Eglises d'Asie – Vietnam
DOCUMENT ANNEXE – A PROPOS DE LA SITUATION DE L’EGLISE CATHOLIQUE AU VIETNAM
Publié le 18/03/2010
Permettez-moi de vous saluer et de vous remercier de m’avoir accordé cette occasion de m’entretenir avec vous. En premier lieu, pourriez-vous nous indiquer les résultats les plus importants obtenus par la Conférence épiscopale au cours des années récentes ?
Concernant la Conférence épiscopale, je voudrais surtout parler des commissions épiscopales. En résumant à grands traits, on pourrait dire ceci. Créée en 1980, conformément aux statuts adoptés à Hanoi le 1er mai 1980, la Conférence épiscopale du Vietnam a rassemblé l’ensemble des évêques des trois provinces ecclésiastiques du pays. Lors de la période initiale, de 1980 à 1998, en dehors du bureau permanent, composé du président, des vice-présidents, du secrétaire général et de ses trois adjoints, il n’existait que trois commissions épiscopales, celle de la liturgie, celle des prêtres, religieux et séminaristes et celle des laïcs. Lors du septième mandat, de 1998 à 2001, la commission de la musique sacrée est venue s’ajouter aux trois précédentes. En 2001, cinq nouvelles commissions firent leur apparition. A cette époque, les commissions étaient les suivantes. Il y avait bord la commission de la liturgie et la commission des laïcs, toutes les deux fondées en 1980. La commission des prêtres religieux et séminaristes était devenue en 2001 la commission du clergé et des séminaristes. Cette même année, une commission particulière fut créée pour s’occuper des religieux. En 2001, virent aussi le jour la commission de la musique et l’art sacrés, la commission de la doctrine de la foi, la commission de l’évangélisation, la commission de la culture, la commission des œuvres caritatives et sociales.
Lors de la 10ème réunion annuelle de la Conférence, qui s’est tenue à Hanoi du 8 au 12 octobre 2007, six autres commissions épiscopales ont été fondées. Ainsi, la Conférence épiscopale, en plus du président, du vice-président, du secrétaire général et de son adjoint, comprend désormais quinze commissions épiscopales. Voici aujourd’hui sa composition :
Président : Mgr Pierre Nguyên Van Nhon.
Vice-président : Mgr Joseph Nguyên Chi Linh.
Secrétaire général : Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt.
Secrétaire général adjoint : Mgr Joseph Vo Duc Minh.
La Commission pour la Doctrine de la foi, sous la présidence de Mgr Paul Bui Van Dôc.
La Commission pour l’Ecriture sainte, sous la présidence de Mgr Joseph Vo Duc Minh.
La Commission pour la Liturgie, sous la présidence de Mgr Pierre Trân Dinh Tu.
La Commission de l’Art sacré, sous la présidence de Mgr Pierre Trân Dinh Tu.
La Commission de la Musique sacrée, sous la présidence de Mgr Paul Nguyên Van Hoa.
La Commission pour l’Evangélisation, sous la présidence de Mgr Michel Hoang Duc Oanh.
La Commission pour le Clergé et pour les Séminaristes, sous la présidence de Mgr Antoine Vu Huy Chuong.
La Commission pour les Religieux, sous la présidence de Mgr Hoang Van Tiêm.
La Commission pour les Laïcs, sous la présidence de Mgr Joseph Trân Xuân Tiêu.
La Commission pour la Famille, sous la présidence de Mgr Joseph Châu Ngoc Tri.
La Commission pour la Pastorale des jeunes, sous la présidence de Mgr Joseph Vu Van Thiên.
La Commission pour les Migrants, sous la présidence du cardinal Jean-Baptiste Pham Minh Mân.
La Commission des Œuvres caritatives et sociales, sous la présidence de Mgr Dominique Nguyên Chu Trinh.
La Commission pour la Culture, sous la présidence de Mgr Joseph Vu Duy Thông.
La Commission pour les Communications sociales, sous la présidence de Mgr Pierre Nguyên Van Dê.
