Le prêtre gouverneur de la province de Pampanga porte plainte contre un baron des loteries illégales

Le dépôt de plainte contient un témoignage de l’ancien gouverneur d’Ilocos Sur, Luis Singson, qui, déjà par le passé, avait émis des déclarations compromettant l’ancien président de la République, Joseph Estrada, en apportant des preuves sur d’importantes sommes reçues par le président et tirées des revenus de ces jueteng. Quelques mois plus tard, Joseph Estrada était destitué de la présidence de la République, puis, en septembre 2007, un jugement le reconnaissait coupable de corruption. Cette fois-ci, Luis Singson a présenté des livres de compte prouvant que Rodolfo Pineda a versé entre deux et quatre millions de pesos (entre 29 et 58 000 euros) par mois à un haut fonctionnaire du Congrès. « Cette preuve contre Pineda peut donner du poids à cette nouvelle affaire de corruption », a déclaré le P. Panlilio.

Le prêtre a en effet décidé de porter plainte contre Pineda car il l’accuse de « coopérer » avec de hauts fonctionnaires, des maires et la police afin de développer les jueteng, malgré leur illégalité. « Ma province est réputée pour être le ‘Vatican’ des jueteng, le montant des paris pouvant atteindre 13 millions d’euros par an », a-t-il déploré. Le P. Panlilio a essayé, tant bien que mal, de stopper ces loteries illégales en coopération avec certains maires et commissaires de police (2), mais ses propositions ont été rejetées. « Un des problèmes majeurs est que ces activités emploient plus de 8 000 personnes dans la province », a-t-il précisé. Selon des sources locales, le maire d’une petite commune peut recevoir l’équivalent de 4 800 euros par mois, en fermant les yeux sur les jeux illégaux d’argent. Dans la province de Pampanga, on estime que 70 % des habitants jouent à ces jueteng, espérant gagner entre 400 et 500 fois leur mise.

En déposant plainte contre un baron des loteries illégales, le P. Panlilio entend faire pression sur les élites, tandis qu’avec le soutien des habitants de la province il espère faire changer les choses en s’appuyant sur les classes défavorisées. « Si j’obtiens un large soutien de l’opinion publique, nous avons une chance de l’emporter. Je n’ai rien personnellement contre les barons des jeux d’argent ; c’est le péché et non les pécheurs qui est haïssable », a-t-il indiqué à l’agence Ucanews.

C’est notamment pour lutter contre la « décadence morale », « une corruption et une concussion toujours plus forte » que le P. Panlilio avait décidé de se présenter au poste de gouverneur, en mai 2007 (1). Un peu plus d’un an après son élection, il est contraint de se déplacer escortés de gardes du corps, craignant pour sa propre vie, bien qu’il assure qu’il continuera envers et contre tout à faire de son mieux pour éliminer les jeux d’argents illégaux dans sa province.