Eglises d'Asie

Jharkhand : des catholiques de l’Etat soutiennent les aborigènes contre une directive du gouvernement visant à leur refuser des prêts bancaires

Publié le 18/03/2010




Au Jharkhand, une directive, émise le 30 juillet dernier par le gouvernement de l’Etat et retirant aux aborigènes la possibilité d’obtenir un prêt bancaire contre une hypothèque sur leurs biens fonciers, soulève les protestations des catholiques. Pour le P. Sabri Muthu, jésuite et avocat auprès de la Haute Cour de l’Etat, « cette directive est un complot contre les aborigènes ». Elle a été prise par « certains groupes » qui ne souhaitent pas voir les aborigènes s’élever dans l’échelle sociale et cible particulièrement les jeunes aborigènes dont les parents s’endettent pour financer leurs études.

Les problèmes sont apparus le 11 août dernier lorsque des banques ont refusé des prêts à des aborigènes qui souhaitaient hypothéquer leurs terres en contrepartie. Les communautés aborigènes ont commencé alors à se mobiliser et, le 25 octobre, plusieurs milliers, des jeunes principalement, sont descendus dans les rues et une grève générale a été organisée. Le ministre pour la Réforme rurale et des Impôts, mis en cause par les manifestants, s’est défendu de vouloir viser les aborigènes, mettant au contraire en avant le fait que la directive ne faisait qu’appliquer des lois antérieures interdisant aux non-aborigènes d’acquérir des terres appartenant aux aborigènes. Le ministre-président de l’Etat, Madhu Koda, a promis que son gouvernement aller résoudre « le problème au plus vite ».

Pour la jeunesse aborigène, les assurances du ministre-président ne suffisent pas. Chamra Linda, président du Syndicat des étudiants aborigènes (Tribal Student Union), la directive doit être annulée et les aborigènes resteront mobilisés tant que cela ne sera pas fait. Sans emprunts bancaires, les enfants des aborigènes ne peuvent accéder aux études supérieures, fait-il valoir, et devenir médecins ou ingénieurs. « Comment pouvons-nous nous élever dans l’échelle sociale si on nous interdit d’hypo-théquer nos biens ? », interroge-t-il, mettant en avant le fait que la terre est le seul bien que possèdent les aborigènes.

Du côté des responsables de l’Eglise catholique, on se dit « inquiet ». Il serait souhaitable que le gouvernement règle ce problème au plus vite, indique le P. Augustine Kerketta, de l’archidiocèse de Ranchi. L’attitude est la même au sein de l’Eglise (anglicane) du Nord de l’Inde. Pour Mgr Z.J. Terom, évêque émérite, le gouvernement agit « contre les aborigènes » et, si Madhu Koda se sentait réellement concerné par le problème, son gouvernement devrait commencer par récupérer les territoires aborigènes passés aux mains de non-aborigènes. Dans le passé, un grand nombre d’aborigènes ont perdu leurs terres hypothéquées au profit de créanciers, pour la plupart des non-aborigènes.