Eglises d'Asie

Hanoi : malgré un ultimatum des autorités locales, les paroissiens de Thai Hà poursuivent les manifestations de prière pour la restitution d’un terrain

Publié le 18/03/2010




Depuis qu’elles ont commencé, voila plus de trois mois, le 6 janvier 2008, les manifestations de prière n’ont jamais cessé dans la rue Notre-Dame, devant le chantier occupant illégalement le terrain de la paroisse de Thai Hà, confiée aux rédemptoristes, à Hanoi. Tout au long de cette période, elles ont eu lieu quotidiennement, matin et soir, à des heures très régulières, souvent en bonne entente avec la police. La nuit, à l’intérieur de tentes, de vieilles dames montent la garde. Cependant, depuis le début du mois d’avril, des initiatives des autorités publiques ont fait monter la tension et ont transformé le climat. Les responsables locaux laissent planer la menace d’une intervention imminente des forces de l’ordre sur les fidèles, qui continuent de participer nombreux aux rassemblements de prière.

Le 2 avril dernier, une délégation de cadres appartenant au Comité populaire et à la Sécurité publique de l’arrondissement était venue rencontrer les religieux rédemptoristes, leur demandant de faire démonter les tentes, de retirer les insignes religieux, les croix, la statue de la Vierge placés sur la rue Notre-Dame. Le même jour, une lettre, portant le numéro 212/UBND-VP et provenant du Comité populaire du district de Dong Da, précisait la mise en demeure adressée à la paroisse. Les tentes et les divers symboles religieux devaient être retirés, ainsi que le kiosque abritant l’autel. Le clergé devait demander aux fidèles de cesser leur rassemblement devant le chantier, sinon des sanctions seraient prises, conformément à la loi. Le 6 avril à midi, c’est un véritable ultimatum qui arrivait à la paroisse. Les tentes devaient être démontées avant le lendemain midi, sous peine de sanctions légales. Deux autres lettres, envoyées le même jour, répétaient la même menace. Le lendemain, à l’heure de l’ultimatum, les policiers et des fidèles, venus très nombreux de diverses paroisses de Hanoi, se faisaient face, les uns essayant de convaincre les autres. A midi, heure de l’ultimatum, rien ne s’étant passé, les fidèles présents sur place commencèrent à se restaurer.

 

Depuis ce jour, les fidèles sont convaincus que l’intervention policière n’est que partie remise et qu’elle ne saurait tarder. Certains signes donnent à penser qu’elle est déjà en préparation. Plusieurs fois, les caméras de la télévision officielle sont venues filmer les lieux ainsi que les séances de prière qui s’y déroulent. Les nouvelles qui ont été ensuite diffusées sur le petit écran ont, selon les paroissiens, outrageusement déformé la vérité. On y parlait de fidèles ayant accaparé un terrain public, perturbant l’ordre public et la circulation, mettant en danger les vieillards et les enfants.

 

La paroisse de Thai Hà a été fondée – et est toujours administrée – par les religieux rédemptoristes. S’étendant autrefois sur une superficie de 60 000 m², la propriété des rédemptoristes a vu cette surface se réduire à 2 700 m², à la suite de confiscations et d’usurpations commises par les autorités ou sous leur patronage. La plus récente de ces intrusions a été le fait d’une entreprise industrielle, Chiên Thang. Le chantier de construction mis en place par elle sur le terrain de la paroisse, avec la protection de la police, a mis le feu aux poudres et provoqué les protestations des catholiques, le 6 janvier dernier (1). Depuis lors, la communauté paroissiale continue de veiller autour du chantier illégalement installé par l’entreprise Chiên Thang, patronnée par les autorités. Le 9 février dernier, à l’occasion d’une fête traditionnelle de la Vierge, la paroisse a reçu un renfort exceptionnel de fidèles venant de l’ensemble des diocèses du nord du pays (2). Plusieurs milliers de catholiques s’étaient déplacés en signe de solidarité avec la paroisse de Thai Hà (3).