Eglises d'Asie – Japon
Document N° 10 B/2007 : Vers une communauté catholique multi-culturelle
Publié le 18/03/2010
Durant les quelque vingt dernières années, les mots d’« internationalisation » et de « mondialisation » sont entrés dans notre conscience et sont d’autant plus utilisés que notre prise de conscience d’appartenir à une société internationale grandit, et que la mobilité des personnes, des marchandises et de la culture se développe à une plus grande échelle. Mais jusqu’à quel degré chaque Japonais a-t-il conscience d’être « internationalisé » ou « mondialisé » ? Jusqu’à quel degré reconnaissons-nous les étrangers et les migrants, que nous avons plus de chances de rencontrer aujourd’hui, comme nos voisins, et les acceptons-nous comme des personnes vivant dans la même société que la nôtre ?
C’est une mission évangélique extrêmement importante pour l’Eglise du Japon que d’accueillir ces immigrés et de bâtir avec eux une nouvelle communauté et une nouvelle société. Tout particulièrement au moment même où la société japonaise est un peu perdue dans sa manière d’appréhender les migrants, n’est-ce pas une tâche prophétique confiée à l’Eglise catholique que de montrer un modèle idéal d’internationalisation et de mondialisation à la nation japonaise et au monde en général ?
1.) Les travailleurs migrants vivant au Japon
L’occasion, pour la société japonaise, d’être confrontée directement aux problèmes ethniques et raciaux s’est présentée lors de l’acquisition de Taiwan, en 1895, à l’issue de la guerre sino-japonaise. Le problème était de savoir comment gérer les Taïwanais – un peuple ethniquement différent – sur le territoire japonais. A l’époque, pour aller à l’encontre des traités inégaux imposés par les pays européens et américain, le Japon se devait de laisser les étrangers résider dans le pays et, en 1899, la loi sur la Mixité de résidence au Japon fut promulguée. Par la suite, en 1910 et l’annexion de la Corée par le Japon, le problème se posa de savoir comment traiter les Coréens. Les peuples taïwanais et coréens étaient en principe considérés comme des Japonais, mais, en fait, la loi en faisait des sujets de l’Empereur sans leur donner le droit de vote, ce qui était une forme de discrimination.
Après la loi sur la Mixité de résidence de 1899 et jusqu’aux années 1920, beaucoup de personnes en provenance de Chine vinrent au Japon, mais beaucoup d’entre elles y retournèrent, après l’incident de la Mandchourie. Après l’annexion de la Corée par le Japon, et jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, nombreux sont ceux qui vinrent de la péninsule coréenne, leur nombre atteignant 2,3 millions en 1944. Beaucoup d’entre eux retournèrent en Corée après la défaite du Japon en 1945, mais environ 500 000 restèrent, ayant créé suffisamment de liens au Japon.
Les migrants de Chine et de Corée, arrivés avant la deuxième guerre mondiale et devenus résidents du Japon, ont été appelés, comme leurs descendants, les « vieux étrangers ». Depuis les années 1970, période à partir de laquelle la société japonaise, ayant récupéré des difficultés consécutives à la guerre, s’est rapidement développée économiquement, quatre types différents d’émigrés ont commencé à arriver.
Le premier type est constitué par les travailleuses immigrées provenant des Philippines, de Taiwan, de Thaïlande, etc., qui, généralement, ont le statut de résidents en tant qu’« artistes ». Le deuxième type d’immigrés comprend les réfugiés indochinois du Vietnam, du Cambodge et du Laos, dont l’arrivée a déclenché l’adhésion du Japon à la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés. Depuis le début des années 1980, le Japon a répondu favorablement à la demande de coopération internationale pour recevoir les réfugiés indochinois et il a commencé à recevoir d’autres demandeurs d’asile. L’Eglise catholique, avec en tête Caritas Japan, a réagi rapidement en aidant les réfugiés indochinois à s’établir au Japon. Toutefois, le nombre total des réfugiés acceptés n’a jamais excédé les 10 000 personnes et après le filtrage des opérations par le gouvernement, il n’y eut pratiquement plus de nouvelles acceptations, les autres réfugiés politiques acceptés en dehors de l’Indochine étant au nombre de quelques centaines.
