Eglises d'Asie – Philippines
L’Eglise catholique s’inquiète de la multiplication des trafics d’organes dont sont victimes les plus pauvres
Publié le 18/03/2010
Ainsi, de plus en plus de patients européens, américains ou asiatiques, en phase terminale de maladies rénales, affluent vers les Philippines pour tenter de profiter d’une transplantation meilleur marché, réalisée par des chirurgiens locaux de Manille, contre une somme moyenne de 50 000 dollars. Il y a quelques années, les chirurgiens philippins réalisaient près de 200 transplantations de reins, mais, selon les dernières statistiques rassemblées par l’Eglise catholique, ce sont à présent 400 transplantations qui sont réalisées chaque année dans l’archipel.
« Pour répondre à cette forte demande, les trafiquants ont fait des plus pauvres leur proie, ces derniers ignorant tant les risques encourus par de telles pratiques que les prix du marché. » Différents rapports et commissions d’enquêtes ont prouvé que de nombreux donneurs pauvres « avaient été trompés, pensant qu’ils obtiendraient la somme totale promise après l’opération ». Ces déceptions sont d’autant plus dramatiques que, bien souvent, les victimes de ces trafics se retrouvent avec de larges entailles, sans aucune assistance médicale, les complications leur étant parfois fatales, faute de moyens financiers pour se soigner. Le rapport de la Commission épiscopale souligne qu’« après avoir vendu leur rein, la plupart des donneurs restent désespérément pauvres ». Le plus souvent, l’argent touché sert à rembourser des dettes.
Citant le pape Jean-Paul II, qui, en 2000, s’adressait à la Société de transplantation, à Rome, les évêques catholiques ont rappelé le besoin urgent « de bonté et de charité envers le prochain ». « Toute initiative qui vise à commercialiser les organes humains et à les considérer comme des objets d’échanges est moralement inacceptable, car la réduction du corps à un simple « objet » viole la dignité de la personne humaine », ont-ils mis en garde.
A ce jour, le gouvernement philippin n’a toujours pas déposé de projet de loi visant à combattre plus sévèrement et rigoureusement le commerce illégal d’organes. La loi aujourd’hui en vigueur prévoit vingt ans d’emprisonnement pour toute personne qui recruterait, organiserait ou kidnapperait des personnes dans le but de prélever des organes ou de les vendre, mais, dans la pratique, les nombreux trafiquants qui sévissent dans les bidonvilles continuent leur commerce en toute impunité.