Lors de la création de la Conférence épiscopale en 1980, seules trois commissions existaient. Il y en avait neuf en 2001 et aujourd’hui, en 2007, elles ont dépassé la quinzaine. Si l’on mesure l’importance des tâches réalisées au jour le jour par ces commissions, on prendra conscience du travail accompli par la Conférence épiscopale dans les années écoulées. Celle-ci ne s’est pas simplement préoccupée de la liturgie, des prêtres, des religieux, des séminaristes et des laïcs, mais elle a élargi le domaine de ses activités, en y introduisant la musique et l’art sacrés, la doctrine de la foi, l’évangélisation, la culture, les œuvres caritatives et sociales. Aujourd’hui, la Conférence ouvre encore de nouveaux chantiers, ceux de l’Ecriture sainte, de la famille, de la jeunesse, des migrants et des communications sociales.
Une des tâches réalisées par la Conférence épiscopale est la rédaction d’une Lettre pastorale commune annuelle. Pourriez-vous nous parler de leur source d’inspiration et de l’influence que ces Lettres ont pu avoir sur le peuple de Dieu et d’une manière générale sur la société vietnamienne, dans les domaines abordés par elles ?
Comme tout le monde le sait, les lettres pastorales de la Conférence ont été rédigées au cours de ces dernières années sur des sujets précis :
– en 1999, « l’Année Sainte 2000 » (1) ;
– en 2000, « Témoigner de l’Evangile et l’annoncer dans sa vie de chrétien » (2) ;
– en 2001, « Pour qu’ils aient la vie en abondance » (3) ;
– en 2002, « Sanctifier la famille » (4) ;
– en 2003, « La mission évangélisatrice de l’Eglise du Vietnam aujourd’hui » (5) ;
– en 2004, « Vivre le mystère eucharistique » (6) ;- en 2005, « Vivre la parole de Dieu » (7).
– en 2006, « Vivre sa foi aujourd’hui » (8) ;
– en 2007, « L’éducation aujourd’hui, la société et l’Eglise de demain » (9).
Tous les thèmes traités ont été inspirés par l’exhortation apostolique Ecclesia in Asia, rendue publique à New Delhi le 6 novembre 1999 par le pape Jean-Paul II. Il s’agit là d’une exhortation au contenu concis, dont l’importance demeure et qui a rempli de fierté les catholiques en Asie. Son contenu pourra être évoqué et exploité de nombreuses années encore. Il y est dit que le Seigneur Jésus est un Asiatique. Il est né et a grandi en comme un pauvre. Il a été un réfugié. Il a obéi à ses parents. Il a prié sans cesse. Il a vécu auprès des pauvres, des abandonnés et des petits. Pourtant, Jésus a été accusé de blasphème, de violation de la loi ; il a été considéré comme un danger public qu’il fallait éliminer… Dieu l’a placé comme unique médiateur du salut…
Depuis trois ans, chacune des lettres communes est accompagnée d’un document d’études, préparé par la commission de la doctrine de la foi. Ainsi leur influence est relativement plus profonde. En outre, en fonction du contenu de chaque lettre, une phrase en forme de maxime est choisie pour orienter les activités pastorales, la prière et la vie des laïcs dans leur paroisse. Ainsi une la lettre commune de 2006 traite du thème : « Vivre sa foi aujourd’hui ». La maxime choisie est : « Aimer et servir », une phrase qui a été écrite au-dessus de l’image du Seigneur Jésus lavant les pieds de ses disciples. La maxime et l’image ont été exposées dans toutes les églises durant l’année liturgique, d’un Avent à l’autre. Beaucoup de non-chrétiens sont venus les voir. Beaucoup ont été émus. Il s’agit là d’un excellent moyen pédagogique pour diffuser le message de l’Eglise et contribuer à une action missionnaire efficace.
Ces dernières années, la Conférence épiscopale du Vietnam a multiplié les échanges avec les Eglises d’Asie et a participé davantage aux activités communes. Pourriez-vous nous faire connaître les résultats positifs de ces échanges pour la pastorale des diocèses du Vietnam ?