Le troisième type d’immigrés au Japon correspond à la deuxième ou à la troisième génération de Japonais qui, à l’origine, se sont expatriés pour coloniser le Nord-Est de la Chine et qui y sont donc nés ou y ont été laissés après la guerre. Le quatrième type comprend les hommes d’affaires étrangers venant au Japon. Différents des « vieux arrivants », ces étrangers sont venus dans les années 1970 et 1980 et sont communément appelés les « nouveaux arrivants ». En 1989, la loi sur le Contrôle de l’immigration et la reconnaissance du statut de réfugié fut révisée. Dans les années 1990, beaucoup de Nikkei (descendants de Japonais) sont arrivés d’Amérique du Sud.
A l’heure actuelle, il n’est pas très facile de savoir combien d’immigrés vivent au Japon, mais selon les « Statistiques 2006 des résidents étrangers », publiées par le Bureau de l’Immigration, le nombre de personnes enregistrées comme « étrangers », fin 2005, était de l’ordre de 2,01 millions. (La loi d’Enregistrement des étrangers rend obligatoire pour les étrangers résidant au Japon l’inscription dans les bureaux des municipalités.) Ce chiffre représente donc près d’1,6 % de la population totale. Durant les dix dernières années, le taux de croissance de la population totale a atteint 1,7 %, alors que celui des étrangers enregistrés a été de 47,7 %. Ainsi, si la population totale est restée à peu près stable, le nombre des résidents étrangers a, quant à lui, presque doublé.
En termes de nationalité, on compte 598 000 Sud-Coréens et Nord-Coréens, le groupe le plus important. Toutefois, leur proportion diminue, si bien qu’en 2005, elle a atteint son niveau le plus bas (29,8 %). Les immigrés chinois sont au nombre de 520 000, les Brésiliens 300 000, les Philippins 185 000, et les Péruviens 57 000. 92,4 % de ces immigrés enregistrés viennent d’Asie ou d’Amérique du Sud. Beaucoup de ces pays étant chrétiens, une majorité d’immigrés résidant au Japon sont catholiques.
2.) La situation actuelle de l’Eglise catholique
J’ai décrit, ci-dessus, la situation générale des immigrés au Japon, mais si, à présent, nous nous tournons vers l’Eglise catholique, le contexte est très différent. Selon les données statistiques publiées en 2003 par la Commission catholique du Japon pour les migrants, les réfugiés et les gens du voyage, le nombre des catholiques immigrés était de 529 452, alors que la population catholique japonaise comptait 449 125 fidèles (1). La proportion des catholiques japonais par rapport aux immigrés catholiques s’établissait donc dans un rapport 45-54, les immigrés étant majoritaires, alors qu’ils ne représentent que 1,6 % du total de la population japonaise.
Beaucoup d’émigrés sont venus au Japon pour y chercher du travail et sont donc concentrés dans les zones urbaines. Les données statistiques citées ci-dessus montrent que le plus grand nombre d’immigrés enregistrés – de l’ordre de 350 000 – vivent à Tokyo, 210 000 à Osaka et 190 000 dans la préfecture d’Aichi (Nagoya). Beaucoup d’émigrés sont également inscrits dans les zones industrielles des banlieues de Tokyo, d’Osaka et de Nagoya.
Dans l’archidiocèse de Tokyo, 46 % des catholiques sont des immigrés, 47 % dans l’archidiocèse d’Osaka, 80 % dans le diocèse de Nagoya, 81 % dans les diocèses de Saitama et de Yokohama et 69 % dans le diocèse de Kyoto. Ce phénomène est apparu à la fin des années 1980, lorsque les émigrés ont été attirés par la prospérité économique de ces régions, ce qui a occasionné un changement radical de la physionomie de l’Eglise. Après la seconde vague de missionnaires étrangers, à la fin du XIXème siècle, l’Eglise du Japon s’est trouvée vivifiée et s’est développée pendant près de cent ans comme une Eglise essentiellement japonaise. Aujourd’hui, l’un des défis majeurs pour de nombreuses paroisses est de savoir comment accueillir et intégrer les migrants et les autres étrangers qui sont devenus de nouveaux membres de leurs communautés.
