Eglises d'Asie

Thai Binh : une grande émotion entoure le décès d’un prêtre ordonné tardivement voici deux ans

Publié le 18/03/2010




Le père Thomas d’Aquin Pham Van s’apprêtait à fêter le deuxième anniversaire de son ordination sacerdotale. Deux semaines avant, il est mort d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 67 ans. L’évêque de Thai Binh, Mgr Nguyên Vang Sang, est venu présider les obsèques du prêtre tardivement ordonné. Les 35 prêtres qui ont concélébré, les séminaristes et laïcs qui avaient collaboré avec lui, les fidèles de la paroisse de Duong Cuôc dont il avait la charge, ont répété, chacun à leur manière, le même éloge ému de ce prêtre qui aura vécu avec passion et dévouement les deux courtes années de sa vie sacerdotale.

Son évêque à affirmé que l’ardeur avec laquelle il a assumé les activités pastorales a écourté sa vie. Un séminariste qui collaborait avec lui et l’emmenait sur sa motocyclette pour assurer le service des paroisses environnantes a évoqué son emploi du temps surchargé et plus particulièrement les interminables séances de confession. Tous ont insisté sur son dévouement absolu. Mais l’émotion qui régnait, au moment de ses funérailles était sans doute due à son parcours, représentatif de toute une génération de jeunes catholiques du nord du pays, entrés au séminaire dans les années 1950, qui ont traversé les années et les épreuves, sans jamais désespérer d’atteindre un jour le sacerdoce.

 

Son confrère, Mgr Trân Trung Ha, qui l’a aidé à réaliser sa vocation, a raconté sa vie. Le père Van était né en 1941 dans la province de Thai Binh. Il avait huit ans, lorsque ses parents ont été tués par les forces vietminh. Il survécut en pêchant du poisson dans la rivière jusqu’à son entrée au séminaire de My Duc, en 1957. Peu de temps après, le gouvernement fit fermer les maisons de formation sacerdotale. Il alla continuer ses études de philosophie et de théologie à l’évêché.

 

Ces études furent interrompues par six années passées en prison puis par des années en résidence surveillée jusqu’en 1995. À cette époque, Mgr Hà qui était curé dans la région l’invitait à venir travailler dans la paroisse de Duong Cuôc où, pendant neuf ans, il partagea sa vie entre travaux des champs et activités pastorales. Dans cette paroisse qui n’avait plus de prêtres depuis des années, il anima la vie chrétienne des fidèles, fit revivre plusieurs associations chrétiennes et contribua aux frais de construction d’une église paroissiale en vendant sa propre motocyclette.

 

En 2004, il entra au grand séminaire de Nha Trang, où venaient de s’ouvrir des cours de recyclage théologiques destinés à des séminaristes parfois très âgés, dans la situation du P. Van (1). Après deux années de formation intellectuelle et spirituelle, il fut enfin ordonné prêtre, le 22 février 2006. Il reprit, comme prêtre, le travail pastoral dans la paroisse de Duong Cuôc, un travail que la mort est venue interrompre moins de deux ans après son ordination.

 

Selon les statistiques de l’annuaire de l’Eglise du Vietnam, le diocèse de Thai Binh comporte 117 000 catholiques et 62 prêtres, dont un à la retraite et trois autres qui étudient à l’étranger. Il compte 100 paroisses, mais 45 d’entre elles n’ont pas de curé. L’an dernier, on a achevé la construction d’une nouvelle et vaste cathédrale.