Eglises d'Asie

Des religieuses contemplatives sortent de leur couvent pour manifester et défendre le droit au logement de personnes défavorisées

Publié le 18/03/2010




Le 14 novembre dernier, des trappistines, habituellement cloîtrées, sont sorties de leur couvent de Sujong (Sujeong), à Masan, à 300 km au sud-est de Séoul, pour protester contre la décision de la ville d’allouer à un chantier naval une zone portuaire, située à proximité de leur couvent, initialement promise à la construction de logements pour des personnes à faibles revenus. Le couvent de Sujong, rattaché à l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance, compte 27 religieuses, dont deux Japonaises.

« Si la ville et la compagnie de construction navale persistent dans leurs projets, nous continuerons à nous battre », déclare la supérieure du couvent de Sujong, Sr Josepha Chang. « Notre charisme est la prière, c’est une évidence, mais vivre l’esprit de l’Evangile qui nous demande d’aimer notre prochain est notre priorité », ajoute-t-elle, pour expliquer le fait que les religieuses contemplatives, qui, habituellement, ne sortent pas des murs de leur couvent, ont fait une exception pour prendre la défense des habitants du district de Sujeong-ri.

A l’origine, la municipalité de Masan a reçu des autorités de la province de Gyeongsangnam l’autorisation de gagner sur la mer des terrains à proximité de Sujeong-ri afin d’y construire un millier de logements à loyer modéré. En mai 2006, toutefois, la mairie, faisant face à des difficultés financières, a décidé d’annuler ce projet immobilier et d’établir à la place, sur les terrains poldérisés, une zone industrielle. Un chantier naval, STX Heavy Industries, a reçu l’autorisation d’y démarrer là la fabrication de navires. La province n’a pas approuvé ce changement d’affectation des terrains et l’affaire a été portée jusqu’au niveau de l’administration centrale, à Séoul, qui, par une décision rendue le 19 novembre, a débouté la province tout en enjoignant la municipalité de Masan d’agir dans le respect des procédures d’urbanisme.

Sr Josepha Chang explique encore que la plupart des personnes qui habitent dans ou autour de cette région portuaire vivent de la pêche et que l’implantation d’une zone industrielle en lieu et place de logements va générer de nombreux problèmes de pollution de l’eau et de l’air. De plus, le bruit du chantier naval va déranger la bonne tenue des cours dans les écoles alentours et les activités de sa congrégation religieuse. C’est pourquoi au début du mois de novembre, les sœurs se sont jointes aux associations de protection de l’environnement et de défense des résidents pour porter plainte en justice. La plainte met en avant le fait la législation sur la protection de l’environnement a été ignorée. Le 14 novembre dernier, seize des trappistines de Sujong sont sorties de leur couvent et ont fait le voyage jusqu’à Séoul pour se mêler à un groupe de 200 défenseurs de l’environnement et résidents de Sujeong-ri qui manifestait devant des bureaux de l’administration centrale.