Le problème principal ne concerne pas le nombre de ces nouveaux arrivants, mais bien plutôt leur culture, leurs coutumes et la manière de vivre leur foi, qui peuvent être très différentes de celles des Japonais. Ces différences étonnent les catholiques japonais qui ne sont pas habitués à s’associer avec d’autres peuples ou cultures différentes. Par exemple, en ce qui concerne la célébration de la liturgie, alors que les Japonais célèbrent dans le silence, le calme, la solennité et l’ordre, beaucoup d’immigrés attendent une atmosphère joyeuse, détendue et conviviale, avec la chaleur d’une communauté. De tels mélanges et différences peuvent enrichir la communauté, mais peuvent également provoquer des incompréhensions, de la méfiance et de la prise de distance. Malgré les efforts fournis, il existe encore des désaccords et des mésententes en ce qui concerne la célébration de la liturgie.
Au Japon, où la population catholique est minoritaire et peu nombreuse, l’église est un endroit particulier pour louer et adorer Dieu – un lieu saint, différent et à part de la vie courante. D’un autre côté, pour les travailleurs immigrés qui vivent dans un pays différent du leur, l’église est le seul endroit où ils peuvent se détendre et se sentir chez eux, loin du stress de la vie courante. L’église est leur maison – le lieu de leur vie de tous les jours. Ces différentes manières de voir les choses entraînent des frictions quant à l’utilisation des locaux paroissiaux, de ses salles de réunions par exemple ; elle entraîne également quelques complications pour les différentes activités de la vie communautaire.
Nous pourrions dire que l’émergence de ces problèmes reflète le malentendu actuel régnant dans l’Eglise catholique du Japon. L’Eglise, qui est le signe du salut, devrait accueillir chaleureusement tous les peuples. Mais les changements rapides que l’Eglise du Japon a connu, durant les vingt dernières années, lui posent le défi de savoir comment accueillir ces familles de migrants, nouvellement arrivées au Japon. Les besoins exprimés par les travailleurs immigrés – « nous sommes traités comme des invités de passage et nous n’avons pas le sentiment d’appartenir à l’Eglise » ; « nous aimerions avoir une chance et une place pour contribuer à la vie de l’Eglise » et « nous aimerions rencontrer des compagnons avec qui réfléchir et partager nos problèmes et nos difficultés » – montrent clairement l’urgence du défi à relever.
3.) La politique sociale japonaise d’immigration
Comment la société japonaise cherche-t-elle à recevoir et à accepter les migrants ? Quels sont les problèmes et les solutions prévues ? Ces questions peuvent être examinées sous différents angles, mais j’aimerais les envisager dans la perspective des lois et des règlements relatifs aux immigrés.
A l’heure actuelle, seules deux lois existent au Japon concernant les immigrés et les étrangers : la loi d’Inscription des étrangers et la loi sur le Contrôle de l’immigration et la reconnaissance du statut de réfugié. Bien que les deux textes aient été amendés et atténués jusqu’à un certain point, ils visent à maintenir la sécurité du pays et les émigrés sont essentiellement perçus comme des sujets à contrôler.
L’objet de la loi d’Inscription des étrangers, promulguée en 1952, était de surveiller les étrangers inscrits et prévoyaient que ces derniers étaient tenus d’avoir continuellement avec eux leur carte d’inscription afin de pouvoir la présenter à toute demande. Ce document comportait également les empreintes digitales des intéressés, supprimées au moment de la révision de la loi en 2000. Les étrangers nouvellement arrivés au Japon, s’ils restent plus de 90 jours sur le territoire, sont tenus d’aller se faire enregistrer auprès des autorités dans les 90 jours suivant leur entrée. Ceux qui ont perdu la nationalité japonaise doivent s’inscrire dans les 60 jours, s’ils doivent rester plus de soixante jours. Les étrangers de plus de 16 ans, inscrits en tant qu’étrangers, sont tenus de posséder ce document d’inscription sur eux et de le présenter à toute demande de la police ou d’agents de l’Etat. Si un étranger ne possède pas ce document ou refuse de le présenter, il est passible d’une amende.
