Eglises d'Asie

Moluques : des militants de l’indépendance des Moluques ont été condamnés à de très lourdes peines de prison

Publié le 18/03/2010




Le 3 avril dernier, un tribunal d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, a condamné à la prison à vie Johan Teterisa, leader du petit mouvement indépendantiste local RMS (‘République des Moluques Sud’). Ses juges l’ont reconnu coupable de « trahison » pour avoir agité un drapeau du mouvement séparatiste lors d’une visite à Amboine, l’an dernier, de Susilo Bambang Yudhoyono, président de la République unitaire d’Indonésie. Dans les semaines qui ont précédé ce jugement, dix-neuf autres membres du RMS ont été condamnés à de lourdes peines de prison, allant de dix à vingt ans de réclusion. Pour eux aussi, le fait d’avoir agité des drapeaux de manière non violente lors de la visite présidentielle a été jugé comme un acte de « trahison ».

Selon le Jakarta Post, qui rapporte la nouvelle dans son édition du 4 avril, les verdicts prononcés contre Johan Teterisa et ses compagnons ont reçu peu d’échos dans la presse nationale, mais la sévérité des peines témoigne de l’extrême sensibilité de tout ce qui touche à l’unité de l’archipel indonésien. Ces verdicts devraient légitimement soulever les protestations des organisations de défense des droits de l’homme.

 

Aux Moluques, théâtre d’un sanglant conflit intercommunautaire entre chrétiens et musulmans de 1999 à 2002, la manifestation des militants du RMS lors de la visite présidentielle de 2007 avait été très mal vécue par les officiels indonésiens, ces derniers craignant que le retour à une cohabitation pacifique entre les communautés chrétienne et musulmane ne soit fragilisé par de telles actions (1).

 

Le mouvement de la « République des Moluques Sud » a vu le jour le 25 avril 1950. Réclamant l’indépendance pour cette province à l’époque majoritairement peuplée de chrétiens (protestants surtout), il avait été immédiatement interdit par les autorités, avant de réapparaître après 1998 et la chute du président Suharto. Formé principalement de chrétiens mais comptant quelques musulmans en son sein, le groupe n’a jamais connu une large audience aux Moluques et, lors des conflits intercommunautaires des années 1999-2002, des musulmans des Moluques se sont servis de son existence pour demander le soutien de leurs coreligionnaires dans le pays, afin de combattre les chrétiens, accusés de visée séparatiste. Parmi les chrétiens moluquois, aujourd’hui légèrement minoritaires dans la province, l’indépendance n’a jamais, semble-t-il, été un objectif politique.