Eglises d'Asie

Des travaux accomplis sur la propriété d’une paroisse de Hanoi suscitent les protestations de la communauté catholique qui fait face à la police dans la prière

Publié le 18/03/2010




Un autre foyer de protestations et de prières vient de s’ouvrir à Hanoi. Alors que rien n’a été tranché à propos de la propriété de l’ancienne Délégation apostolique, réclamée publiquement par les catholiques de Hanoi, qui continuent de venir prier en groupe devant le site de la délégation pour que justice leur soit rendue (1), une autre affaire vient d’éclater dans une paroisse de Hanoi, celle de Thai Hà, fondée et tenue par les religieux rédemptoristes (2). S’étendant autrefois sur une superficie de plus de 60 000 m², la propriété des rédemptoristes a vu cette surface se réduire à 2 700 m², à la suite de confiscations et d’usurpations commises par les autorités ou sous leur patronage. La plus récente de ces intrusions a été le fait d’une entreprise industrielle, Chiên Thang. Le chantier de construction mis en place par elle sur le terrain de la paroisse, avec la protection de la police, a mis le feu aux poudres et provoqué les protestations des catholiques.
« Archevêché de Hanoi

N° 08-VP/TGM 003

 

Objet : réponse à la lettre de la vice-présidente du Comité populaire de Hanoi.

 

A Mme Ngô Thi Thanh Hang, vice-présidente du Comité populaire de la ville de Hanoi.

 

En lisant la lettre N° 273UBND-VX, signée du 11 janvier 2008, nous avons été extrêmement étonnés de la partialité qu’elle révèle dans sa façon de raisonner aussi bien que dans la manière d’exercer le pouvoir.

 

Les organismes compétents ont fait preuve de partialité en restant muets devant les plaintes des victimes de violations (de biens fonciers)

Depuis de nombreuses années, l’archevêché de Hanoi et la Conférence épiscopale ont rédigé des requêtes demandant la restitution du domaine de la Délégation apostolique. Il s’agit d’un terrain contesté. Aucune des deux parties n’a donc le droit de construire, de modifier l’état des lieux, avant qu’un jugement officiel ne soit prononcé. Or, cette année, le domaine de la Délégation apostolique a été constamment violé, lorsque l’organisme qui le gère provisoirement a fait construire une boutique de soupe tonkinoise de deux étages. Si un service quelconque a accordé l’autorisation à cette construction, il a commis une erreur. S’il n’y a pas eu d’autorisation, l’erreur est encore plus grave.

 

Le 4 décembre 2007, l’archevêché de Hanoi a rédigé une requête demandant de ne point changer l’état des lieux. Celle-ci n’a pas été examinée par les autorités. Au contraire, l’organisme gestionnaire a fait démonter le toit et le plancher du bâtiment principal de la Délégation apostolique. L’archevêché a chargé une personne d’aller protester – sans résultat. Le 13 décembre 2007, l’économe de l’archevêché a envoyé une plainte qui, elle aussi, est restée sans examen. Par contre, l’organisme gestionnaire a fait ouvrir un parking sur la cour, qui, jusqu’alors, avait toujours été respectée. Cette attitude des organismes gouvernementaux, provocante à l’égard de l’opinion et, en outre, indifférente, a entraîné une extrême irritation au sein de la population. Telle est la raison qui a conduit les laïcs à venir prier pour la justice sur le domaine de la Délégation apostolique. La faute en est au silence partisan des organes compétents qui n’ont pas soutenu les droits du peuple et ont laissé faire ceux qui les violent.

 

Les organes compétents se sont montrés partiaux en soutenant ceux qui violent les droits.

Le cas de la paroisse de Thai Hà est analogue au précédent. Depuis plus de dix ans, la congrégation des religieux rédemptoristes envoie des requêtes demandant la restitution du terrain lui appartenant autrefois, un terrain délaissé par la firme Chiên Thang, qui ne l’utilise plus depuis longtemps. Les deux parties n’étaient pas en conflit. Et voilà qu’au début de l’année 2008, des barbelés se sont élevés et que des fonctionnaires de la Sécurité publique sont venus protéger l’entreprise Chiên Thang qui y a entamé des travaux de construction. Irrités, les laïcs protestent. Dans l’après-midi du 7 janvier 2008, les autorités viennent calmer la foule en promettant de faire cesser les travaux. Le lendemain, c’est la douche froide… Le Comité populaire de Hanoi émet un document officiel autorisant l’entreprise Chiên Thang à continuer les constructions. Les gens du peuple s’indignent de constater que les organes officiels ne tiennent pas leur parole et, de plus, se moquent des sentiments qu’ils éprouvent, tout en protégeant effrontément ceux qui violent la loi… C’est la raison pour laquelle les laïcs ne sachant plus à qui se confier se sont engagés dans la prière.

 

Les organes compétents se sont montrés partiaux en attribuant les responsabilités à une seule partie.

Garder le silence face aux infractions de l’organisme chargé de gérer la Délégation apostolique, protéger effrontément l’entreprise Chiên Thang, et, en outre, attribuer les responsabilités aux catholiques, c’est faire preuve d’un esprit partisan extrême. Il n’y a pas de fumée sans feu. Il n’y a pas de victimes d’injustice qui ne s’enflamment pas d’indignation. En réalité, les laïcs ont prié avec beaucoup de sérieux, sans jamais attenter à l’ordre public. Il n’y a pas eu de cris, pas plus que de protestations contre les autorités ou encore des slogans. Il n’y a eu que de la simple prière. Ils prient parce qu’ils sont victimes de l’esprit partisan.

 

C’est pourquoi, nous souhaitons que Mme la vice-présidente examine soigneusement le problème et qu’elle lui apporte une solution définitive. Les actions partisanes ne font qu’augmenter l’irritation de la population et lui font perdre confiance dans les autorités. C’est la raison profonde de la situation d’aujourd’hui. Si l’on veut régler ce problème, il faut le faire à partir de ses racines et non pas seulement en surface. Le fond du problème, c’est la justice. Nous ne souhaitons pas autre chose que l’impartialité du gouvernement afin que la population retrouve le calme et vive dans la paix et le bonheur.

 

Je vous remercie sincèrement et vous salue.

 

Pour l’archevêché,Le secrétaire, le P. Jean Lê Trong Cung »