Eglises d'Asie

Les autorités municipales élèvent brusquement le ton et demandent à la conférence épiscopale et à l’archevêque de Hanoi de faire cesser les manifestations

Publié le 18/03/2010




Le 11 janvier 2008, le ton a brusquement changé dans les relations de la communauté catholique de la capitale avec les autorités locales. Jusqu’ici, les manifestations de prière, qui avaient commencé à la mi-décembre, s’étaient déroulées sans marque d’agressivité et dans un climat bon enfant, même si la présence policière est restée constante tout au long des événements, depuis le début. Une lettre du Comité populaire (la municipalité) de Hanoi, signée de la vice-présidente Ngô Thi Thanh Hang, adressée au président de la Conférence épiscopale et à l’archevêque de la capitale, risque, semble-t-il, de changer les données de la confrontation qui est en train d’avoir lieu.

L’auteur de la lettre envoyée le 14 janvier et diffusée immédiatement en photocopie sur Internet (1) commence par évoquer les bonnes relations habituelles entre la communauté catholique, la municipalité, les efforts de cette dernière pour aider l’archidiocèse à organiser les grands événements qui ont marqué les années récentes. C’est pourquoi la municipalité de Hanoi regrette d’autant plus les affaires en train de se produire à l’archevêché et à la paroisse de Thai Hà. D’emblée, la lettre voit dans ces troubles une utilisation abusive de la religion et les fidèles, une violation grave des prescriptions légales en matière religieuse.

 

La lettre fait ensuite l’historique des deux affaires en cours. Elle note que c’est l’archevêque lui-même qui a appelé les fidèles de son diocèse et des autres diocèses à réclamer la restitution de l’ancienne Délégation apostolique, appelée ici « maison de la culture » et « centre d’éducation physique ». Les autorités attribuent à Mgr Ngô Quang Kiêt toute la responsabilité des événements qui ont eu lieu par la suite, le transport de la statue de la Vierge et d’une croix dans la cour de l’ancienne Délégation apostolique, les processions aux flambeaux, les veillées de prière. Dans l’affaire de la paroisse des religieux rédemptoristes, tout en émettant des réserves sur l’initiative de l’entreprise Chiên Thang qui a ouvert le chantier sur le terrain contesté, la municipalité reproche aux paroissiens de s’être attaqués à une propriété d’Etat, d’avoir détruit une barrière de barbelés et d’avoir troublé l’ordre public en organisant des séances de prières autour du chantier contesté. Selon la lettre, les troubles ont continué malgré de nombreuses rencontres entre les responsables civils et l’archevêque et les divers prêtres responsables.

 

Ces manifestations, poursuit la lettre, ne peuvent que porter tort aux relations entre l’Etat et la Conférence épiscopale, les autorités locales et la communauté catholique, ainsi qu’aux rapports entre l’Etat et le Saint-Siège, rapports en bonne voie d’amélioration. Ces manifestations sont de plus en contravention avec de nombreux décrets et les textes de loi, que la lettre énumère.

 

En conséquence, le Comité populaire invite la Conférence épiscopale, l’archevêque de Hanoi, les responsables des communautés catholiques à mettre un terme immédiat aux manifestations en cours et à remettre les choses dans l’état où elles se trouvaient auparavant. La lettre précise en particulier que les terrains occupés devront être débarrassés des symboles religieux (statuts de la Vierge, croix) qui y ont été apportés. En cas de non-observation de ces avertissements, les responsables subiront les rigueurs de la loi, menace l’auteur de la lettre.

 

Enfin, la municipalité promet de présenter la question de la Délégation apostolique au gouvernement pour que celui-ci la règle. Un certain nombre de mesures seront prises en ce qui concerne le terrain de la paroisse de Thai Hà et les entreprises qui, à l’heure actuelle, l’utilisent (2).