Eglises d'Asie – Mongolie
Après quinze ans de présence, l’Eglise catholique se fixe de nouveaux objectifs : former un clergé local et redonner la priorité au spirituel
Publié le 18/03/2010
En 1992, année de l’établissement de relations diplomatiques entre la Mongolie et le Saint-Siège, lorsque Mgr Wenceslao Padilla, l’actuel préfet apostolique d’Oulan-Bator, s’installe dans la capitale mongole, l’Eglise catholique n’existe plus dans ce pays (1). Une mission sui juris avait été créée en 1922 et confiée aux Pères de Scheut, la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM), d’origine belge, mais elle avait disparu dans la tempête de la révolution communiste.
Le P. Padilla, missionnaire philippin de la même congrégation, s’est installé avec deux compagnons après la chute du communisme dans cette ancienne République populaire, coincée entre l’URSS et la Chine, mais qui a longtemps gravité dans l’orbite de l’Union soviétique.
Depuis l’arrivée des missionnaires, l’Eglise locale s’est développée, même si elle reste très modeste. L’an dernier, 70 Mongols ont reçu le baptême, portant le nombre des catholiques à 415. Relativement au nombre des fidèles, les prêtres, les religieux et les religieuses sont pléthoriques : 64 missionnaires, appartenant à dix-huit nationalités et neuf congrégations.
« Dieu fit pour nous des merveilles et nous en sommes ravis ! », s’est exclamé Mgr Wenceslao Padilla, tandis que l’Eglise catholique en Mongolie fêtait la quinzième année de son existence et l’établissement de relations diplomatiques entre Oulan-Bator et le Saint-Siège. L’année 2007 a vu l’érection de la quatrième paroisse de l’Eglise en Mongolie. Première paroisse à être érigée à l’extérieur d’Oulan-Bator, elle a été créée à Darhan (Darkhan), la deuxième plus importante ville du pays (2). Cette même année, un poste missionnaire a été créé à Arvaiheer. Il s’ajoute aux cinq déjà existants, ceux de Dair Ekh, Niseh, Shuwuu, Yaarmag et Zuun Mod. Ces postes permettent de toucher une part plus importante de la population, notamment les enfants, nombreux à se rendre à la messe ou à suivre les cours de catéchisme, dispensés le dimanche par des missionnaires ou des laïcs mongols.
Après ces quinze années d’installation et de lente croissance, caractérisées par un accueil bienveillant des autorités et de la population, Mgr Padilla souhaite que son Eglise réfléchisse à l’avenir. « La première leçon que je voudrais tirer est qu’une partie des missionnaires arrive puis repart, rappelés par leur congrégation. Il est de plus en plus évident pour moi que nous devons promouvoir un clergé local », explique-t-il. Et d’ajouter : « Nous établissons une Eglise locale, mais la grande majorité des agents pastoraux de la préfecture apostolique est formée d’étrangers. Il est grand temps d’encourager une pastorale des vocations et d’approcher les jeunes baptisés dans cette optique. »
Mgr Padilla estime par ailleurs que les missionnaires accordent « une trop grande part » aux activités sociales, aux programmes de développement, d’éducation et aux actions caritatives. Au début de la mission, dans les années 1990, tous les acteurs de l’Eglise de Mongolie ont été frappés par l’extrême pauvreté du pays. Les habitants manquaient de tout. Les fondements de la société, tels la famille, vacillaient sous l’effet de la pauvreté, du désespoir et de l’alcoolisme (3). Les missionnaires ont donc entrepris, par des actions caritatives et sociales, de soulager ces détresses. Tous les grands projets qui ont fait la force de l’Eglise en Mongolie depuis quinze ans « devraient être équilibrés par une insistance renouvelée à la dimension spirituelle de la mission », insiste Mgr Padilla. « Le plan pastoral que nous avons formulé pour les trois années à venir devrait nous permettre de retrouver un équilibre plus juste entre le temporel et le spirituel », a-t-il ajouté, précisant que l’accent sera mis sur la découverte de la Bible, les sacrements et la charité.