Eglises d'Asie

Sapa : la laborieuse restauration d’une ancienne église remplit de joie la communauté des catho-liques h’mongs de la région

Publié le 18/03/2010




Sapa est une station climatique de la province de Lao Cai, à quelque 400 km de Hanoi, bien connue des touristes qui viennent y chercher la fraîcheur et y contempler la chaîne montagneuse de Hoang Liên, où culmine le mont Fansipan, le plus haut sommet du Vietnam avec ses 3 143 m d’altitude. Mais c’est aussi un centre missionnaire fondé au début du XXème siècle (1902) par des missionnaires français et destiné à l’évangélisation de la minorité h’mong qui réside en ces lieux. Dans les années 1920, fut construite une église, qui, à cause des circonstances historiques, a longtemps été laissée à l’abandon et s’était ainsi grandement dégradée. Sous l’impulsion du curé nouvellement nommé, avec la collaboration active de la communauté catholique h’mong, malgré des difficultés de toutes sortes, le vieux bâtiment vient d’être relevé de ses ruines et se dresse maintenant, flambant neuf. Le 24 octobre dernier, malgré l’interdiction du gouvernement d’inaugurer cette église, une messe d’action de grâces réunissait dans sa nef quelque 2 000 de ces Montagnards h’mongs, vêtus de leur costume traditionnel.

Le P. Pham Thanh Binh, nommé curé de la paroisse en avril 2006, le premier curé depuis l’expulsion des missionnaires dans les années 1950, a confié à l’agence Ucanews (1), que la joie de la communauté catholique n’a pas été ternie par la décision des autorités locales interdisant, au dernier moment, la célébration d’une messe d’inauguration de l’église. Celle-ci s’est alors transformée en messe d’action de grâces, avec des danses et des chants traditionnels, exécutés pour célébrer la résurrection de la vieille église bâtie il y a 80 ans.

Le délabrement de l’église était tel qu’il était nécessaire de la démolir entièrement, à l’exception du clocher encore solide. Il a fallu six mois de travaux considérables à la communauté des catholiques h’mongs pour la reconstruire (« restaurer », selon les autorités). Les travaux étaient entrecoupés de prières demandant une météo favorable et la bienveillance des autorités locales.

Celles-ci, lors des premières demandes, n’avaient pas permis la restauration complète du bâtiment, autorisant seulement de combler les fissures des murs. Après de nombreuses autres requêtes, les fonctionnaires locaux donnaient leur accord pour une restauration, mais, peu de temps après, exigeaient que les dépenses soient plafonnées à 500 millions de dôngs (2). En réalité, les sommes engagées pour la restauration complète du bâtiment, qui s’étend sur une superficie de 340 m², et de ses 32 vitraux, ont dépassé de beaucoup le montant prescrit pour atteindre le milliard de dôngs.

Les difficultés ont continué jusqu’au 24 octobre dernier, date qui avait été fixée pour une cérémonie de consécration de la nouvelle église par l’évêque du diocèse de Hung Hoa, auquel appartient la paroisse. Le gouvernement refusa une fois de plus, au motif qu’il s’agissait non d’une nouvelle église mais d’une église restaurée. Cela n’a pas empêché toute la communauté catholique de célébrer ce jour-là une messe d’action de grâces.

L’évangélisation de la région avait commencé en 1850. En 1902, le premier évêque du diocèse de Hung Hoa, Mgr Paul-Marie Ramond, fonda lui-même cette paroisse. Il s’y retira en 1938 et y mourut en 1944. L’un des derniers curés de Sapa (1937-1948) fut le P. Jean-Pierre Idiart-Alhor. C’est lui qui fit construire le clocher, toujours debout aujourd’hui. Il mourut le 18 mai 1948, assassiné sur son prie-Dieu dans l’église, alors qu’il se préparait à célébrer la messe. Sa tombe se trouve entre l’église et celle de Mgr Ramond, fondateur du diocèse (3).

La communauté catholique, composée de 40 catholiques lors de la fondation de la chrétienté, compte aujourd’hui 1 850 fidèles h’mongs et quelque 150 fidèles vietnamiens de la région de Sapa.