Eglises d'Asie

Au cours des derniers mois, les conflits de propriété entre communautés catholiques et autorités civiles se sont multipliés

Publié le 18/03/2010




L’affaire de la Délégation apostolique de Hanoi, en se prolongeant (2), a masqué pendant un temps d’autres contestations en cours. Durant la même période, dans le centre et le sud du Vietnam, d’autres affaires liées à des confiscations datant de 1975 ont vu le jour, sous la forme de protestations écrites ou de manifestations de prière. A leur origine, on trouve des congrégations religieuses comme les Filles de la Charité ou les religieux rédemptoristes, ou encore de simples paroisses revendiquant des droits datant de plusieurs siècles.

Des manifestations de prière menées par les sœurs de Saint-Vincent de Paul ont eu lieu le 15 décembre 2007 puis le 17 mars 2008, à Saigon, au 30 de la rue Nguyên Thi Diêu, où se trouvait un ancien jardin d’enfants appartenant à leur congrégation, confisqué et transformé par le gouvernement. Le 17 mars, des centaines de religieuses, averties de travaux en cours sur la propriété contestée, se sont rassemblées sur les lieux pour demander l’arrêt des travaux. Les religieuses ont entamé une séance de prière autour de l’ancien jardin d’enfants. Sur leur insistance, un membre du Comité populaire de la ville est venu cosigner un procès-verbal enregistrant l’arrêt définitif des travaux. Après avoir rebouché les excavations faites dans la matinée, l’entreprise de construction s’est alors retirée. A 17 h 15, après avoir entonné un chant d’action de grâce, les religieuses se retiraient.

En 1975, les religieuses, devenues propriétaires des lieux à la suite d’un don de la Croix-Rouge française, y animaient un jardin d’enfants, ouvert depuis 1958. Celui-ci fut pris en charge par les nouvelles autorités, qui en firent d’abord une école maternelle. En 1997, il fut confié à une entreprise nationale, qui loua les locaux pour y établir un dancing. Après de nombreux avatars, sa gestion avait été confiée en dernier lieu à une entreprise nationale appelée « Commission des chemins de fer ».

Depuis le mois de mai 2005, les religieuses essaient de récupérer leur établissement. Quatre requêtes écrites et de nombreuses démarches n’ont obtenu aucun résultat. Des travaux ayant été entamés à l’intérieur du dancing, le 15 décembre 2007, les religieuses, au nombre de 70, organisèrent une première séance de prière devant le chantier. Plusieurs rencontres et de nouvelles requêtes n’ayant pas porté de fruits, les religieuses décidèrent alors d’organiser la récente manifestation du 17 mars dernier (2).

Dans la même période, une autre affaire a fait quelque bruit dans les milieux catholiques de Hô Chi Minh-Ville. Le 28 février dernier, les fidèles de la paroisse de Thanh Câm était en train de construire un mur d’enceinte pour le terrain de la paroisse, lorsque que des dizaines de policiers sont venus leur signifier d’arrêter les travaux. Alertés par une sonnerie de cloche, 300 paroissiens sont arrivés sur les lieux, obligeant les forces de police à se retirer. Le terrain appartient à la paroisse depuis des centaines d’années, mais il semble que les autorités civiles nourrissent certains projets à son sujet. Aux dernières nouvelles, le 18 mars dernier, les autorités locales ont coupé l’eau, l’électricité, interdit l’accès des lieux aux véhicules de transport. Cependant, les paroissiens continuent la construction du mur d’enceinte.

Dans le diocèse de Quy Nhon, les services de l’Education nationale ont pris l’initiative de démolir certains des éléments essentiels de l’école catholique de la paroisse de Quy Hoa. La population chrétienne a été scandalisée de l’attitude des autorités, qui, en 1975, avaient pris en charge cette école, propriété de la paroisse depuis 1958. Une lettre de vives protestations a été envoyée aux autorités par le curé de la paroisse.

Les religieux rédemptoristes du Vietnam qui mènent déjà la lutte pour récupérer la partie spoliée de leur paroisse d’origine dans le Nord du Vietnam, Thai Ha, se préoccupent également des travaux de construction et de démolitions effectués sur ce qui était leurs établissements de formation avant 1975. Une lettre envoyée le 5 mars au Comité populaire de la province de Khanh Hoa proteste contre un projet prévoyant des constructions et des démolitions sur le site de l’ancien noviciat, à Nha Trang, devenu ensuite l’hôtel « Hirondelle de mer ». Une autre lettre signée du provincial des rédemptoristes, envoyée le 18 mars dernier, s’élève contre le projet de confiscation d’une partie de la propriété du monastère rédemptoristes à Da Lat, pour y construire un centre de poste et télécommunications.