Avec un certain nombre d’autres évêques du Vietnam, j’ai cherché, avant les années 2000, à participer aux travaux de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC). Cette participation s’est améliorée d’année en année. Les échanges nous permettent d’apprendre énormément des autres Eglises d’Asie. Celles-ci nous surpassent par leur capacité de travail et les résultats qu’elles obtiennent grâce à leur enthousiasme et à leurs méthodes. Elles publient de nombreux documents. Notre travail sera de les traduire en vietnamien pour les diffuser. Cependant, ces Eglises sont également conscientes que, si elles-mêmes produisent beaucoup de déclarations théoriques, notre Eglise du Vietnam bénéficie d’abondantes forces vitales. L’enseignement de la doctrine chrétienne y est très satisfaisant, les fidèles y vivent leur foi avec beaucoup de ferveur et les vocations y sont encore nombreuses. Les autres Eglises d’Asie ont constaté que les fidèles vietnamiens aimaient l’Eglise universelle et étaient attachés à leur propre Eglise. Elles désirent que des réunions de la FABC soient organisées chez nous. Notre problème, c’est que nous ne possédons pas encore les infrastructures d’accueil nécessaires. Nous espérons que, dans quelques années, à partir de 2010, nous aurons des établissements capables d’accueillir les évêques d’Asie. Pour le moment, l’utilisation de la langue anglaise reste encore un obstacle. Mais il s’agit là d’un problème qui sera aisément réglé.
Pourriez-vous résumer pour nous l’orientation nouvelle des activités de la Conférence épiscopale, telle qu’elle a été décidée au mois d’octobre 2007 ? Selon cette décision, le nouvel objectif est la « construction d’une Eglise locale en communion, dans l’amour et le service de tous les hommes ».
L’une des tâches qui sera réalisée dans les prochaines années est l’organisation du synode de l’Eglise catholique du Vietnam en 2010, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’établissement de la hiérarchie au Vietnam. Cette tâche a été confiée par la Conférence épiscopale du Vietnam au cardinal Pham Minh Mân. Celui-ci a déjà réalisé un projet sur la signification, l’objectif et la préparation de ce synode, projet que de nombreux sites vietnamiens ont diffusé récemment, parmi lesquels Vietcatholic News. C’est un projet de grande ampleur car, dans ce synode, l’Eglise du Vietnam aura l’occasion de revenir sur tout ce qui a été fait jusque-là et planifier ce qui devra être fait dans le futur. Les diverses commissions épiscopales, des commissions de préparation et d’études auront beaucoup de travail pour revoir le passé, porter un jugement historique sur lui. Les études devront être réalisées en de nombreux domaines différents : prophétique, pastoral, évangélisation…
Pouvez-vous nous dire quelques mots concernant votre devise épiscopale et sur votre travail d’éducation et de formation dans le diocèse de Nha Trang ?
Ma devise épiscopale est tirée de l’Evangile de saint Jean : « En esprit et en vérité » (Jn 4,23). L’esprit et la vérité suggèrent également la vie et la force de l’Esprit Saint. C’est une force qui ne fléchit devant aucune difficulté. C’est une devise qui me permet d’avoir une très grande confiance dans l’action de l’Esprit Saint. Je crois qu’avec l’esprit et la vérité, on a aussi la force.
Les activités pastorales dans le diocèse de Nha Trang sont multiples. Mais le domaine auquel j’accorde le plus d’atten-tion est celui de l’éducation et de la formation. Aujourd’hui, grâce au grand séminaire Stella Maris dont la construction a commencé en 1993 et qui a été inauguré le 11 avril 1996, le diocèse de Nha Trang possède un établissement éducatif capable de former le clergé et le laïcat.
Pour ce qui concerne la formation des séminaristes et des prêtres, il existe aujourd’hui deux filières d’études, la filière régulière et la filière complémentaire.
Dans le cadre de la filière régulière, depuis l’ouverture officielle du grand séminaire jusqu’à aujourd’hui, celui-ci a accueilli huit cours, au total 247 étudiants appartenant à trois diocèses, Nha Trang, Quy Nhon, Ban Mê Thuôt.
La première classe (1991-1997) avec 30 séminaristes.
La seconde classe (1997-1999) avec 32 séminaristes.
La troisième (1995 de 2001) avec 31 séminaristes.
La quatrième (1997-2003) avec 31 séminaristes.
La cinquième (1999-2005) avec 27 séminaristes.
La sixième (2001-2007) avec 31 séminaristes.
La septième (2003-2009) avec 33 séminaristes.
La huitième (2006-2011) avec 32 séminaristes.
Sur ces 247 étudiants, 150 d’entre eux ont achevé leurs études. Cent dix-neuf sont prêtres, curés ou vicaires, 25 dont 16 diacres sont en stage paroissial. Quatre-vingt-treize sont encore en formation au séminaire même.