Cette législation n’assure que très peu de garantie dans la protection des droits des étrangers vivant dans le pays. En ce qui concerne les droits fondamentaux de l’homme, garantis par la Constitution d’après-guerre, ceux qui en bénéficient sont « le peuple », bien que des décisions judiciaires aient été prises en faveur d’étrangers, dans la mesure où la nature des droits en cause le permettait. Dans le cas des droits sociaux et de vote, les étrangers ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière, précisément à cause de la nature de ces droits. On peut valablement considérer que la garantie constitutionnelle des droits fondamentaux n’est accordée aux étrangers que dans le cadre du système de résidence. Les résidents étrangers font l’objet d’un contrôle fondé sur la loi sur le Contrôle de l’immigration et la reconnaissance du statut de réfugié et la loi d’Inscription des étrangers, avant de pouvoir bénéficier des droits fondamentaux de l’homme – c’est l’interprétation générale qui prévaut dans l’application de la loi. Cette situation s’est progressivement assouplie depuis la ratification par le gouvernement japonais des traités internationaux sur les droits de l’homme dans les années 1980, mais, en réalité, les mesures prises ne sont pas à la hauteur des standards requis par la ratification des traités.
En analysant le système judiciaire et sa manière de fonctionner, nous réalisons que c’est la société japonaise elle-même qui n’accueille pas les immigrés, ni ne les accepte comme des partenaires afin de construire une société en commun. En fait, elle les considère comme des étrangers soumis à des réglementations et à des contrôles particuliers.
L’attitude de la société envers les réfugiés le confirme. En comparaison avec d’autres pays développés, le nombre de réfugiés reconnus par le Japon est extrêmement faible. Il est vrai que le nombre de demandeurs d’asile n’est pas très élevé, mais il est également vrai que le processus de reconnaissance du statut de réfugié est très sévère et difficile. Le Japon a accepté la Convention des Nations Unies sur le statut des réfugiés en 1981, soit trente ans après sa rédaction, et ce, sous la pression internationale d’apporter son aide aux vagues de réfugiés qui arrivaient de la zone indochinoise. Le gouvernement japonais a reçu 10 000 personnes, qu’il a appelées « Réfugiés indochinois » et non pas des « Réfugiés de la Convention », tels qu’ils ont été définis par la Convention des Nations Unies.
Le nombre de demandeurs d’asile cherchant à être reconnus au Japon en tant que « Réfugiés de la Convention » a commencé à s’accroître rapidement dans la deuxième moitié des années 1990, après la fin de la guerre froide. En 2003, 426 personnes en provenance de 36 pays demandèrent à bénéficier de ce statut, mais seulement 15 furent acceptées (soit 3,5 %). En 2005, 384 personnes en firent la demande et 46 furent acceptées (12 %) et, en 2006, 34 personnes sur les 954 ayant postulé obtinrent le statut de réfugiés (soit 3,6 %). Le Japon est au 126ème rang mondial des pays ayant accepté des réfugiés, l’Allemagne à la 51ème place comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni se situe à la 74ème place et la Hollande à la 76ème. Pour le nombre de réfugiés au millier de km², le Japon se trouve à la 112ème place, la Hollande en 8ème position, l’Allemagne en 14ème, le Royaume-Uni à la 29ème et les Etats-Unis à la 68ème place. Pour le nombre de réfugiés sur mille habitants, le Japon est à la 139ème place, l’Allemagne à la 39ème, la Hollande à la 32ème, le Royaume-Uni à la 56ème et les Etats-Unis à la 67ème (2).
Il est clair qu’en ce qui concerne l’acceptation des réfugiés, la société japonaise est excessivement restrictive, en comparaison d’autres pays. Une telle froideur envers les problèmes des réfugiés est probablement la conséquence de la nature fermée de la société japonaise et de sa tendance à refuser d’accepter les immigrés et de les considérer comme membres à part entière de la société japonaise.
4.) Les efforts de l’Eglise catholique
Comment l’Eglise catholique s’est-elle efforcée de lutter contre les problèmes et les difficultés que les immigrés rencontrent ?
