Eglises d'Asie

Hung Hoa : après un demi-siècle d’isolement, des communautés chrétiennes reprennent vie grâce à de jeunes prêtres nouvellement ordonnés

Publié le 18/03/2010




Grâce aux récentes ordinations sacerdotales, le travail pastoral se réorganise dans les provinces du nord-ouest vietnamien, qui, pour la plupart, appartiennent au diocèse de Hung Hoa. Les nouveaux pasteurs renouent les liens avec des groupes de chrétiens, restés isolés pendant un demi-siècle. Le P. Pham Thanh Binh, jeune prêtre de 37 ans, ordonné en février 2006, nouveau curé de Sapa où il vient de mener à bien la reconstruction de la vieille église (1), a ainsi entrepris de réveiller les communautés dormantes de la région en allant, au volant d’une vieille voiture, à leur encontre par des chemins de montagne.

Le 25 février dernier, il quittait provisoirement sa province de Lao Cai, pour se rendre 70 km plus loin, dans un village de la province de Lai Châu où l’attendait une communauté chrétienne. Dans la maison d’une des fidèles, il a administré le sacrement de l’onction des malades à douze catholiques âgés. Le lendemain, il se rendait dans la ville de Lai Châu où il présidait les funérailles de l’un de ceux qui, la veille, avait reçu les derniers sacrements. Environ 300 des 500 catholiques de la région ont assisté aux obsèques. Selon les participants, c’était le premier défunt bénéficiant de funérailles présidées par un prêtre depuis l’arrivée des catholiques dans cette région en 1966.

 

Dans le passé, ont raconté les fidèles après l’enterrement, le gouvernement avait l’habitude d’envoyer les catholiques dans des régions reculées, inaccessibles aux prêtres. Le groupe de fidèles de la région avait été emmené ici en 1966, depuis la province de Hà Nam, pour y implanter ce qu’on appelait alors une « zone d’économie nouvelle ». Ils y menèrent longtemps une vie très difficile. Ces dernières années, leurs conditions de vie matérielles s’étaient bien améliorées. Mais les activités religieuses restaient encore tout à fait limitées, pour ne pas dire interdites. Depuis Hanoi, leur parenté leur envoyait des calendriers religieux, ce qui leur permettait de connaître la date des grandes fêtes de l’année liturgique. Cependant, ils n’étaient pas autorisés à construire une chapelle, tandis que les rassemblements et les réunions de prière dans les maisons privées leur étaient également interdits. Ainsi, leurs enfants étaient privés de catéchisme et de toute initiation à la vie chrétienne.

 

Les requêtes adressées au gouvernement demandant la visite d’un prêtre, elles aussi, furent longtemps refusées ou ignorées. Au mois d’octobre dernier, les autorités du village permirent enfin aux catholiques d’inviter le P. Binh, le curé de Sapa, à venir dispenser l’onction des malades et célébrer des funérailles, autant de rites considérés par les cadres locaux comme des « besoins spirituels indispensables de la population ». Bien qu’il n’ait reçu l’autorisation que pour ces deux types de cérémonies, à chacun de ses déplacements, le curé de Sapa en profite pour entendre les catholiques en confession, célébrer le culte et dispenser l’enseignement chrétien sous des formes diverses. Pour le moment, les autorités locales ne l’ont pas autorisé à édifier une chapelle, par peur de devoir accorder la même permission à d’autres groupes catholiques de la province. Selon le prêtre, les catholiques seraient aujourd’hui au nombre de 1 000 dans la province de Lai Châu. La majorité d’entre eux sont des Vietnamiens, les autres appartiennent à l’ethnie Hmong.