Eglises d'Asie

La pandémie de sida progresse à une vitesse alarmante

Publié le 18/03/2010




En janvier 1991, on découvrait à Hô Chi Minh-Ville le premier cas de séropositivité (1). Près de dix-sept ans plus tard, on constate que le fléau s’est considérablement développé. Le 1er décembre dernier, l’organisme national de prévention du sida a publié un communiqué selon lequel 130 000 personnes ont été contaminées. Parmi elles, 25 000 ont contracté la maladie et 14 000 y ont succombé (2).

Les comparaisons avec les statistiques des époques précédentes montrent la rapidité de la propagation de la pandémie. Ainsi, au cours des six premiers mois de l’année, le nombre des séropositifs a doublé, le nombre de ceux qui ont contracté la maladie du sida a triplé, alors que le nombre de décès dû à cette affection a plus que doublé.

Aujourd’hui, la pandémie s’est répandue sur tout le territoire du Vietnam. Le nombre le plus élevé de personnes contaminées se trouve dans les villes. C’est à Saigon que l’on relève le plus grand nombre de cas, avec 17 000 séropositifs. Viennent ensuite Hanoi, avec 10 000 séropositifs, Haiphong et Quang Ninh, avec 7 000 séropositifs pour chacune de ces deux villes. Selon les informations données par un médecin appartenant au Bureau national de prévention du sida, la pandémie aurait actuellement tendance à se propager bien au-delà du cercle des groupes à risques, à savoir les drogués et les prostituées, pour toucher le restant de la société. Ce passage s’est réalisé par l’intermédiaire des parents, amis et familiers des membres des « groupes à risques ».

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, les autorités vietnamiennes ont fait savoir que, ces temps derniers, les services responsables avaient redoublé d’efforts dans leur lutte contre la pandémie. Des mesures très sévères ont été prises en matière de transfusion sanguine. Un réseau serré de centre de prévention et de détection de la maladie couvre aujourd’hui l’ensemble du territoire. Depuis l’année dernière, un programme éducatif à destination des jeunes détaillant les précautions élémentaires à prendre en divers domaines, notamment dans le domaine des comportements sexuels, est diffusé sur différents supports, notamment Internet.

Car c’est surtout auprès de la jeunesse que se répand la maladie. La moitié des séropositifs est âgée de 20 à 29 ans et 85 % sont de sexe masculin. Les mêmes statistiques rapportent qu’à l’heure actuelle, 1 800 enfants sont contaminés par le virus du sida. Il existe aujourd’hui, au Vietnam, des mesures médicales pour empêcher que les mères transmettent le virus à leurs enfants, mais beaucoup de femmes enfantent sans savoir qu’elles sont porteuses du virus.

Parmi les efforts accomplis au plus haut niveau, il faut signaler la réunion à Phnom Penh, au mois d’octobre dernier, de représentants des trois pays, Vietnam, Cambodge et Laos, qui se sont engagés à mettre en œuvre un programme destiné à enrayer la contamination et à prendre en charge les malades du sida.

La lutte pour la prévention du sida au Vietnam a commencé depuis longtemps. Bien avant la découverte du premier cas de séropositivité au mois de janvier 1991 à Hô Chi Minh-Ville, dès 1989, un Comité national contre le sida avait été créé et les dépistages avaient commencé. Les premiers résultats furent négatifs et, pendant longtemps, la pandémie de sida a été considérée comme un phénomène spécifiquement étranger au Vietnam. Peu après l’établissement, au mois de septembre 1991, de dix-huit centres de consultation et d’information sur la pandémie dans tout le pays (3), 31 porteurs du virus étaient dépistés, parmi lesquels 30 étrangers (une majorité de pécheurs thaïlandais). Un an plus tard, au mois d’octobre, le nombre des personnes testées séropositives avait plus que doublé, avec 76 séropositifs, mais le taux d’étrangers était toujours aussi fort parmi les personnes contaminées (71 personnes). De très sévères mesures de dépistage du sida chez les touristes et les étrangers résidant au Vietnam furent prises. Ce n’est que vers le mois de février 1993 que la pandémie commença à apparaître non plus seulement comme une intrusion étrangère, mais comme « le risque le plus grand menaçant le destin national », selon l’expression du vice-président du comité vietnamien contre le sida. Ce mois-là, la presse saigonaise signalait 17 cas supplémentaires de personnes contaminées, détectés à Hô Chi Minh-Ville, portant le nombre de citoyens vietnamiens séropositifs à 29. Quatorze d’entre eux étaient des drogués, deux des prostituées. Depuis cette époque, le fléau n’a cessé de s’amplifier pour rendre les dimensions alarmantes signalées ci-dessus.