Eglises d'Asie – Inde
Les catholiques knanayas demandent que leur évêque ait juridiction sur toute leur communauté dans le monde
Publié le 18/03/2010
Attachés à la pureté de leurs traditions, les catholiques knanayas, dont la singularité est l’endogamie, ne peuvent se marier hors du « clan », sauf à perdre leur appartenance au diocèse de Kottayam et à se retrouver dans le rite syro-malabar « classique ». Couvrant un territoire considérable de 560 000 km², le diocèse de Kottayam a été élevé au rang d’archevêché (archiéparchie) en 2005, mais l’autorité de son titulaire ne dépasse pas les frontières de l’Etat du Kerala. Le diocèse compte 128 paroisses, servies par 168 prêtres diocésains et 53 religieux.
Aujourd’hui, souligne le P. Thomas M. Kottoor, chancelier du diocèse de Kottayam, 30 000 catholiques knanayas vivent à l’extérieur du Kerala, que ce soit dans des Etats de l’Union indienne ou à l’étranger, notamment aux Etats-Unis où ils sont 25 000. Or, les traditions et les coutumes des knanayas sont distinctes de celles des autres catholiques syro-malabars et il est difficile pour les membres de cette communauté de conserver leur identité. Seul le diocèse de Kalyan, diocèse de rite syro-malabar érigé en 1988 à Mumbai (Bombay), les a autorisés à ériger leurs propres paroisses, précise le chancelier. Dans ce contexte, accorder une juridiction universelle à l’évêque de Kottayam sur tous les catholiques knanayas, quel que soit leur pays de résidence, ne serait que « justice », explique le P. Thomas Kottoor, qui met en avant le fait que les ancêtres de sa communauté sont venus du royaume de Juda et qu’ils ont « jalousement veillé à maintenir une communauté endogame depuis le temps d’Abraham ».
A ceux qui soupçonnent les knanayas de demander cette juridiction universelle dans le but de former un nouveau rite au sein de l’Eglise catholique, le P. Thomas Kottoor répond que son évêque ne cherche qu’à préserver les traditions, la culture et l’identité de sa communauté et que la juridiction universelle n’a pas d’autre objectif que de veiller à « l’unité de notre pastorale ».
Du côté du Synode des évêques de rite syro-malabar, la demande des knanayas est reçue plutôt fraîchement. Le P. Paul Thelakat, porte-parole du synode, précise que l’affaire a déjà été discutée par les évêques syro-malabars et qu’il appartient « à Rome de décider ». Il doute toutefois que le Saint-Siège fasse droit à la demande des knanayas. En 2005, lorsque Kottayam a été élevé au rang d’archevêché, il avait été décidé que les knanayas ne demanderaient pas l’érection de nouvelles circonscriptions pour leur communauté. Le Synode des évêques syro-malabars a néanmoins accepté de réfléchir à nouveau au problème et l’archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly, Mgr Varkey Vithayathil, chef de l’Eglise syro-malabare, prendra « la décision qu’il faut », après en avoir référé à Rome, a-t-il indiqué.
Selon Jose M. Kottoor, frère du P. Thomas M. Kottoor et président du Congrès catholique knanaya d’Amérique du Nord, tout report dans cette affaire ne pourra que provoquer la consternation chez les catholiques knanayas. Il fait remarquer qu’un diocèse knanaya existe au sein de l’Eglise malankare jacobite (orthodoxe) et que son évêque jouit de la juridiction universelle (2). « Nous demandons simplement à Rome de bénéficier du même statut », explique-t-il, mettant en avant le fait que la communauté à laquelle il appartient est d’une taille relativement petite. « Si nous perdons nos membres, les conséquences sont immédiates, étant donné que nous ne pouvons accueillir en notre sein d’autres catholiques du fait que nous croyons en la pureté de notre peuple. »