Eglises d'Asie

Un match de cricket au service de l’harmonie religieuse

Publié le 18/03/2010




Vous avez aimé la Clericus Cup (1), vous allez raffoler du Cricket for Peace. Le 9 mars dernier, devant une foule de 2 000 spectateurs, dans le célèbre Brabourne Stadium de Mumbai (Bombay), un match de cricket, sport national en Inde, a opposé deux équipes dont la particularité était d’être formées de membres du clergé des principales religions de ce pays. Revêtus du même habit blanc des joueurs de cricket, vingt-deux prêtres catholiques, bouddhistes, hindous, jaïns, juifs, musulmans, sikhs et zoroastriens se sont ainsi mesurés au cours d’un match que ses promoteurs avaient baptisé ‘Cricket for Peace’.

C’est une ONG, Wisdom Foundation, active dans la promotion de l’harmonie interreligieuse, qui a organisé le match, une première selon elle. Si les manifestations interreligieuses ne sont pas exceptionnelles en Inde, il est plus rare qu’elles visent à mobiliser les membres du clergé. « Pour la première fois, afin de porter un message de paix, ces prêtres ont joué ensemble », a souligné Zeenat Shaukat Ali, de Wisdom Foundation.

Pour le P. Lawrence D’Souza, 49 ans, prêtre de l’archidiocèse catholique de Bombay, le défi n’était pas gagné d’avance. Responsable des séances d’entraînement, qui ont eu lieu deux fois par semaine en janvier et février, il rappelle que Bombay, en décembre 1992-janvier 1993, « a été le théâtre d’émeutes entre musulmans et hindous parmi les pires » qu’a connues le pays. Il espère que les liens créés lors du match continueront à se développer et à contribuer ainsi à l’harmonie interreligieuse. Pour l’imam Aslam Raza Sheikh, 26 ans, l’idée de voir jouer ensemble des clercs de différentes religions l’a tout d’abord laissé sceptique. « Je ne m’étais jamais intéressé aux autres religions. C’est pourquoi lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, j’ai pensé que nous ne pourrions pas former une équipe. Et, pourtant, à la fin du match, nous étions tous amis », témoigne-t-il. « Dieu nous a rapprochés par le cricket. J’enseignerai dorénavant à mes coreligionnaires de respecter les autres communautés », a-t-il ajouté. Quant au sâdhu Bhagwant Jayesh Poladya, 36 ans, il explique : « Nous avons tous des croyances, des habitudes alimentaires et des habits différents, mais tout cela devenait comme secondaire au fur et à mesure de nos rencontres et des entraînements. »

Après trois heures de match, l’équipe des Pyaar (‘affection’) l’a emporté face aux Prem (‘amour’) par 138 runs à 81. Selon le P. Franco Cardozo, 30 ans, qui a joué dans l’équipe gagnante, perdre ou gagner importait peu. « L’important était de participer », a-t-il confié.