En 1983, les évêques japonais ont mis sur pied, à la demande des évêques philippins, et dans le cadre du Comité catholique de coopération internationale, une « Association d’aide aux femmes asiatiques au Japon », devenue à la fin des années 1980, l’Association de solidarité avec les femmes asiatiques au Japon. Mais, à cette même période, le nombre des travailleurs immigrés masculins a rapidement augmenté parallèlement à celui des femmes, et leur pays d’origine s’est étendu bien au-delà du continent asiatique, pour atteindre des pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale. On a donc de nouveau changé le nom de l’association qui est devenu l’Association de solidarité avec les travailleurs étrangers au Japon et, dans chaque diocèse, une personne responsable a été nommée.
En juin 1989, il a été proposé à la Conférence des évêques catholiques du Japon que les droits fondamentaux des travailleurs immigrés deviennent une des priorités de l’engagement de l’Eglise dans son œuvre d’évangélisation, et toutes les activités qui, dans chaque diocèse, avaient déjà été entreprises en ce domaine ont été guidées et encouragées.
Le 5 novembre 1992, la Commission épiscopale pour les Affaires sociales a publié un message : « Vers le royaume de Dieu au delà des nationalités », appelant à un effort accru en faveur des migrants du monde entier pour les accueillir comme des frères et des sœurs dans le Christ, et pour construire de nouvelles communautés où les personnes de cultures différentes pourraient être acceptées et intégrées dans un projet de société en commun. Ce message considérait également que les relations entretenues avec les immigrés faisaient partie d’un projet impliquant toute l’Eglise du Japon, en distinguant les activités qui devaient être traitées avec le concours des administrations d’Etat et des mouvements citoyens, de celles que l’Eglise convenait d’entreprendre spécifiquement en son nom.
A la réunion de la Conférence des évêques de février 2001, les domaines d’activités furent réorganisés pour s’adapter à la situation qui avait rapidement évolué. L’ancien Comité catholique japonais de coopération internationale fut rebaptisé Commission catholique du Japon pour les réfugiés, les migrants et les gens du voyage, et chargée de présenter les problèmes de ces personnes.
Sous la direction des évêques, des personnes responsables furent nommées dans chaque diocèse, des ateliers créés pour informer les gens des problèmes des migrants, des échanges d’expériences furent organisés et des séminaires tenus dans chaque province pour les responsables. Les problèmes de nationalité des deuxième et troisième générations de réfugiés vietnamiens furent également traités. Des conférences ont également été données au sujet des détenus dans trois centres de détention du Bureau de l’Immigration et une assistance a été fournie aux personnes demandant la reconnaissance de leur statut de réfugié. Dans les diocèses de Sapporo, Saitama, Tokyo, Yokohama, Nagoya, Osaka et Fukuoka, il existe des centres ou des organisations qui prennent en charge les problèmes des réfugiés et des migrants et chacun de ces diocèses mène en plus ses propres activités en ces domaines.
En 1990, à l’occasion du centenaire de sa création, l’archidiocèse de Tokyo a créé un centre d’assistance aux immigrés qui arrivaient en nombre toujours croissant. Ce centre a depuis continué ses activités à travers le Centre international catholique de Tokyo (CTIC). Depuis 2002, une des tâches prioritaires pour toute la communauté diocésaine de Tokyo a été de « soutenir les croyants catholiques étrangers et de les aider dans leurs difficultés ». Le CTIC possède trois centres dans le diocèse (Meguro, Kameido et Chiba), qui fonctionnent avec quatre prêtres à temps complet et dix-neuf membres qui suivent les besoins sociaux et pastoraux des immigrés. Beaucoup parmi ces immigrés ont dépassé leur temps de séjour autorisé et rencontrent les plus grandes difficultés dans leur vie quotidienne : problèmes de visa, difficultés de travail, ennuis familiaux, problèmes de divorce, de santé, d’éducation de leurs enfants et d’obtention du statut de réfugié ou de demandeur d’asile. En collaboration avec des ONG et des bureaux de l’administration, le CTIC et des bénévoles les aident à résoudre leurs difficultés et leurs problèmes. Il les encourage également à créer des communautés d’immigrés, leur donne des cours d’éducation à la foi lors de séminaires ou de retraites et publie des ouvrages éducatifs. Des centres et des organisations semblables existent dans d’autres diocèses. Grâce à cette assistance, et malgré des complications et des heurts, l’effort pour accueillir les immigrés comme des membres de notre propre famille est en train de gagner de l’ampleur.