En dehors de cette filière régulière, le grand séminaire a aussi organisé deux classes d’études spéciales pour les grands séminaristes plus âgés, n’ayant pas achevé leur formation et appartenant à divers diocèses du Vietnam. Une première session d’études complémentaires de deux ans a été ouverte en 1993 pour des séminaristes appartenant au diocèse de Nha Trang et de Ban Mê Thuôt, au total 37 étudiants. Une seconde session de deux ans s’est ouverte en 2004 pour « régulariser » la situation d’un certain nombre de prêtres et de grands séminaristes plus âgés venant de dix diocèses du Vietnam : Lang Son, Hung Hoa, Ha Nôi, Thai Binh, Bui Chu, Phat Diêm, Kontum, Da Lat, Phan Thiêt et Phu Cuong. La classe était composée de 75 étudiants.
A l’heure actuelle, le grand séminaire vient d’entamer une nouvelle session de recyclage théologique réservé aux séminaristes âgés non encore ordonnés dans différents diocèses. Cette session s’est ouverte au début de l’année scolaire de 2007-2008 et est composée de 80 étudiants.
A l’intérieur de l’évêché de Nha Trang est également organisé un programme de formation théologique à l’intention des religieux. La formation est dispensée un mois par an pendant cinq ans. Pour ce qui concerne la formation apostolique du laïcat, il existe cinq types de formation destinée aux membres des conseils paroissiaux, aux catéchistes, aux chorales, à la jeunesse et enfin à ceux qui sont concernés par l’art sacré. Pour les trois premiers types de formation, dix sessions d’une semaine ont déjà été organisées au mois de septembre.
D’autres organismes propres au diocèse doivent être aussi signalés :
Le bureau catéchétique : il a préparé et diffusé 15 livres de catéchisme pour des élèves de 4 à 18 ans, plus de 20 ouvrages destinés à venir en aide aux enseignants et aux étudiants, huit livres de spiritualité et de prière, 100 000 exemplaires d’extraits de l’Ancien Testament. Pour l’année scolaire 2005-2006, il y avait dans le diocèse 1 929 catéchistes ayant en charge 37 066 élèves.
Le congrès de la jeunesse du diocèse de Nha Trang : entre 2000 et 2006, le congrès de la jeunesse a été organisé à quatre reprises. Le premier congrès s’est déroulé du 31 décembre 2000 au 1er janvier 2001 sur le thème : « Le verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1,14). Le second a eu lieu du 31 décembre 2002 au 1er janvier 2003 sur le thème : « Nous sommes le sel de la terre… Nous sommes la lumière du monde » (Mt 5,13-14). Le troisième qui a débuté le 31 décembre 2004 avait pris pour sujet : « Nous avons rencontré le Sauveur » (Jn 1,41). Enfin, le plus récent avait pris pour thème les paroles du psaume : « Le Seigneur est la lampe qui éclaire ma marche, la lumière qui indique ma route ».
Le bureau de la musique sacrée : de 1978 à aujourd’hui, à travers quatre périodes différentes, il a procédé à l’impression et la diffusion d’un très grand nombre de recueils de cantiques (…).
En 2007, la paroisse vietnamienne de Paris célèbre le 60ème anniversaire de sa création officielle. Pourriez-vous nous donner votre impression sur les activités pastorales de la paroisse ainsi que quelques recommandations concernant l’attitude et les orientations à suivre dans l’avenir, particulièrement dans le domaine des relations entre une communauté catholique vietnamienne à l’étranger et l’Eglise-mère du Vietnam ?
En ce qui concerne la paroisse vietnamienne de Paris, je sais que, sous la direction de Mgr Joseph Mai Duc Vinh, de nombreuses et excellentes activités pastorales s’y déroulent. Au sujet des laïcs catholiques vietnamiens à l’étranger, je voudrais vous faire part de deux opinions très simples. D’abord, j’estime qu’un Vietnamien à l’étranger doit étudier ce qu’il y a de bien dans le milieu étranger où il se trouve. C’est en particulier l’esprit de travail. Les personnes côtoyées s’efforcent de travailler avec méthode, organisation et principes. Mais les Vietnamiens doivent apporter aux étrangers qu’ils côtoient ce qu’il y a de bien chez eux, à savoir leur esprit de famille, leur solidarité paroissiale, leur amour de la patrie et de leur Eglise. Je souhaite que les Vietnamiens à l’étranger s’efforcent toujours de progresser dans la réalisation de ces deux exigences et que, où ils se trouvent, où ils aillent, ils aient le souci d’y être utiles.