Eglises d'Asie

Julia Youn Hong-sun et les membres du sanctuaire marial de Naju frappés d’excommunication

Publié le 18/03/2010




Dix ans après que les « miracles » et les « messages » attribués à la Vierge Marie de Naju eurent été déclarés comme n’étant « pas surnaturels et donc de Dieu » et après trois avertissements en 1998, 2003 et 2005, Mgr Andreas Choi Chang-mou, archevêque de Kwangju, a annoncé, dans un décret paru le 21 janvier dernier, que Julia Youn Hong-sun et ses proches étaient excommuniés latae sententiae. Selon l’évêque, qui exprime sa « profonde peine » d’être contraint à prendre une telle mesure, les agissements de Julia Youn et de son entourage étaient devenus une menace « pour l’unité et la communion de l’Eglise (catholique) ». Il a notamment dénoncé « les collectes d’argent » et « les activités superstitieuses » menées à Naju.

Prévue par les canons 1336 et 1364 du Code de droit canonique, l’excommunication latae sententiae est prononcée, non à l’issue d’un procès, mais du fait d’actes qui placent le ou les personnes visées en-dehors de la communauté des croyants. « Julia Youn et les personnes qui la soutiennent n’ont jamais cherché à se réconcilier avec l’Eglise », a expliqué Mgr Choi Chang-mou, qui précise qu’il a rencontré Julia Youn, 60 ans, et son mari à Naju en 2003, qu’une mise en garde formelle leur a été adressée en 2005, mais que le couple n’a tenu compte d’aucun de ses avis. « Ils m’ont diffamé, ils ont diffamé les évêques coréens et l’Eglise en Corée, que ce soit via leurs publications ou sur Internet », a ajouté l’archevêque, en précisant que les clercs et les laïcs qui viendraient à prendre part à des cérémonies sacramentelles au sanctuaire marial de Naju seraient également excommuniés. Le décret d’excommunication mentionne que le P. Aloysius Chang Hong-bin, prêtre de l’archidiocèse de Kwangju qui s’est engagé auprès de Julia Youn, était lui aussi excommunié.

 

L’affaire remonte à 1985 lorsque Julia Youn, une catholique qui travaillait dans un salon de coiffure de Naju a affirmé recevoir des « révélations » divines et qu’une statue de la Vierge Marie en sa possession « pleurait » des larmes, notamment des larmes de sang (1). Depuis cette date, la controverse n’a cessé d’enfler, divisant la communauté catholique au sujet de ces phénomènes surnaturels (2). Le site est devenu un lieu de pèlerinage marial relativement fréquenté. Julia Youn et ses proches ont multiplié les activités de prières et de retraites autour du centre et un site Internet a été créé (www.najumary.or.kr). Selon Peter Kim Jae-seok, gestionnaire de la « Montagne de la Sainte Vierge », appellation du site de pèlerinage, le décret pris par Mgr Choi Chang-mou est « fondamentalement sans effet » et relève de « l’abus de pouvoir ».