5.) Les engagements prioritaires
Aujourd’hui, dans nombre de diocèses, dans un nombre croissant de paroisses, des messes sont célébrées en langues étrangères. Avec l’afflux de résidents à long terme ou de résidents permanents, les demandes de sacrements (baptême des enfants, première communion, confirmation, mariage) augmentent rapidement et rendent nécessaire et urgente la formation de personnes capables d’y répondre et d’élaborer des programmes d’éducation de la foi. Les enfants « bi-culturels » nés d’émigrés et d’épouses japonaises font certes face à des problèmes complexes de vie dans un nouveau milieu, ainsi qu’à des crises d’identité ; ils sont aussi de précieux atouts pour l’Eglise. Il est de son devoir de les accepter et de les aider à grandir. Les immigrés ont besoin de conseillers auxquels ils peuvent s’adresser dans leur langue d’origine, pas seulement sur les difficultés au sein de l’Eglise catholique, mais également sur les vicissitudes de leur vie quotidienne. La formation de ces conseillers est un devoir important.
En dehors de ces projets, la Commission catholique pour les réfugiés, les migrants et les gens du voyage a retenu comme tâches prioritaires les problèmes suivants :
Les centres de détention
Les étrangers soupçonnés de violer la Loi sur le contrôle de l’immigration sont envoyés dans des Centres de détention pour l’immigration, dont le Centre de contrôle de l’immigration pour le Japon de l’Est (préfecture d’Ibaragi / diocèse de Saitama), le Centre de contrôle de l’immigration pour le Japon de l’Ouest (Osaka / diocèse d’Osaka), le Centre de contrôle de l’immigration d’Omura (diocèse de Nagasaki). Les étrangers y sont détenus en tant qu’immigrants illégaux ou parce qu’ils ont dépassé leur temps de séjour autorisé. Des visites de membres de l’Eglise et d’ONG sont organisées auprès des détenus, afin de leur prodiguer une écoute et une aide spirituelle, leur apporter des effets. Le développement des relations entre associations progresse également. Néanmoins, de nombreux problèmes concernant le traitement inhumain des détenus, en particulier lorsqu’ils sont malades, restent des problèmes lancinants.
Vers la promulgation d’une loi fondamentale relative aux résidents étrangers
Le Conseil national chrétien pour l’inscription des étrangers a été mis en place en 1987 grâce au mouvement qui a démarré au Japon dans les années 1980 et, qui en rejetant le système des empreintes digitales, appelait à une révision de la loi d’Inscription des étrangers. La Conférence des évêques catholiques du Japon a rejoint ce mouvement. Comme nous l’avons déjà expliqué, les deux lois relatives aux immigrés réduisent les étrangers à des objets à contrôler sur un plan administratif, tout en ne leur assurant aucun droit particulier. La loi fondamentale traitant des résidents étrangers que nous voudrions voir promulguer devrait prévoir des droits pour les étrangers identiques à ceux accordés aux résidents qui vivent dans des communautés avec des Japonais.
Des enfants sans nationalité
Actuellement, près de 11 000 réfugiés indochinois vivent au Japon en tant que résidents longue durée. Ils ont automatiquement perdu leur nationalité lorsqu’ils ont quitté leur pays, mais leurs enfants qui sont nés au Japon n’ont pas davantage de nationalité. En conséquence, ils ne peuvent avoir de passeport et ont de grandes difficultés à trouver un emploi ou se marier. En dehors d’eux, il existe également de nombreux enfants sans nationalité. C’est un problème majeur en matière des droits de l’homme. En coopération avec des groupes chrétiens et des ONG, nous devrions travailler davantage afin de pouvoir leur obtenir un statut social sûr.
Toutes ces tâches demandent beaucoup de temps et d’énergie. Mais nous devons écouter la voix des immigrés et des réfugiés qui viennent dans les églises afin d’y trouver de l’aide et répondre positivement à leurs demandes. Grâce à la continuation de nos efforts assidus, chacun peut devenir un membre à part entière de nos communautés d’Eglise. Ainsi, une « communauté pluriculturelle intégrée » aura vu le jour.