusieurs reprises en Amérique latine, où les vocations sont nombreuses. Mais, au fil des huit pays visités dans cette région du monde, il a constaté que « les séminaristes latino-américains expriment le souhait de partir vers l’Afrique – pas vers l’Asie ». « Ils ne semblent pas trouver de raisons pour consacrer leur vie à des territoires économiquement développés comme Hongkong, Taiwan ou le Japon ; ils préfèrent partir pour des régions économiquement sinistrées ». Si les évêques des pays asiatiques où les vocations sont nombreuses, comme l’Inde, le Vietnam, les Philippines ou l’Indonésie, pouvaient mettre sur pied des sociétés missionnaires orientées vers la mission ad extra (à l’étranger), cela pourrait représenter une grande aide pour les Eglises d’Asie qui souffrent d’un manque de vocations, a-t-il précisé, ajoutant qu’il est plus facile à un Asiatique, qu’à un missionnaire venu d’un autre continent, de saisir une autre culture asiatique.

Les réactions à la proposition de l’archevêque japonais ont montré que le souci pour les Eglises « pauvres » en vocations était partagé par tous les responsables présents, mais qu’il n’était pas évident qu’une commune appartenance au monde asiatique prédispose à une intégration facilitée dans des sociétés, telle la société japonaise, où la langue et la culture sont très différentes de celles du pays de départ des missionnaires. L’évêque d’Udon Thani, en Thaïlande, Mgr George Yod Phimphisan, a souligné que des initiatives allant en ce sens existaient déjà. Il a cité de la Société missionnaire de Thaïlande (SMT), fondée en 1990 par le P. Jean Dantonel, des Missions Etrangères de Paris, qui a déjà envoyé quelques-uns de ses membres au Cambodge et, « avec plus de difficultés », au Laos (2).

Pour Mgr Phimphisan, les mots que Jean-Paul II a utilisés dans l’exhortation apostolique Ecclesia in Asia, publiée à l’issue du Synode des évêques pour l’Asie (1998), résonnent d’une actualité toute particulière. « Avec l’Eglise répartie dans le monde entier, l’Eglise en Asie franchira le seuil du troisième millénaire chrétien en s’émerveillant devant tout ce que Dieu a fait depuis ces commencements jusqu’à maintenant et, forte de savoir que, ‘tout comme au premier millénaire la Croix fut plantée sur le sol européen, au second millénaire sur le sol américain et africain, on puisse, au troisième millénaire, recueillir une grande moisson de foi sur ce continent si vaste et si vivant’. » Ici, je ne vois pas seulement un prophète, mais aussi un défi pour nous, a commenté l’évêque thaïlandais.