Eglises d'Asie – Vietnam
Hanoi, 30 janvier : alors qu’une enquête criminelle est ouverte contre eux, les catholiques ont passé une troisième nuit de prière dans l’ancienne Délégation apostolique
Publié le 18/03/2010
Après un long silence sur les événements en train de se dérouler à la Délégation apostolique, les médias officiels de la capitale rapportaient ce type d’accusations depuis le 25 janvier dernier. On a pu les entendre sur la chaîne télévisée de Hanoi, le 26 janvier, et les lire, le jour suivant, dans l’organe local du Parti communiste, le Hanoi Moi, ainsi que dans l’organe de la police de la capitale, cité ci-dessus. On peut noter cependant que, jusqu’ici, aucun des grands médias officiels nationaux, pas plus que l’Agence vietnamienne d’information, officielle, n’a encore évoqué les événements en question.
Les accusations diffusées par les médias de la capitale ont aussitôt donné lieu à une réplique détaillée de l’archevêché de Hanoi, datée du 27 janvier. La lettre porte plainte contre les calomnies, fausses accusations et déformations de la vérité, diffusées par les trois médias de la capitale. Ce texte répond point par point aux diverses affirmations de la télévision et de la presse de Hanoi. Il est le fruit d’un important travail de recherche et constitue aujourd’hui un document clef pour comprendre le contexte historique, social et ecclésial de l’affaire de l’ancienne Délégation apostolique. Les six pages dactylographiées du document de l’archevêché répondent non seulement aux accusations de troubles à l’ordre public ou de destruction de biens, mais rétablissent la vérité concernant le droit de propriété de l’archevêché sur le domaine accaparé par l’Etat. Une réponse particulièrement pertinente est donnée aux allégations des autorités selon lesquelles une lettre écrite en 1961 par l’économe de l’archevêché de l’époque, le P. Nguyên Tùng Cương, futur archevêque de Haiphong, aurait transmis à l’Etat le domaine de la Délégation apostolique. Le document de l’archevêché montre que cette donation était parfaitement impossible et qu’elle n’a jamais eu lieu.
Le jour où l’enquête criminelle était annoncée, au début de l’après-midi du 29 janvier, les catholiques de Hanoi ont pensé un moment que l’intervention promise dans l’ultimatum de la municipalité allait se produire. Alors que la plupart des fidèles ayant veillé et prié deux nuits consécutives étaient rentrés chez eux, des équipes de la télévision de Hanoi, accompagnées de très nombreux agents de la Sécurité, se sont placés aux quatre coins de la propriété. Quelques heures plus tard, la police dispersait les attroupements. Cependant, à l’intérieur de la cour de la Délégation apostolique, la prière continuait tandis qu’un feuillet dactylographié, intitulé « Esprit et comportement », circulait de main en main. Il portait les indications suivantes : « Notre prière est pacifique. Pour ne pas tomber dans le piège des provocateurs qui cherchent des pièces à conviction pour nous accuser, que tous ceux qui prient veuillent bien s’asseoir. Quoi qu’il arrive, nous resterons assis dans le calme, chacun tenant la main de l’autre, les yeux tournés vers la croix et la Vierge Marie. Ne vous levez pas ! Ne vous déplacez pas ! Merci » (1).
Mais, il ne s’agissait sans doute d’une fausse alerte… De nouveau, la cour de l’ancienne Délégation s’est remplie de monde. Un feu de bois a été allumé et une nouvelle nuit de prière a commencé.