Eglises d'Asie – Inde
Orissa : les chrétiens de Kandhamal continuent à souffrir d’ostracisme
Publié le 18/03/2010
« Les chrétiens qui se démènent pour reconstruire leurs habitations et subvenir aux besoins élémentaires de leur famille souffrent d’un boycott social, particulièrement les commerçants et les artisans », a-t-il déclaré. Selon le compte-rendu de sa visite, des responsables hindous de trois villages – Salagud, Madagudami et Perbapanga –, tous situés près de Barakhama, font subir des discriminations aux chrétiens locaux en leur interdisant de se fournir en bois ou en nourriture dans les forêts environnantes, ou en refusant de leur acheter ou de leur vendre quoi que ce soit dans les magasins à proximité. « Cela implique que les chrétiens doivent faire de longs trajets pour se ravitailler ou acheter les matériaux nécessaires à la reconstruction de leur habitation », a-t-il ajouté. Même les enfants ont à souffrir de discriminations : « Beaucoup de fillettes ne peuvent aller à l’école de peur de subir des violences, suite aux multiples menaces qu’ont reçues les familles chrétiennes. »
Le 21 mai dernier, à Kurder, lors d’une manifestation organisée par les partisans de Laxmananda Saraswati, un nationaliste hindou largement considéré comme l’instigateur des attaques antichrétiennes de Noël dernier, les extrémistes ont emmené de force, au poste de police, 26 chrétiens qui se trouvaient sur leur chemin, leur volant au passage deux vaches qu’ils venaient d’acheter. Les chrétiens n’ont pu être relâchés qu’après l’intervention d’amis qui ont sollicité l’aide des autorités locales.
« L’attitude léthargique et insensible des gouvernements fédéral et d’Orissa est profondément décevante et attristante, a déploré John Dayal. La mousson est proche et plus de 400 familles n’ont toujours pas de toit, le gouvernement d’Orissa distribuant les indemnités au compte-gouttes. » Les allocations pour une maison entièrement détruite sont de 50 000 roupies (750 euros) et pour des habitations partiellement détruites de 25 000 roupies. « Le problème est que les maisons incendiées à 50 % ne peuvent être reconstruites, elles doivent être rasées, mais le gouvernement ne veut rien savoir », a précisé le secrétaire général du AICC, ajoutant que le coût de reconstruction d’une maison s’élève au moins à 85 000 roupies (près de 1 300 euros).
En plus des frais de reconstruction, les victimes des violences antichrétiennes ont perdu la moitié de leurs revenus annuels avec les discriminations endurées depuis le début de l’année. Beaucoup de chrétiens vivent encore dans la jungle, craignant de nouvelles attaques s’ils rentrent dans leur village d’origine. Des centaines d’autres chrétiens de Kandhamal restent pour leur part parqués dans des camps de réfugiés installés par le gouvernement, où les conditions de vie déplorables et un fort paludisme rendent leur quotidien extrêmement difficile.
Une commission d’enquête gouvernementale sur les violences de Noël dernier a entamé ses travaux le 14 juin dernier. La Commission nationale pour les minorités, qui a envoyé deux enquêteurs juste après les violences, avait déclaré le 17 janvier dernier que ces violences « avaient été planifiées et organisées », et que leur envergure tenait à l’inaction des autorités publiques.