Eglises d'Asie

Pour leur rencontre annuelle, les évêques catholiques du Japon et de Corée ont choisi d’échanger sur la signification et la portée du martyre dans les sociétés contemporaines

Publié le 18/03/2010




Du 13 au 15 novembre dernier, les épiscopats catholiques sud-coréens et japonais se sont rencontrés dans le cadre des échanges institués entre les deux Eglises en 1996 (1). Il s’agissait là de leur treizième rencontre et, pour ces trois jours d’échanges, treize évêques japonais et treize évêques sud-coréens avaient fait le déplacement, à Sapporo, sur l’île japonaise de Hokkaido. Le thème de la rencontre était la signification du martyre et sa portée dans les sociétés contemporaines.

Pour la partie coréenne, c’est un professeur de l’Université de Séoul, Lee Won Sun, qui a retracé l’histoire de l’Eglise en Corée du Sud et le cortège de persécutions qui l’a accompagnée très rapidement après sa fondation. Il a ainsi exposé que ce passé riche en martyrs et les relations étroites qui, en Corée, ont existé entre le martyre, la réflexion politique et intellectuelle ainsi que la culture, expliquent les caractéristiques que présente aujourd’hui l’Eglise en Corée du Sud. Très tôt, a-t-il rappelé, le christianisme a pénétré la vie des convertis, les persécutions ne faisant qu’enraciner au plus profond la foi chrétienne.

Pour le Japon, c’est Mgr Mizobe Osamu, évêque de Takamatsu et président du Comité épiscopal pour la béatification des martyrs japonais, qui a souligné un certain nombre de traits communs à l’histoire des deux Eglises, marquées toutes deux par d’intenses persécutions. Ainsi, au début du XVIIème siècle, lorsque le nombre des convertis était à son plus haut au Japon, ce sont là aussi les petites communautés de foi et de prière qui ont été la colonne vertébrale d’une Eglise par la suite décimée par les persécutions. La démarche entamée par l’Eglise du Japon pour la béatification d’une fraction de ses martyrs a été décidée par les évêques, a expliqué Mgr Mizobe, pour, certes, faire mémoire de ces vies offertes mais aussi pour adresser un message fort aux Japonais d’aujourd’hui (2). L’évêque auxiliaire du diocèse d’Osaka, Mgr Matsuura Goro, a ajouté que, « dans les sociétés contemporaines, où les relations humaines sont d’une grande pauvreté, les catholiques ne devaient pas cesser de méditer la signification du martyre et de vivre du témoignage des martyrs ».

Lors des échanges qui ont eu lieu après ces deux exposés, des évêques coréens ont réagi à certains propos de Mgr Mizobe, notamment lorsque celui-ci a affirmé que les persécutions avaient été déclenchées au Japon parce que « l’empereur, choisi par la volonté du Ciel, souhaitait fondre toutes les religions en un culte unique, une politique que la religion chrétienne, monothéiste, ne pouvait accepter dans un Etat à la structure mentale foncièrement polythéiste ». Des évêques coréens ont alors demandé si « l’empereur et le système impérial étaient des éléments absolument essentiels au développement de la culture japonaise ».

Durant ces trois jours, avant de fixer le lieu et la date de leur prochaine rencontre (les 11, 12 et 13 no-vembre 2008 à Nagasaki, quelques jours avant la cérémonie de béatification de 188 martyrs du Japon, qui aura lieu le 24 novembre 2008), les évêques des deux pays ont salué la mémoire du cardinal Hamao Fumio, qui, lorsqu’il était évêque de Yokohama, au Japon, avait eu l’intuition de ces rencon-tres nippo-coréennes, de concert avec Mgr Lee Mun-hee (Ri Moun-hi), évêque de Taegu (Daegu), en Corée du Sud. Le cardinal Hamao est décédé le 8 novembre dernier, à Tokyo, à l’âge de 77 ans.