Eglises d'Asie

Représentant plus d’un million de fidèles, les délégués du caodaïsme de Tây Ninh se sont réunis en congrès

Publié le 18/03/2010




Du 3 au 5 novembre 2007, quelque 4 300 délégués de la branche de l’Eglise caodaïste de Tây Ninh se sont réunis dans cette ville pour leur congrès quinquennal (2007-2012). Venant de nombreuses provinces du pays, ils représentaient environ un million de fidèles appartenant à l’une des branches du caodaïsme, reconnues par l’Etat. La presse gouvernementale a couvert ce congrès (1) et souligné que de nombreux représentants du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses, de la Commission d’action populaire (agitprop), du Front patriotique, de la police étaient venus participer à cet événement. Lors d’une importante fête célébrée le 25 septembre, avec la participation d’au moins 100 000 fidèles, dans les mêmes lieux, on avait également relevé la présence de nombreuses personnalités représentant les instances nationales et locales du Parti et de l’Etat.

Durant le congrès, le conseil administratif du caodaïsme a rendu compte des activités et des progrès de l’Eglise et notamment du retour, de Phnom Penh au Vietnam, des cendres de Pham Công Tac, un des fondateurs de la religion Cao Dai. Il a également été question de la collaboration avec les autorités gouvernementales, notamment dans le domaine de la formation des dignitaires.

Selon des rapports gouvernementaux (2), il existe aujourd’hui une vingtaine de branches du caodaïsme reconnues officiellement par l’Etat. La branche se réclamant des origines, le caodaïsme de Tây Ninh, a reçu l’approbation de l’Etat en avril 1997, lors d’un congrès tenu à Tay Ninh où s’étaient rassemblés 800 délégués représentant un million d’adeptes de cette branche dont le lieu de culte principal est le temple de Tây Ninh. Le congrès a voté la charte de la nouvelle association, ainsi qu’un directoire collectif composé de 72 membres, appelé Conseil Chuong Quang (‘administratif’). Un peu plus tard, la même année, la branche se faisant appeler le caodaïsme réformé, séparée du caodaïsme originel depuis 28 ans, avait été légitimée par les autorités vietnamiennes, à l’occasion de son congrès général, tenu à Bên Tre, à 80 km au sud de Hô Chi Minh-Ville, en présence de 229 délégués représentant quelque 250 temples et 26 provinces ou régions urbaines. Lors du congrès de Bên Tre, avait été élu un bureau permanent de neuf membres. Une nouvelle constitution avait été approuvée. Un document publié à cette occasion avait appelé tous les membres du caodaïsme réformé à se montrer solidaires de toute la nation et à se dévouer à la cause de la secte et du développement du pays.

La religion caodaïste revendique aujourd’hui plus de quatre millions d’adeptes, la plupart dans la moitié sud du pays. Elle a été fondée aux alentours de 1919. Ce fut d’abord une spiritualité, élaborée à Phu Quôc, des révélations reçues des esprits par Ngô Van Chiêu. C’est en 1926 qu’elle fut fondée officiellement à Saigon, lors de la rencontre de Ngô Van Chiêu avec des jeunes fonctionnaires adepte des pratiques du spiritisme. Le caodaïsme se présente comme un étonnant syncrétisme. Il emprunte beaucoup au bouddhisme, particulièrement à la doctrine de la réincarnation, mais aussi au taoïsme, au confucianisme, au christianisme, au spiritisme et à la théosophie (3). Il connut entre-deux-guerres un essor fulgurant. On comptait déjà quatre millions de fidèles en 1937. Son histoire après l’installation du communisme au Sud-Vietnam est mal connue.