Eglises d'Asie

A Suwon, un centre éducatif veille à l’insertion sociale d’enfants nés de mariages entre Coréens et étrangères

Publié le 18/03/2010




Dans un pays où l’immigration et le nombre des mariages entre des Coréens et des étrangères sont une réalité sociale de plus en plus visible (1), l’Eglise catholique vient en aide aux étrangers. Le 8 janvier dernier, Mgr Paul Choi Deog-ki, évêque du diocèse de Suwon, a inauguré et béni, un mois avant son ouverture officielle, un centre éducatif où le coréen est enseigné à des enfants en bas âge nés de mariages mixtes.

A Suwon, dans un diocèse qui compte 200 000 étrangers, faute de bien parler le coréen, les enfants issus de mariages mixtes ne s’intègrent pas facilement dans les haltes-garderies ou les crèches. Pour pallier cette difficulté, le diocèse a mis sur pied un centre éducatif pour les enfants de familles multiculturelles, souhaitant leur donner une chance d’acquérir les bases indispensables à leur vie de futur citoyen coréen. Lors de la bénédiction de l’établissement, Mgr Choi Deog-ki a affirmé que « la Corée était devenue un pays multiculturel et que les Coréens devaient accepter le fait que leurs voisins de palier puissent être étrangers ». Il a réitéré l’espoir de voir les catholiques de son diocèse s’ouvrir aux étrangers et s’intéresser à l’éducation de leurs enfants.

 

Un des avantages du centre de Suwon réside dans sa localisation : cet espace de 82 m² est situé au premier étage d’un bâtiment attenant au Centre Emmaüs pour la pastorale des migrants, rattaché au diocèse, qui accueille chaque jour une trentaine d’étrangères mariées à un Coréen – principalement des Vietnamiennes –, pour qu’elles apprennent le coréen. En arrivant, elles confient leurs enfants au centre éducatif, où ils bénéficient du même temps d’enseignement que leurs mères.

 

Prévu pour une trentaine d’enfants de couples mixtes, le centre se tournera prochainement vers l’accueil d’enfants dont les deux parents sont étrangers. Pour Gemma Pack Lea-hyang, la directrice, il s’agit là d’enfants potentiellement exclus de la société coréenne dans la mesure où ils sont dans l’impossibilité de communiquer avec les enfants de leur âge. « Nous allons les aider dans l’apprentissage du coréen et la découverte de notre culture », afin qu’ensuite, ils puissent intégrer, après l’âge de six ans, un cursus scolaire classique, a-t-elle expliqué à l’agence Ucanews, le jour de l’inauguration.

 

Fonctionnant avec quelques salariés et une équipe de bénévoles, le centre, subventionné par le diocèse, fait en sorte que la facture présentée aux parents soit minimale : 30 000 wons (23 euros) par mois, là où, habituellement, les haltes-garderies « classiques » demandent entre 200 000 et 350 000 wons (140-250 euros) par mois et par enfant. Pour Nguyen Lan Anh, jeune vietnamienne, mère d’une fillette de 13 mois, le centre est « une aubaine ». Mariée à un Coréen depuis deux ans, elle a beaucoup de mal à apprendre la langue de son nouveau pays. Elle fréquente le centre Emmaüs depuis huit mois, soulagée de savoir que son enfant est entre de bonnes mains et qu’il apprend correctement le coréen.

 

Le cas de Nguyen Lan Anh n’est pas exceptionnel. En Corée du Sud, le déséquilibre garçons/filles à la naissance, en défaveur des filles, se traduit par un nombre croissant d’hommes en âge de se marier qui ne trouvent pas d’épouses coréennes (2). Issus de milieux ruraux aussi bien qu’urbains, ces hommes se tournent vers l’étranger et vont chercher leur future femme en Chine, au Vietnam ou ailleurs. Selon des statistiques de novembre 2007 du ministère de la Justice, sur les 109 564 étrangères mariées à un Coréen, 57,6 % d’entre elles sont chinoises, 19,3 % sont vietnamiennes, 5,3 % viennent du Japon et 4,6 % des Philippines.