Eglises d'Asie

La Conférence épiscopale a réaffirmé son soutien aux paysans sans terre de Sumilao en visite dans la capitale pour défendre leur cause auprès de la présidente

Publié le 18/03/2010




Dans un communiqué du 15 décembre dernier, la Conférence épiscopale des Philippines a réaffirmé son soutien aux paysans sans terre de Sumilao, dans la province de Bukidnon, qui, après un périple à pied de Mindanao jusqu’à Manille, ont pu rencontrer la présidente pour défendre leur droit de propriété sur les terres de leurs ancêtres. « Ces paysans ont pris des initiatives pour corriger une injustice et nous les soutenons », a déclaré Mgr Francisco Claver, ancien président de la Commission épiscopale philippine pour l’action sociale, la justice et la paix (1).

« Nous ne voulons pas que ce qui s’est passé en 1997 se reproduise », a confié le 17 décembre dernier, Napoleon Merida Jr, paysan de Sumilao, qui fait partie du groupe de 55 Higaonon et paysans qui ont manifesté, pour la deuxième fois en quinze jours, devant les grilles de Malacanang, le palais présidentiel, afin de réclamer leur droit de propriété sur les 144 hectares qui leur ont été confisqués. Les Higaonon font partie des populations aborigènes de Mindanao ; habitant de la région de Misamis Oriental, ils seraient autour de 100 000.

Pour sensibiliser les médias à leur cause et obtenir un rendez-vous avec la présidente de la République, ces 55 paysans sont partis de leur village, le 9 octobre dernier, pour parcourir à pied, les 1 700 kilomètres qui les séparent de la capitale. Au cours de leur périple, ils ont été accueillis et soutenus par les différents diocèses catholiques qu’ils ont traversés. A Manille, le 17 décembre dernier, encouragés par une foule de 1 000 personnes qui priaient à la chapelle San Beda, six paysans sans terre de Sumilao, dont Napoleon Merida Jr, ont été reçus par la présidente de la République, pour faire entendre leur requête.

Selon eux, le NQSR (Management and Development Corporation) a enfreint les règles de l’arrêté de 1997 qui autorisait la transformation de terres agricoles en terrain à usage agro-industriel pour des projets de développement bien précis. Au lieu de réaliser les projets de développement agraire prévus, le NQSR a vendu ces terrains à San Miguel Foods Inc., le plus important conglomérat philippin d’agroalimentaire, qui les a transformés en porcherie. Depuis, les paysans sans terre de la région demandent que ces 144 hectares « retombent » dans le cadre des réformes agraires (2), comme c’était le cas avant 1997.

Après avoir consulté certains évêques impliqués auprès de la Commission épiscopale philippine pour l’action sociale, la justice et la paix, la présidente a finalement signé un arrêté révoquant l’arrêté de transformation des terres de 1997. Mgr Francisco Claver, consulté par la chef d’Etat philippine, a expliqué que pour ces paysans aborigènes, l’appartenance des terres relève « du droit ethnique » et qu’il encourageait personnellement le gouvernement philippin à respecter le droit moral de ces peuples aborigènes.

Malgré cette bonne nouvelle, Mgr Claver a confié que les responsables de l’Eglise catholique « restaient inquiets quant à l’évolution de la situation sur le terrain », car la résolution de ce conflit prendrait certainement « beaucoup de temps ». La société San Miguel Foods Inc. a, quant à elle, quinze jours, pour répondre à cet arrêté. « Nous continuerons à maintenir notre option préférentielle pour les pauvres et à soutenir la cause des paysans de Sumilao », a réitéré, pour sa part, le prélat.