Eglises d'Asie – Corée du sud
A l’issue des dernières élections législatives, la surreprésentation des chrétiens à l’Assemblée nationale demeure forte
Publié le 18/03/2010
En comparaison avec la Chambre sortante, le nombre des députés protestants a très légèrement baissé (il passe de 112 à 110) et celui des députés catholiques a augmenté assez nettement (il passe de 72 à 81). Analysées à l’aune de l’appartenance religieuse des députés, ces élections ont par ailleurs été nettement favorables au bouddhisme, le nombre des députés se déclarant bouddhistes passant de 34 à 53 (1). Dans la nouvelle Chambre, on compte encore un député fidèle du bouddhisme Won, une branche locale de la religion bouddhique, et 41 députés déclarant ne pas avoir de religion ; l’appartenance religieuse de 13 députés est incertaine. On peut encore noter que le Parti de la famille pour la paix et l’unité, vitrine politique de la Fédération de la famille pour la paix et l’unification universelles, plus connue sous le nom de « secte Moon », n’a pas réussi à faire son entrée au Parlement.
Pour certains responsables d’Eglises, la surreprésentation des chrétiens en politique ne doit pas cacher que toutes les analyses politiques menées ces dernières années en Corée du Sud indiquent que les croyances religieuses du personnel politique ne sont pas fondamentalement significatives, dans la mesure où, une fois élus, les hommes politiques tendent à ignorer la religion (2). Le P. Hugo Park Jung-woo, secrétaire du Comité ‘Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud (CBCK), se contente d’« espérer que les élus chrétiens s’attacheront à protéger la vie et la dignité de la vie humaine en accord avec l’enseignement de l’Eglise ». Dans un pays où l’opinion publique reproche au personnel politique d’être enclin à la corruption, le P. Park souhaite que les députés réalisent un travail législatif « en accord avec leurs convictions religieuses ».
Pour le pasteur Kwon Oh-sung, secrétaire du Conseil national des Eglises (protestantes) en Corée, la présence de députés protestants au Parlement n’est pas significative en soi. Il précise que le rôle du Parlement est « de refléter la volonté populaire et de la transcrire dans le champ de l’action politique ». A cet égard, poursuit-il, la victoire écrasante qui a été celle de Lee Myung-bak lors des présidentielles de décembre 2007 ne s’est pas traduite par un mouvement d’une ampleur équivalente lors des législatives du 9 avril (3). Si le parti du président Lee, le Grand Parti national (GNP), a bien remporté la majorité absolue des sièges (153 députés sur un total de 299), cette majorité est étroite et a été obtenue avec un taux de participation historiquement bas (46 % de participation électorale).
Selon le P. Peter Pai Young-ho, secrétaire exécutif de la CBCK, en élisant Lee Myung-bak, candidat du centre droit qui a fait campagne sur la libéralisation de l’économie pour relancer la croissance, les électeurs sud-coréens ont signifié leur rejet des gouvernements de centre gauche qui ont dirigé le pays ces quinze dernières années ; mais en ne donnant à Lee Myung-bak qu’une courte majorité au Parlement, ces mêmes électeurs ont aussi dit aussi qu’ils ne souhaitaient pas aller trop loin dans les réformes. « Les hommes politiques doivent écouter la voix des gens et leur donner une espérance », explique le P. Peter Pai, qui ajoute que les électeurs sud-coréens font preuve d’une maturité démocratique certaine. Ainsi, si le GNP a obtenu la majorité, les candidats de ce parti qui s’étaient montrés favorables au très contesté projet présidentiel d’un gigantesque canal de Séoul à Pusan ont été battus (4).