Eglises d'Asie

Les évêques de Cubao et Novaliches demandent au maire de Quezon City d’opposer son veto à un arrêté municipal sur « la santé reproductive »

Publié le 18/03/2010




Le 19 février dernier, Mgr Honesto Ongtioco, évêque de Cubao, et Mgr Antonio Tobias, évêque de Novaliches (1), ont demandé au maire de Quezon City, district au nord de Manille, d’opposer son veto à un arrêté municipal relatif à « la santé reproductive ».

Dans ce district qui compte 2,1 millions d’habitants (2) – le plus peuplé des Philippines –, où les femmes en âge de procréer représentent 59 % de la population féminine, le nouvel arrêté relatif à la santé reproductive prévoit d’attribuer 12 millions de pesos (près de 200 000 euros) pour des programmes visant à encourager les familles à limiter le nombre de naissances à un niveau « gérable », en fonction de leurs moyens financiers. Les services de santé de la ville seront chargés d’apporter des conseils et des solutions concrètes en matière de santé reproductive, allant de la distribution de contraceptifs à la ligature des trompes ou à la vasectomie pour les personnes pauvres qui en font la demande.

 

Le 9 février dernier, Mgr Ongtioco a appelé les prêtres, les directeurs des écoles catholiques, les religieux et les groupes de laïcs à s’unir pour protester contre cet arrêté municipal qui, selon lui, « viole la loi divine et le droit constitutionnel à la vie, la liberté et la religion » et a été « conçu par des organisations internationales afin de mettre en place leur politique de contrôle des naissances aux Philippines ». Depuis les années 1970, en effet, la United States Agency for International Development a fourni et distribué gratuitement des contraceptifs dans le pays, pratique qui doit prendre fin en décembre de cette année mais qui, selon les observateurs locaux, sera relayée par des programmes philippins.

 

Selon le P. Ariston Sison Jr, porte-parole de l’évêque de Cubao, l’Eglise « rejette les fondements de la loi qui stipule que la surpopulation a conduit à une aggravation de la pauvreté et que la solution passe par le contrôle des naissances », car selon elle, la surpopulation à Quezon City est, avant toute chose, liée « à l’exode rural et aux migrations urbaines » (3).

 

La prise de position des deux évêques s’inscrit dans un contexte particulier. Le 29 janvier dernier, en effet, 20 habitants de quartiers pauvres de Manille ont demandé à la Cour d’appel de la capitale d’invalider l’Executive Order 003, qui mettait fin à la distribution gratuite de contraceptifs pour les plus pauvres. Selon eux, cet arrêté est inconstitutionnel car il les a privés de leur droit à exercer une parentalité responsable et d’accéder à des soins de santé. Alexander Pesimo et sa femme, Victoria, pétitionnaires, ont aujourd’hui six enfants et gagnent entre 150 et 300 pesos par jour (entre 2,50 et 5 euros). Ils expliquent qu’après cet arrêté municipal, signé en février 2000 par Lito Atienza, alors maire de Manille, Victoria ne pouvait plus se procurer gratuitement de pilules contraceptives auprès des services de santé de la ville, et que n’ayant pas les moyens d’en acheter, elle a donné naissance à six enfants.