Eglises d'Asie – Indonésie
L’hebdomadaire Tempo a présenté ses excuses aux chrétiens d’Indonésie après avoir publié, en Une, un dessin sujet à controverse
Publié le 18/03/2010
Quasi immédiatement après la parution du numéro spécial de l’hebdomadaire, habituellement connu pour le sérieux de sa couverture de l’actualité, des chrétiens avaient réagi. Une délégation de huit associations catholiques (2), emmenée par Hermawi Taslim, président du Forum des anciens du Syndicat catholique des étudiants universitaires de la République d’Indonésie, s’était rendue dans les bureaux de Tempo pour y rencontrer Toriq Hadad et la rédaction. La délégation a expliqué en quoi les chrétiens du pays se trouvaient « offensés » par l’illustration choisie pour la Une et le titre l’accompagnant, directement inspiré de la Bible, Setelah Dia Pergi (Après son départ). Hermawi Taslim a précisé que le groupe avait demandé le retrait de la vente de l’édition spéciale. « Intentionnellement ou non, l’hebdomadaire a perturbé la vie des religions en Indonésie », a-t-il ajouté.
Selon le quotidien Kompas du 5 février, le rédacteur en chef de Tempo a très volontiers obtempéré à la demande d’excuses. « Au nom de tous les journalistes et de l’ensemble des personnels de Tempo, nous nous excusons si nous avons blessé les sentiments des chrétiens en publiant cette illustration sur la couverture de notre hebdomadaire. A l’avenir, nous serons plus prudents dans notre traitement de l’information », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une mise au point et des excuses seraient publiées dans l’édition de Tempo datée du 11-17 février, sous la rubrique « La lettre du rédacteur en chef ». Ce qui fut fait. Toriq Hadad, tout en renouvelant ses excuses, y a expliqué que le dessin choisi était la plus appropriée des représentations pour illustrer l’adieu d’un vieil homme à ses enfants. Le chef-d’œuvre Léonard de Vinci appartient à tout le monde, il a été réinterprété à maintes reprises et c’est pourquoi il avait été choisi pour illustrer la mort de l’ex-homme fort de l’Indonésie.
Du côté des responsables des Eglises chrétiennes, la Communion des Eglises d’Indonésie (PGI), qui rassemble les principales dénominations protestantes, a fait savoir qu’elle avait reçu de nombreux messages de fidèles exprimant leur perplexité face au détournement d’un tableau appartenant au patrimoine chrétien. A la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie, le secrétaire de la Commission pour les laïcs s’est contenté de déclarer qu’il eut été préférable que Hermawi Taslim et ses proches consultent la Commission avant de s’engager sur la place publique. Le P. Antonius Benny Susetyo, secrétaire de la Commission pour les affaires œcuméniques et interreligieuses, a déclaré que l’incident était clos ; il a appelé les catholiques du pays à ne plus soulever le sujet.