Eglises d'Asie – Inde
Karnataka : afin de protéger les intérêts des minorités religieuses, l’Eglise catholique se dit prête à coopérer avec le gouvernement BJP
Publié le 18/03/2010
Le 25 mai, le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), parti politique nationaliste, a remporté une victoire remarquée, avec 110 des 224 sièges de l’Assemblée nationale du Karnataka. Son grand rival, le Parti du Congrès, n’a gagné que 80 sièges. Le BJP a depuis appelé cinq députés indépendants à venir le rejoindre afin d’obtenir une majorité simple à l’Assemblée et former ainsi le nouveau gouvernement. Pour les nationalistes hindous, cette victoire est importante dans la perspective des élections générales de 2009, où le BJP, aujourd’hui dans l’opposition, compte bien en remontrer au Parti du Congrès, au pouvoir à New Delhi.
Mgr Moras a précisé qu’il prenait acte des résultats du scrutin en ce qu’ils permettaient à l’Etat d’être dirigé par un parti majoritaire, après une période de coalition gouvernementale instable. Ces derniers temps, en effet, c’était le gouverneur du Karnataka qui était à la tête du gouvernement, après que les deux principaux partis politiques de la coalition – le BJP et le Janata Dal – se sont séparés, conduisant à la démission du gouvernement, en novembre dernier.
« Au nom des évêques catholiques du Karnataka, je souhaite rencontrer le candidat leader du BJP, Bookanakere Siddalingappa Yeddyurappa, et lui offrir notre soutien », a-t-il ajouté, en indiquant que les chrétiens nourrissaient « des peurs et des appréhensions » vis-à-vis de ce parti du fait de différentes attaques antichrétiennes perpétrées sous la dernière coalition gouvernementale. « Il ne tient qu’au parti (le BJP) de susciter la confiance et j’espère que le nouveau gouvernement se concentrera sur des projets de développement plutôt que sur des campagnes antichrétiennes », a-t-il poursuivi.
Le P. Faustin Lobo, responsable de la coordination des activités pastorales de l’Eglise au Karnataka, souhaite, pour sa part, que le nouveau gouvernement alloue équitablement les projets de développement entre les minorités religieuses, et qu’il n’agisse pas de la même manière que le BJP au Gujarat, où la plupart des projets de développement ont été orientés vers les communautés hindoues, majoritaires dans l’Etat. « Les minorités religieuses, quant à elles, doivent reconnaître le BJP comme un parti politique hindou légitime car si elles continuent à le rejeter, elles seront automatiquement mises à l’écart », a-t-il déclaré.
Pour le P. George Kannamthanam, impliqué dans différentes activités sociales, « le temps est venu de s’impliquer plutôt que de se disperser, d’apprécier plutôt que de critiquer, de comprendre plutôt que de sous-estimer ». Si le BJP a utilisé les attaques antichrétiennes durant la période de coalition gouvernementale pour gagner des voix, « il doit à présent prouver qu’il est capable de gouverner et nous avons à lui tendre la main », a-t-il poursuivi.
Avant les élections législatives, le Conseil des évêques catholiques du Karnataka, avait, dans une lettre pastorale signée de Mgr Bernard Moras et lue dans toutes les paroisses catholiques des dix diocèses de l’Etat, appelé les fidèles à fuir les partis fondamentalistes lors des élections législatives de mai (2). Les évêques catholiques invitaient aussi les laïcs à s’engager en politique, guidés par l’esprit de service et l’option préférentielle pour les pauvres.