Eglises d'Asie

Des intellectuels catholiques formulent une réponse à la lettre adressée par 138 théologiens et religieux musulmans au pape et aux chefs des Eglises chrétiennes

Publié le 18/03/2010




Le 20 janvier dernier, à New Delhi, 80 intellectuels catholiques ont rédigé un projet de réponse à la lettre adressée par 138 théologiens et religieux musulmans aux chefs des Eglises chrétiennes, dont le pape Benoît XVI (1). Réunis par l’Islamic Studies Association (ISA), groupe fondé en 1979 à l’instigation de la Commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, les chercheurs, principalement des experts du christianisme et de l’islam, ont souhaité apporter à cette lettre « une réponse chrétienne dans une perspective indienne », ainsi que l’a expliqué le P. George Gispert-Sauch, jésuite d’origine espagnole, installé en Inde depuis 1949.

Les 80 intellectuels catholiques ont commencé par débattre du contenu de la lettre des 138 théologiens et religieux musulmans, soulignant que ce texte mettait en avant les similitudes qui pouvaient être trouvées entre les deux religions, ainsi que la nécessité pour les chrétiens et les musulmans – qui représentent plus de la moitié de la population du globe – de travailler de concert pour la paix. Dans le projet de réponse qu’ils ont rédigé, les chercheurs catholiques disent leur reconnaissance aux 138 musulmans qui ont pris l’initiative d’écrire cette lettre, « un magnifique présent [qui] nous encourage à chercher ce qu’il y a de commun dans notre foi en un Dieu unique ». « Notre croyance partagée en Dieu le Créateur nous amène à nous sentir reliés les uns aux autres au plus profond de notre être », peut-on lire dans ce texte. Les « différences évidentes » dans les croyances et les pratiques religieuses entre musulmans et chrétiens ne sont pas dissimulées, mais elles sont perçues comme devant être « des défis plutôt que des obstacles à une appréciation des uns par les autres ».

 

C’est sur le terrain de la vie concrète que musulmans et chrétiens peuvent se retrouver. Dans un pays où les fidèles de ces deux religions forment un peu moins de 15 % d’une population de plus d’un milliard de personnes, très majoritairement hindoues, les chercheurs catholiques écrivent : « En nous soumettant à un Dieu transcendant qui est aussi un Dieu d’amour, nous affirmons que nous ne pouvons pas soumettre notre liberté à une réalité créée, quelle qu’elle soit. » C’est au nom de cet amour, poursuivent-ils, que nous sommes « amenés » à œuvrer au bien-être « de communautés et d’individus variés afin de bâtir une société indienne véritablement ouverte à tous ».

Afin que ce message de « fraternité » entre christianisme et islam ne reste pas cantonné au seul plan académique, le projet de réponse, rédigé le 20 janvier, insiste sur l’importance de mettre en œuvre « des projets concrets » et des échanges à l’occasion des grandes dates de l’année liturgique, dans l’une et l’autre religion. Ecrit en anglais, il devrait être traduit en ourdou, la langue la plus répandue parmi les musulmans indiens. L’idée est de favoriser sa circulation, aussi bien parmi les musulmans que parmi les catholiques, notamment dans les institutions éducatives. A New Delhi, l’Indian Social Institute, animé par les jésuites, s’est vu confier la responsabilité de sa diffusion, notamment auprès de tous les imams de la ville.