Eglises d'Asie

Un rapport gouvernemental décrit le récent développement du christianisme dans le nord-ouest du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un récent rapport gouvernemental sur le développement du christianisme dans le nord-ouest du Vietnam laisse apparaître avec une grande évidence la volonté de contrôler le phénomène religieux chez les peuples de cette région. Les raisons pour lesquelles le pouvoir local se préoccupe avec une telle attention des activités religieuses des chrétiens Hmongs dans ces régions montagneuses sont, selon les observateurs régionaux, davantage politiques qu’idéologiques.

L’ethnie Hmong s’oppose au pouvoir en place au Laos et, dans son histoire récente, elle a manifesté à plusieurs reprises son aspiration à l’autonomie. Le rapport officiel intitulé « Situation religieuse dans le nord-ouest : état actuel des solutions », a été publié par Lê Vui, sur le site du comité chargé des ethnies minoritaires (Uy Ban Dân Tôc), instance gouvernementale de niveau ministériel. S’astreignant à une certaine objectivité, l’auteur fait un sommaire historique du mouvement de conversion au christianisme qui s’est développé chez les ethnies minoritaires de la région à partir des années 1990. Il étudie la situation actuelle et propose des solutions.

 

Dès le début, en situant géographiquement la zone étudiée qui comprend six provinces et est frontalière du Laos et de la Chine, l’auteur du rapport souligne son importance stratégique : 40 ethnies y vivent, dont beaucoup habitent des deux côtés de la frontière.

 

Selon le rapport, ces populations qui ont longtemps pratiqué les religions traditionnelles, ont été touchées par le christianisme lors de l’implantation du colonialisme français et des migrations vietnamiennes dans ces régions montagneuses. Les montagnards ont subi les premières influences chrétiennes avec la construction des premiers lieux de culte à Sa Pa et à Yên Bai, qui datent de 1905. Cependant, selon le rapport, c’est en 1990 que débute véritablement un mouvement de conversion au catholicisme puis au protestantisme, qui ira en s’amplifiant et se développe encore aujourd’hui. Ce mouvement a été signalé depuis longtemps par les observateurs catholiques et protestants. Il est décrit ici comme un choc dramatique, un bouleversement profond des valeurs culturelles et des croyances traditionnelles. La nouvelle foi est qualifiée d’aveugle.

 

Le rapport souligne ce que d’autres comptes-rendus indépendants avaient déjà noté, à savoir que chez les catholiques, l’évangélisation s’est faite uniquement par des laïcs. C’est à la même époque que se propage le protestantisme, par la voie des ondes (Radio Manilla, Voice of America (VOA) émettant en langue locale) et par des prédicateurs venus des plaines, quelquefois du sud. Le rapport s’applique ensuite à suivre avec précision les progressions parallèles du catholicisme et du protestantisme, durant les années 1990. Il estime qu’aujourd’hui, le nombre des fidèles protestants dépasse les catholiques de quelques milliers.

 

Le rapport porte ensuite un jugement général sur l’attitude politique de la population chrétienne de cette région du Vietnam. Dans l’ensemble, dit-il, les fidèles appliquent correctement la politique du parti et la législation de l’Etat. Cependant, certains chrétiens qui persistent à écouter et suivre les directives des « mauvais éléments » les encourageant à s’écarter de la solidarité nationale se mettent à troubler l’ordre politique et social. Le rapport semble voir dans le christianisme un ferment de désordre et de troubles éventuels.

 

Pour lutter contre cet état de choses, le rapport propose un certain nombre de tâches aux cadres chargés de l’action religieuse en milieu montagnard. Ils devront diffuser et appliquer les dispositions des derniers documents législatifs en matière religieuse, de telle sorte que les activités des croyants soient enregistrées et contrôlées.

 

Ils devront ensuite s’opposer à toute tentative venue de l’extérieur cherchant à dresser les religions et les croyants contre la politique gouvernementale et les écarter de l’union nationale. Il est ensuite conseillé aux cadres de s’adjoindre des collaborateurs éclairés et de mettre en œuvre ces directives religieuses dans le cadre de l’application d’une politique générale des minorités ethniques.