Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : des membres de l’Eglise catholique ont souligné les bienfaits d’une vie en ashram, notamment en matière d’inculturation et de dialogue interreligieux

Publié le 18/03/2010




En Uttar Pradesh, du 1er au 4 novembre dernier, des membres de l’Eglise catholique qui vivent en ashram se sont réunis à Varanasi (Bénarès), haut lieu de pèlerinage hindou, à l’occasion du 15e rassemblement du All India Ashram Aikya Satsang. Selon eux, leur mode de vie communautaire et ascétique a des effets bénéfiques et notoires en matière de dialogue interreligieux et d’inculturation de la foi catholique.

Le All India Ashram Aikya Satsang, une fédération rassemblant différents centres spirituels catholiques qui intègrent l’approche spirituelle traditionnelle hindoue, a été créé il y a près de trente ans. « Un ashram est un lieu privilégié pour dialoguer sur les pensées hindoues et chrétiennes, ce qui favorise le dialogue interreligieux », a déclaré le P. Anildev, à la tête de l’ashram Matridham (‘Demeure de la Mère’) (1), qui accueillait le dernier rassemblement. « Lorsqu’on s’imprègne des valeurs spirituelles indiennes, telles ahimsa (‘non-violence’), satya (‘vérité’), la simplicité ou bien encore la centralité de Dieu, notre propre vie chrétienne gagne en profondeur et porte davantage de fruits. » Dans ce contexte indien, la Bible est mieux comprise et la spiritualité chrétienne mieux vécue, a-t-il ajouté.

Pour le P. Sebastian Painadath, jésuite et responsable de l’ashram Sameeksha (‘discernement’), au Kerala, ces centres se caractérisent par « un esprit et une manière radicale de vivre l’Evangile à l’intérieur de l’Eglise ». Chacun de ces centres spirituels a sa mission et sa vie propres, tout en partageant des valeurs communes, comme la proximité avec les populations locales, l’hospitalité, l’ouverture aux autres religions. Leur vie quotidienne se déroule dans une atmosphère studieuse et contemplative, qui prend également en compte la « corporalité » de la personne humaine. D’ailleurs, précise-t-il, beaucoup de ces ashrams permettent à des théologiens comme à des prêtres diocésains ou engagés socialement de se ressourcer spirituellement.

Aujourd’hui, il existe en Inde quelque 80 ashrams catholiques et une vingtaine d’ashrams protestants, le plus souvent installés dans des régions isolées. La vie ascétique des membres de ces communautés – ils sont végétariens et revêtus d’un dhothi (genre de sarang), d’un shawl (châle) et parfois d’une khurta (chemise longue) – est rythmée par des temps de prières, de méditation et d’études, ainsi que des exercices de yoga. Pour Sr Jaya J. Victor, religieuse de la Congrégation Sainte Anne, qui vit depuis treize ans dans un ashram du Nord-Est de l’Inde, cette vie ascétique lui a permis de « devenir plus simple » et « plus compatissante envers les déshérités » et les personnes de religions différentes.

Chez les chrétiens, ce mode de vie communautaire s’est principalement développé au début des années 1970, dans la mouvance du renouveau inspiré par le concile Vatican II. Les ashrams chrétiens trouvent pourtant leur origine au XIXème siècle avec Brahmobandhav Upadhyaya (1861-1907), considéré comme un des initiateurs de la théologie chrétienne indienne. Brahmane converti au christianisme, il avait, à l’époque, fondé un monastère où la foi catholique intégrait un dialogue avec la tradition hindoue classique, celle de l’Inde sanscrite, des Vedas et des Upanishads. Par la suite, ces idées ont été reprises, au début du XXème siècle, par des jésuites de Calcutta et les « ermites du Saccinanda » : les PP. Monchanin et Le Saux (Parama Arubi Ananda et Abhishiktanda), mais elles n’ont été reconnues par l’Eglise catholique qu’après le concile Vatican II (2).