Eglises d'Asie

Le sida fait des ravages jusque dans des régions reculées, à la frontière de la Chine

Publié le 18/03/2010




Au Vietnam, la pandémie de sida a surtout fait des ravages dans les villes, en particulier dans certains milieux. On ne s’attendait pas à rencontrer ses victimes en certaines régions isolées de la frontière de Chine comme c’est le cas dans ces villages du district de Van Chan, dans la province de Yên Bai, les villages de Vuc Tuân 1, 2 et 3. La population, d’environ 1 000 personnes, appartenant à diverses ethnies minoritaires, a été littéralement décimée par le fléau.

Le plus âgé des habitants de Vuc Tuân 2, Nguyên Van So, 80 ans, s’est confié à un reporter de l’agence Ucanews (1). Depuis 2006, 40 hommes de ces trois villages sont morts de cette maladie. Lui-même a perdu quatre de ses fils, le plus jeune de 40 ans et le plus âgé de 51 ans, qui avaient sans doute contracté la maladie en consommant de la drogue. Trois d’entre eux ont laissé des épouses et des enfants, qui, aujourd’hui, vivent dans la plus grande pauvreté, ignorant s’ils ne sont pas eux-mêmes contaminés.

De mémoire d’homme, c’est le plus grand fléau qu’ait jamais connu la population Muong de cette région. Chaque mois, cette maladie entraîne la mort de trois ou quatre des hommes des villages, ce qui trouble profondément les habitants qui voient s’obscurcir leur avenir et se demandent comment va se perpétuer le culte des ancêtres. Comme chez les Vietnamiens, ce sont les hommes qui sont traditionnellement chargés de ce culte, tout comme ils sont responsables de la transmission des traditions familiales.

Selon des récits recueillis auprès des femmes du village, ces dernières années, une partie de la population est restée sans emploi et l’agriculture traditionnelle, à cause des dommages causés aux récoltes par les typhons et les inondations, ne procurait que peu de ressources. Aussi bien, les hommes du village s’organisèrent pour abattre, illégalement, des arbres de la forêt, qui, à la vente, leur apportèrent des liquidités. Ils se procurèrent alors de la drogue bon marché venant de Chine et fréquentèrent les prostituées exerçant leurs activités dans la forêt. C’est ainsi qu’en l’absence de toute précaution, une partie importante de la population masculine du village devint séropositive et contracta la maladie. Beaucoup de femmes du village vivent sans savoir si elles ont été ou non contaminées, n’ayant pas les moyens d’assumer les frais d’une consultation.

Cependant, le responsable local de l’association des paysans a demandé aux autorités gouvernementa-les de faire passer des tests médicaux aux épouses des hommes malades ou morts du sida, ainsi qu’à leurs enfants. Au mois de janvier dernier, une maison pour le traitement des personnes atteintes de cette maladie a déjà été édifiée dans un des villages.

Selon des chiffres fournis par les autorités, les personnes séropositives et malades du sida pour toute la province de Yên Bai serait aujourd’hui au nombre de 2 100.