Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : plusieurs centaines de chrétiens et musulmans ont manifesté pour protester contre la condamnation à mort d’une Philippine immigrée au Koweït
Publié le 18/03/2010
En décembre 2003, Marilou Ranario, une enseignante de 35 ans originaire de la ville de Tubod, quittait ses deux jeunes enfants et son mari, chauffeur, pour aller travailler au Koweït comme employée de maison, et ainsi permettre à sa famille de vivre plus dignement, comme le font des millions de Philippins (1). Selon les confidences écrites par Marilou Ranario à des proches, son employeuse la battait, ne la nourrissait pas assez et l’empêchait de dormir plusieurs heures d’affilée.
D’après un rapport du ministère philippin des Affaires étrangères du 15 novembre dernier, elle a été accusée, en 2004, du meurtre de sa patronne, et, en janvier 2005, un tribunal koweitien l’a condamnée à mort par pendaison pour ce crime. Selon ce même rapport, les auditions finales ont été réalisées par la Cour de cassation le 15 novembre dernier, et cette dernière rendra son verdict le 27 décembre prochain. Selon des sources locales ecclésiales, le gouvernement philippin aurait appelé le gouvernement koweïtien à faire preuve de clémence et des indemnités auraient été versées en « réparation ». « C’est très dur de savoir que, bien que la famille de la victime ait pardonné à ma fille, la décision de son exécution perdure », a déclaré le père de Marilou Ranario, durant la veillée de prière. En effet, le rapport du ministère philippin des Affaires étrangères a confirmé que des « tanazuls » (‘affidavits de pardon’) avaient été acceptés par la famille de la victime.
Mgr Antonieto Cabajog, évêque catholique de Surigao, Mgr Rhee Timbang, évêque de l’Eglise indépendante des Philippines, ainsi qu’Abdulmalik Sultan, de l’Association des musulmans de Surigao, ont signé une pétition commune demandant au gouvernement philippin de sauver des couloirs de la mort Marilou Ranario et tous les autres travailleurs migrants philippins (Overseas Filipino workers, OFW) qui s’y trouvent. Selon les dernières statistiques publiées par le ministère philippin des Affaires étrangères, 35 travailleurs migrants philippins, dont quatre femmes, sont actuellement détenus à l’étranger et condamnés à mort, pour la plupart dans des pays du Proche-Orient.