Eglises d'Asie

Un congrès de la religion bahaï, désormais religion officielle, élit son comité directeur

Publié le 18/03/2010




La communauté bahaï du Vietnam a organisé son premier congrès national à Saigon, le 21 mars dernier, un an jour pour jour (1) après avoir reçu du gouvernement un premier certificat d’enregistrement. Selon la presse officielle, qui a relaté l’événement (2), quelque 250 représentants des 7 000 fidèles officiellement recensés qui composent la communauté vietnamienne s’étaient déplacés pour participer à l’événement. Plusieurs représentants des instances internationales de cette religion qui a son siège aux Etats-Unis, avaient également fait le déplacement pour la circonstance. Le directeur adjoint du Bureau des Affaires religieuses a, lui aussi, assisté au congrès.

Les sources officielles donnent en fait peu de renseignements sur le contenu des débats. Elles nous apprennent seulement que la première tâche du congrès a été l’élection de l’Assemblée spirituelle suprême, instance dirigeante de l’organisation qui comporte neuf membres. Dans cette religion dépourvue de clergé, les activités religieuses sont prises en charge dans chacune des communautés de base – au nombre de 93 au Vietnam aujourd’hui – par des « assemblées spirituelles » locales. Celles-ci sont coordonnées par une assemblée nationale. Le récent congrès a également adopté le texte de base contenant les principes religieux de la religion bahai et sa règlementation interne.

La religion bahaï a été fondée en 1844 à Shiraz, en Iran, par Mirza Ali Muhammad. La nouvelle communauté religieuse se diffusa d’abord en Iran, où elle subit de violentes persécutions. Elle essaima ensuite au Moyen-Orient et, à partir de 1924, aux Etats-Unis. C’est dans ce pays où vivent 110 000 de ses 5,5 millions de fidèles que l’Eglise bahai, désormais très centralisée, a établi son siège, à Wilmette, dans l’Illinois.

La religion bahaï fut introduite au Vietnam en 1954 par Shirin Fozdar, une adepte d’origine indienne, chargée de sa propagation en Asie du Sud-Est. A la fin des années 1950 et durant les années 1960, la communauté bahaï connut un développement rapide au Sud-Vietnam, comme d’ailleurs dans d’autres pays du Sud-Est asiatique. En 1963, il y avait déjà plus de 40 assemblées spirituelles établies dans de nombreuses provinces. La guerre du Vietnam et l’arrivée des militaires américains contribuèrent à l’expansion de la religion bahaï. En 1975, les statistiques internes faisaient état de 200 000 adeptes. Après l’établissement du régime communiste, de 1975 à 1992, cette religion fut pratiquement interdite et le nombre de croyants déclina assez fortement. Des milliers d’entre eux, par divers moyens, prirent la route de l’exil, surtout vers les Etats-Unis. Au Vietnam, les fidèles bahaï furent réduits à la clandestinité. Une amélioration progressive se fit sentir dans la seconde partie des années 1990. Enfin, grâce aux pressions des Etats-Unis, en novembre 2006, des négociations s’engagèrent entre les responsables locaux de la religion et les autorités civiles vietnamiennes. La régularisation s’est achevée dans les premiers mois de 2007 et le 27 mars, le Bureau des Affaires religieuses remettait au premier responsable le certificat d’enregistrement des activités religieuses de la communauté bahaï. A cette date, les statistiques officielles recensaient 6 990 fidèles. Cependant, diverses sources bahaï à l’extérieur du Vietnam contestent ce chiffre. En 2000, la World Christian Encyclopedia, de David Barrett, mentionnait l’existence de 300 000 fidèles Bahaï au Vietnam.

Dans le Vietnam socialiste, la notion de religion officiellement reconnue est relativement récente. Avant le début des années 1990, dans le cadre d’un marxisme-léninisme strict, aucun des textes destinés à réglementer l’exercice du culte n’en faisait mention. Aux alentours de 1995, certaines revues officielles commencèrent à mentionner six religions officiellement reconnues. Il s’agissait du bouddhisme, du catholicisme, du protestantisme, du bouddhisme hoa hao, du caodaïsme et de l’islam. La dernière « Ordonnance sur la religion et la croyance », entrée en vigueur il y a trois ans, a codifié cette notion et précisé les diverses étapes du processus de reconnaissance.