Eglises d'Asie

Le cardinal archevêque de Saigon proteste officiellement contre le projet de l’Etat de mettre en vente une propriété appartenant à l’archidiocèse

Publié le 18/03/2010




Le 3 décembre dernier, le cardinal archevêque de Saigon, Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Mân, a en-voyé une lettre à l’ensemble du clergé et des laïcs de l’archidiocèse. Il leur fait part de son inquiétude devant la décision du gouvernement de vendre par appartements une propriété de l’archidiocèse. Celle-ci, située dans le 1er arrondissement de la ville, avait été accaparée par les autorités gouvernementales après le départ, en mai 1976, de ses derniers occupants, les prêtres de la Société des Missions Etrangères de Paris. Le cardinal annonce également à son diocèse qu’il a envoyé une plainte officielle aux responsables régionaux et nationaux (1).

Pendant longtemps, le siège régional de la Société des Missions étrangères de Paris, au Vietnam, se trouvait dans des locaux et sur un terrain mis à sa disposition par l’archidiocèse de Saigon au 11 de la rue Nguyen Du, à l’angle de l’actuelle rue Tôn Duc Thang et de la rue Nguyên Du. Cette propriété de 4 000 m² était attenante à un terrain beaucoup plus vaste (40 000 m²), sur lequel s’élevait le petit séminaire du diocèse. Au changement de régime, en 1975, les autorités « empruntèrent » terrains et locaux du petit séminaire, qui furent mis à la disposition du ministère des Finances pour la formation d’étudiants en comptabilité. Les prêtres des Missions Etrangères résidèrent encore un temps dans leur maison de la rue Nguyen Du, jusqu’au mois de mai 1976, date à laquelle, comme tous les autres prêtres et religieux étrangers, par décision gouvernementale, ils ne furent plus autorisés à demeurer au Vietnam. A leur départ, ils remirent la maison à la disposition de Mgr Paul Nguyên Van Binh, qui était venu leur rendre visite à cette occasion. Cependant, après le départ des missionnaires, les autorités gouvernementales, sans consulter les responsables diocésains et croyant peut-être qu’il s’agissait là d’une propriété de prêtres étrangers, transmirent propriétés et locaux à un service ministériel qui y installa d’abord ses bureaux, puis une scierie et finalement des appartements pour cadres et employés. Les protestations et les requêtes de l’ancien et de l’actuel archevêque du diocèse n’ont jamais été prises en considération.

Grâce à l’insistance des responsables de l’archidiocèse et en particulier de son archevêque,         Mgr J.-B. Pham Minh Mân, le 20 septembre 2004 (2), le ministère des Finances restitua officiellement aux autorités religieuses les terrains et les locaux de l’ancien petit séminaire. A l’initiative de l’archevêque, une « maison de la tradition » et un centre pastoral y furent aménagés, qui sont aujourd’hui d’une très grande utilité pour l’archidiocèse, qui peut y organiser de grands rassemblements, comme le souligne le cardinal au début de sa lettre.

Cependant, l’ancien siège des Missions Etrangères n’était pas compris dans les terrains et locaux restitués. En 2004, une première proposition de restitution émanant de l’archidiocèse resta sans réponse jusqu’à la mi-novembre 2007, date à laquelle le Comité populaire de la ville faisait savoir à l’archidiocèse que sa demande de restitution était sans fondement. Peu après, le cardinal apprenait que les appartements situés sur la propriété allaient être vendus à leurs résidents. C’est contre cette initiative que proteste le cardinal, qui se dit prêt à aller dialoguer avec les actuels locataires et futurs bénéficiaires de cette vente.