Eglises d'Asie

Des débats internes au sein des instances gouvernementales retarderaient la solution de l’affaire de la Délégation apostolique

Publié le 18/03/2010




Le 16 mars 2008, quelque 50 jours se seront écoulés depuis que, le 1er février dernier, l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, a assuré à ses fidèles que « le dialogue s’était établi » avec les hauts dirigeants de l’Etat et que seraient satisfaites les aspirations qui avaient poussé la communauté chrétienne à des manifestations de prière depuis la mi-décembre de 2007 (1). La restitution du domaine de la Délégation apostolique à Hanoi, réclamée par les catholiques, avait été promise. Quelques jours plus tard, on avait appris que cette promesse avait été faite par le général Nguyên Van Huong, au nom du gouvernement, le 31 janvier, devant l’archevêque, dix prêtres et des responsables laïcs. A la veille de Pâques, alors qu’une certaine impatience se manifestait au sein de la communauté chrétienne, un article mis en ligne sur le site de Vietcatholic News (15 mars 2008) rassemblait divers indices apportant une certaine lumière sur les intentions des autorités vietnamiennes et sur l’état d’esprit des responsables de la communauté catholique, sans qu’il soit toutefois encore possible de prévoir avec certitude l’issue de cette affaire.

Dans un premier temps, aux alentours du 26 février, on a appris que le Premier ministre Nguyên Tân Dung avait laissé le soin de régler la question de la Délégation apostolique à quatre instances différentes, à savoir le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses, le ministère de la Sécurité publique, le ministère de la Construction et le Comité populaire de la Ville de Hanoi (l’équivalent de la municipalité) (2). Selon l’agence catholique vietnamienne, les trois premières instances seraient d’accord entre elles pour restituer l’ancienne demeure du délégué du Saint-Siège à l’archidiocèse de Hanoi. Seule la municipalité de Hanoi proposerait d’attribuer à l’Eglise catholique un autre terrain, ce qui permettrait de ne pas rompre le contrat passé avec une grosse entreprise et, surtout, empêcherait, dans le futur, la multiplication de nouvelles demandes de restitution.

C’est dans le cadre de ce débat que s’est tenue, le 13 mars 2008, une réunion entre diverses instances de l’Etat et du Parti. On apprit alors que les représentants de l’arrondissement de Hoan Kiê, où est située la Délégation apostolique, avaient proposé d’attribuer à l’Eglise un autre terrain que celui de la Délégation. Le secrétaire de la section du Parti de Hanoi avait, pour sa part, déclaré craindre que le l’Eglise réclame d’autres propriétés lorsqu’elle aura récupéré celle de la Délégation.

On a également appris, au début du mois de mars, que la municipalité de Hanoi avait examiné une proposition prévoyant de restituer la Délégation à l’archidiocèse, à condition que la statue de la Pietà qui y a été transportée au début des manifestations en soit retirée et que rien ne soit changé à l’apparence extérieure des lieux. On a également parlé d’une rencontre entre l’archevêque de Hanoi et le général Nguyên Van Huong. Ce dernier aurait fait la même proposition à Mgr Kiêt, qui a refusé que la restitution soit assortie d’une quelconque condition. Le Bureau des Affaires religieuses aurait été chargé de poursuivre les négociations. Cependant, l’archevêque est résolu à exiger la restitution de la propriété accaparée, sans consentir à aucune concession.

Au cours des 50 jours qui se sont écoulés depuis la promesse gouvernementale, l’impatience n’a cessé de monter au sein de la communauté catholique. Des petits groupes sont venus prier et placer des cierges devant la Délégation apostolique. Pendant la Semaine sainte, les églises des paroisses de Hanoi étaient remplies de fidèles, qui n’ont pas manqué d’échanger leurs impressions, mais aucune manifestation nouvelle n’a été signalée, les fidèles se conformant à la volonté de leur archevêque de maintenir le calme. On rapporte cependant que le général Nguyên Van Huong, lors d’une rencontre avec Mgr Nguyên Van Sang, évêque de Thai Binh, lui aurait demandé si de grandes manifestations de prière se préparaient à Hanoi pour la Semaine Sainte.