Eglises d'Asie

Dans une lettre aux autorités municipales de Hô Chi Minh-Ville, le cardinal-archevêque affirme à nouveau les droits de l’Eglise catholique sur une propriété confisquée

Publié le 18/03/2010




Récemment, Mgr Pham Minh Mân, cardinal-archevêque de Saigon, avait fait part au clergé et aux fidèles de l’archidiocèse de son inquiétude au sujet d’une propriété située au cœur de la ville, 11 rue Nguyên Du. Dans une lettre qu’il leur avait adressée, le 4 décembre dernier (1), il les avait avertis que cette ancienne résidence des Missions Etrangères de Paris, récupérée par les autorités locales au mois de mai 1976, était sur le point d’être vendue par appartements. Dans une lettre datée du 17 décembre et récemment connue, le cardinal renouvelle l’expression de son inquiétude, mais, cette fois-ci, à l’intention du président du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville. Il y commente sa réaction à la lecture d’une note officielle envoyée par la municipalité de Saigon, le 16 novembre précédent, au sujet de la propriété contestée.
Voilà déjà trois ans que le cardinal avait envoyé à la municipalité de Hô Chi Minh-Ville une requête proposant à celle-ci que la propriété en question soit restituée au diocèse. Cette requête était légitime et raisonnable, précise l’archevêque. La réponse reçue, à travers la note officielle, a laissé tous les fidèles du diocèse dans la plus grande perplexité, affirme encore Mgr Mân. En effet, au lieu d’une réponse comblant leurs attentes, ils ont reçu une note transmise par La Poste, d’une grande froideur et d’une extrême simplicité, dont voici le texte :« Conformément à la décision 297/CT, datée du 2 octobre 1991, du président du Conseil des ministres…, la totalité de la surface du 11 rue Nguyên Du fait partie du domaine des biens gérés par l’Etat ».

« Conformément à l’article 1 de la résolution N° 23/2003/OH 11, adoptée par l’Assemblée nationale au sujet des terres et constructions gérées, entretenues et utilisées par l’Etat, la plainte réclamant la propriété du 11 rue Nguyên Du, gérée, entretenue et utilisée par l’Etat depuis 1976, n’a aucun fondement pouvant donner lieu à un examen et à un règlement. »

Le cardinal souligne que ce qui plonge son diocèse dans la perplexité, ce n’est pas seulement le contenu de la note officielle, mais aussi le moment auquel elle a été rédigée. Le cardinal laisse entendre qu’il aurait préféré qu’une réponse soit donnée à sa requête immédiatement, à travers des rencontres et un dialogue, plutôt que par une note officielle au style administratif, rédigée trois ans plus tard. En outre, le cardinal fait état d’une information selon laquelle la société gestionnaire des habitations du 1er arrondissement faisait établir un relevé précisant l’état des lieux et ouvrait un dossier technique de vente des habitations aux familles qui y résidaient.

 

En conclusion, le cardinal informe les autorités qu’il a chargé son vicaire général de rédiger une lettre contestant la décision du Comité populaire et affirme les droits de l’Eglise catholique sur la propriété du 11 rue Nguyên Du.

 

Cette réaction du cardinal-archevêque de Saigon s’inscrit dans un double contexte antinomique. Du fait de la croissance économique actuelle, les besoins en biens immobiliers de l’Etat et des entreprises qui s’appuient sur lui ne cessent de croître. Parallèlement, l’Eglise catholique, qui n’a jamais abandonné ses droits sur les propriétés confisquées, après 1975, voit, elle aussi, ses besoins en infrastructures se multiplier. Ces deux mouvements ne peuvent manquer d’entrer en conflit. C’est une des explications possibles des affaires qui éclatent aujourd’hui dans le nord comme dans le sud du pays.