Eglises d'Asie

Diocèse de Vinh : des catholiques manifestant au siège du district ont été agressés par une bande de malfrats, sans que la police ne réagisse

Publié le 18/03/2010




Des incidents ont eu lieu dans une paroisse du centre du Vietnam. Ils témoignent de l’acuité avec laquelle se pose la question des biens d’Eglise confisqués, et des racines historiques de ce problème actuellement débattu entre la délégation romaine en visite au Vietnam et les représentants du gouvernement vietnamien. Les incidents ont eu lieu au début du mois de mai, dans la paroisse de Ke Mui du diocèse de Vinh, province de Hà Tinh.

A cette époque, des milliers de paroissiens s’étaient massés devant le Comité populaire du district pour y réclamer des terrains de la paroisse accaparés. Ils ont été agressés et frappés par une bande de malfrats sous les yeux de la police, sans que celle-ci ne réagisse. Les jours suivants, les mêmes malfrats sont venus faire pétarader leurs motos autour de l’église, provoquant des accidents.

 

L’affaire des terrains accaparés de la paroisse de Ke Mui plonge ses racines dans la période troublée qui a suivi l’arrivée au pouvoir des communistes, en 1954, au Nord-Vietnam. Le diocèse de Vinh, plus qu’aucun autre, a subi de très nombreuses épreuves, en particulier celle de la réforme agraire avec ses jugements populaires et ses milliers de morts. La paroisse de Ke Mui a particulièrement été touchée par les excès de ce mouvement, en particulier son curé, le P. Phung Mai Linh, traîné devant le tribunal populaire. En 1978, les autorités expulsèrent la totalité des chrétiens habitant autour de l’église vers la forêt pour y créer des exploitations agricoles, tandis que le curé restait sur place. En 1991, les fièvres paludéennes et le peu de résultats obtenus dans la forêt forcèrent la population à revenir vers leurs anciens lieux d’habitation. Mais, entre-temps, en 1988, des familles avaient été installées autour de l’église. A leur retour, les catholiques construisirent une nouvelle église, mais ne purent jamais récupérer le terrain attenant, attribué aux familles arrivées en 1988. Aux requêtes de la paroisse, les autorités locales ont toujours opposé un refus catégorique.

 

C’est la raison pour laquelle quelque 300 fidèles se sont rendus, le 2 mai dernier, devant le Comité populaire du district demandant à être reçu. Le 5 mai, les 2 000 paroissiens de Ke Mui étaient de nouveau devant le siège des autorités du district, qui, à nouveau, ont refusé de les recevoir. Le lendemain, les paroissiens étaient une fois de plus rassemblés sur les mêmes lieux, aussi nombreux. Vers trois heures de l’après-midi, une bande de 20 malfrats, bien connus dans la région, ont fait irruption et se sont mis à frapper les paroissiens. Pendant ce temps, les policiers se contentaient de regarder et de donner des conseils de modération. Des fidèles ont été blessés et une paroissienne a été transportée à l’hôpital. Les malfrats ne se sont pas arrêtés là et, au cours de la nuit suivante, ils ont tenté de terroriser la population de la paroisse en parcourant les rues à moto.