Eglises d'Asie

Des islamistes contraignent une église catholique à fermer ses portes, faute d’un permis de construire en bonne et due forme

Publié le 18/03/2010




Le 23 novembre dernier, une paroisse catholique de Djakarta a été contrainte de fermer son église. Des islamistes, appuyés par les autorités du district où se trouve le lieu de culte, ont obtenu cette fermeture, arguant du fait que le permis de construire de l’église n’avait pas été délivré en bonne et due forme. Pour les responsables de l’Eglise locale, cet incident témoigne à nouveau de la difficulté pour les communautés chrétiennes, qu’elles soient catholiques ou protestantes, à vivre normalement leur foi dans les régions, qu’elles soient urbaines ou rurales, où elles s’implantent et se développent.

Selon le P. Matheus Widyolestari, curé de la paroisse de la Paix du Christ, sise dans le district de Tambora (Djakarta-Ouest), les difficultés ont commencé une semaine avant le 23 novembre lorsque des fonctionnaires municipaux ont demandé s’il prévoyait d’agrandir son église. La pression a augmenté jusqu’au vendredi 23 novembre, jour de la prière pour les musulmans, lorsque deux organisations affirmant réunir des musulmans locaux, le Forum de coopération des musholla (salle de prière) et le Groupe de récitation du Coran (Majlis Taklim) ont exigé que la paroisse cesse tout exercice du culte dans l’église.

La communauté catholique, dont le P. Widyolestari est le pasteur compte 3 500 fidèles, des catholiques qui viennent aussi bien de Djakarta-Ouest que de Djakarta-Centre. C’est en 1968 qu’ils ont commencé à se réunir, choisissant pour cela la salle polyvalente d’une école catholique tenue par les religieuses du Sacré-Cœur. A mesure que la communauté a grandi, les fidèles ont transformé en une petite chapelle la salle, classée par l’administration en zone résidentielle. La messe et d’autres activités religieuses y étaient conduites avec la permission tacite des responsables du voisinage, explique le prêtre. En 1998, poursuit-il, des démarches ont été entreprises, avec succès, pour changer l’usage du lieu de « résidentiel » à « social ». Une fois ce changement acquis, une demande en bonne et due forme de permis de construire pour une église a été déposée, mais « la municipalité l’a rejetée, sans jamais nous donner aucune explication », poursuit le P. Widyolestari.

Pourtant, toujours selon le P. Widyolestari, la demande se conformait point pour point aux exigences du décret de 1969 régissant la construction des lieux de culte – décret révisé en 2006 et qui fixe des seuils minimaux concernant le nombre des fidèles pour demander la construction d’un lieu de culte et le nombre des habitants alentour qui doivent approuver cette construction (1). Le prêtre souligne également que la communauté catholique était ouverte sur son environnement immédiat et bien intégrée ; lors des inondations de février dernier, la chapelle a ainsi accueilli nombre de résidents du quartier, affectés par la montée des eaux.

Pour le P. Widyolestari, la décision des autorités civiles, quelle qu’elle soit, sera « acceptée par les catholiques, même si notre église doit être fermée, mais nous voulons que le responsable du district mette à notre disposition un lieu pour prier ». Pour l’heure, les catholiques de Tambora se voient dans l’obligation de louer un lieu pour se réunir.