Eglises d'Asie – Inde
Madhya Pradhesh : grâce à des initiatives mises en place par le diocèse de Sagar, des paysans ont pu améliorer leurs conditions de vie en sortant des griffes des usuriers
Publié le 18/03/2010
« Cet entrepôt est véritablement une bénédiction », a déclaré Sudhir Kumar Jain, agriculteur du village de Searmau. Depuis son ouverture en 1994, il a pu régulièrement y stocker ses semences. Auparavant, ne disposant pas de lieu de stockage, lui et les paysans de son village n’avaient d’autre alternative que de vendre rapidement et à bas prix leurs graines à des commerçants qui n’hésitaient pas à les leur revendre, une fois la saison des semailles venue, au prix le plus élevé du marché. Santosh Kumar, lui-même commerçant, confirme que les usuriers ont coutume d’obliger les paysans à leur vendre toute leur récolte, la plupart des agriculteurs ayant contracté des emprunts auprès d’eux (1). Par cette alternative, précise-t-il, « les paysans pauvres ou surendettés ont commencé à pouvoir acheter des semences à un prix raisonnable et à sortir du cercle infernal des usuriers ».
Selon Sœur Johncy Mathew, responsable de l’entrepôt, « au départ, les habitants de la région craignaient que cette initiative de l’Eglise catholique ne cache des intentions de conversion ». Mais, progressivement, ils ont pris conscience que l’Eglise essayait tout simplement de leur venir en aide. Ils ont alors commencé à utiliser les installations prévues pour les semences. Aujourd’hui, 20 paysans stockent leur production grâce aux structures mises à leur disposition.
Selon les statistiques de la Rural Development Society, la banque et l’entrepôt ont permis aux paysans de tripler leurs revenus tirés de la terre. Mupat Sinh, qui cultive 1,61 hectares de terre, a vu ses revenus passer de 14 000 à 36 000 roupies (de 223 à 574 euros) grâce aux possibilités de stockage mises à sa disposition par l’Eglise catholique.
Avant de lancer ce projet il y a plus d’une dizaine d’années, le diocèse avait mené une enquête dans 60 villages de la région. Celle-ci avait mis en exergue le fait que la plupart des paysans étaient issus du milieu aborigène. Vivant de la chasse et de la cueillette, ils s’étaient mis à l’agriculture pour mieux subvenir aux besoins de leurs familles. « Ils sont très pauvres et possèdent très peu de terres cultivables. De plus, ils n’ont pas d’habitation véritable, ni d’équipement agricole », précise le P. John Vazhappilly, directeur de la Rural Development Society.
L’Eglise catholique locale, grâce à l’aide de différentes associations, leur vient également en aide en leur fournissant un savoir-faire dans la construction de retenues d’eau, la mise en place de systèmes de récupération des eaux de pluie et la construction ou la réparation de puits.