Eglises d'Asie

Les responsables des congrégations religieuses féminines appellent à un renouveau de la formation de leurs membres, notamment en théologie

Publié le 18/03/2010




« Vivre notre vie de religieuse consacrée appelle à un regain de sens et de direction dans un monde caractérisé par une évolution technologique toujours plus rapide et une explosion de l’information. » Telle est l’une des affirmations que l’on trouve dans le communiqué publié à l’issue de l’assemblée annuelle des congrégations religieuses féminines en Inde, la 45e du genre, qui s’est tenue à Mangalore du 29 décembre au 1er janvier dernier. Durant quatre jours, ce sont près de 350 responsables de congrégations, représentant 92 000 religieuses, qui étaient réunies pour réfléchir et partager autour du thème : « Prophetic Mysticism: The Call of Empowered Religious Women » (1).

Un des points saillants du communiqué est qu’il est urgent, pour les religieuses en Inde aujourd’hui, de repenser les programmes de formation des novices et des jeunes profès afin de « nourrir une spiritualité fondée sur une rencontre avec Dieu pour renforcer l’aspect prophétique et contemplatif de la vie consacrée ». Chérir la solitude, « qui nous unit à Dieu », descendre de l’intellect au tréfonds du cœur, « pour vivre de l’océan d’énergie divine qui est en nous », tels sont les voies que devraient emprunter les religieuses en Inde afin de réaliser pleinement la dimension « mystique et prophétique » de leur vocation. « Vivre de manière prophétique » implique de vivre complètement l’engagement au célibat « dans un amour sans entrave au Christ et à ceux qui ont le plus besoin de notre compassion ». Cet appel, écrivent encore les supérieures de congrégations religieuses, implique de vivre le vœu de pauvreté « en solidarité avec ceux qui n’ont rien », le vœu d’obéissance « dans l’écoute de l’Esprit Saint » et « dans la remise en cause des structures d’oppression ».

 

Les responsables des religieuses en Inde écrivent qu’il est temps « de réveiller et d’utiliser [leur] potentiel reçu de Dieu », lequel a été « laissé sommeil ». Pour cela, un comité de sept membres a été désigné afin d’étudier ce qui est une des décisions principales de cette assemblée : la création d’un centre de formation en théologie commun aux congrégations religieuses en Inde. Ce centre aura pour mission de permettre « aux femmes de se mettre en situation de pouvoir ». Plusieurs interventions lors des quatre jours de rencontre ont mis en évidence la persistance de discriminations à l’encontre des femmes au sein de l’Eglise. Des religieuses sont encore considérées, par certains dans l’Eglise, comme « des éléments décoratifs », a rapporté Sœur Jyothi Fernandes, membre du comité susnommé. Et, pour Sœur Evelyn Monteiro, théologienne, une des raisons qui explique cet état de fait est que les femmes en Inde n’ont pas suffisamment accès aux meilleures formations en théologie. Le futur institut de formation en théologie, qui sera inter-congrégationnel, sera très certainement au programme de la prochaine assemblée de la Conférence épiscopale : en février prochain, les évêques doivent se réunir autour du thème : « Empowerment of women in the Church and the society ».

 

Par ailleurs, réunies en ateliers, les supérieures des religieuses ont travaillé sur d’autres thèmes. L’un d’eux a rassemblé 35 responsables de congrégations sur les questions liées au trafic de femmes et d’enfants. Elles ont rappelé que, du fait d’une préférence culturelle pour les garçons, 74 millions de femmes manquent à l’appel en Asie du Sud et que, selon des estimations, 20 millions de femmes et de jeunes filles travaillent dans des bordels en Inde. Un quart des femmes victimes de trafic d’êtres humains transfrontalier ont moins de 18 ans et les autorités ne semblent pas vouloir ou être en mesure de lutter efficacement contre ce phénomène. Par une mise en réseau de l’information, par des actions inter-congrégationnelles, les supérieures des religieuses ont décidé de renforcer leur collaboration pour combattre ces trafics.