Eglises d'Asie

A Huê et à Phan Thiêt, des communautés chrétiennes réclament des biens d’Eglise confisquées il y a trente ans

Publié le 18/03/2010




Les propriétés de l’Eglise confisquées après le changement de régime de 1975 continuent d’être à la source de conflits ouverts ou larvés entre les autorités civiles et les communautés chrétiennes. La Conférence des évêques catholiques du Vietnam a réclamé publiquement un certain nombre d’établissements aujourd’hui entre les mains du pouvoir civil. De temps à autre, dans les diocèses et les paroisses, les différends liés aux propriétés spoliées s’enveniment pour des raisons diverses et donnent lieu à de véritables affrontements. Deux affaires de ce type se sont produites ces temps derniers, l’une dans le diocèse de Phan Thiêt, l’autre dans l’archidiocèse de Huê.

C’est à l’initiative de l’Etat qu’un tel affrontement a eu lieu dans la paroisse de Sông Mâu, du diocèse de Phan Thiêt. Cette paroisse a été, le 24 octobre dernier, le théâtre d’événements qui ont choqué les fidèles, et, en premier lieu, son évêque. Dans la matinée, plusieurs dizaines de militaires en uniforme ont pénétré dans l’enceinte de l’église et, à l’aide d’un bulldozer, ont entrepris sa destruction. Quelque temps plus tard, ne restait debout que le clocher surmonté d’une croix et une grotte de Lourdes. Informé des faits, l’évêque du lieu, Mgr Nguyên Thanh Hoa, au nom du diocèse, a adressé, le 30 octobre dernier, une lettre ouverte à diverses instances du Parti et de l’Etat dans la province et le district dont fait partie la paroisse de Sông Mâu (1). L’évêque y affirme que la décision « unilatérale et arbitraire » de détruire l’église est totalement illégale. Il rappelle que ce lieu de culte, confisqué par l’Etat après 1975, est l’objet d’un conflit entre les autorités et la population de la paroisse, qui, depuis trente ans, n’a cessé de demander au gouvernement de régler ce problème, sans jamais recevoir de réponse de celui-ci. Par ailleurs, il n’existe aucun document faisant mention d’une décision légale de confiscation, à l’exception de divers procès-verbaux sans valeur. L’évêque ajoute que cette destruction est en contradiction avec la politique religieuse affichée actuellement par le gouvernement. Par ailleurs, l’attitude des autorités manifeste le dédain de celles-ci à l’égard du droit des religions à posséder des lieux de culte et heurte les sentiments des fidèles. En conclusion, l’évêque demande de mettre un terme immédiat à la destruction de l’église et de garder les choses en l’état. Il exige aussi que soient révélées les raisons pour lesquelles cet acte barbare a été soudainement commis après plus de trente ans de vaines négociations.

A la même époque, un conflit du même ordre secouait une paroisse de l’archidiocèse de Huê, la paroisse de Sao Cat, située dans l’agglomération de Lang Cô, au pied du col de Hai Van (2). En 1975, l’école privée de la paroisse, construite sur le terrain de l’église, avait été réquisitionnée par l’Etat pour en faire une école publique. Ces temps derniers, considérant la dégradation progressive des bâtiments, le trouble causé aux activités paroissiales par le fonctionnement de cette école et surtout le besoin de locaux exigés par le développement de la paroisse, la communauté paroissiale et son curé ont pris la décision de récupérer l’école paroissiale et en ont averti les autorités par deux documents, l’un pour exposer les faits, l’autre pour faire part de la décision de la paroisse. Les incidents sont alors allés croissant entre la communauté catholique et les autorités, qui ont multiplié les vexations à l’endroit de la paroisse.