Eglises d'Asie

Thai Binh : dans un séminaire récemment restitué et déjà restauré, futurs enseignants et futurs étudiants participent à une messe d’action de grâces

Publié le 18/03/2010




Les choses n’auront pas traîné. Le 30 mai dernier, l’évêque de Thai Binh, Mgr Nguyen Van Sang, a fait annoncer (1) dans toutes les églises paroissiales du diocèse la restitution par les autorités locales des bâtiments de l’ancien séminaire de My Duc ainsi que son projet d’en faire un lieu de formation pour des aspirants au sacerdoce déjà âgés.

Tout le monde s’est mis au travail. L’intérieur du bâtiment a retrouvé une nouvelle fraîcheur. Mobilier, tables, chaises et lits ont été installés. Et déjà le 23 juin, à l’intérieur de la chapelle rénovée, les 33 futurs étudiants participaient à une célébration eucharistique présidée par l’évêque du lieu, Mgr Nguyên Van Sang, et concélébrée par un certain nombre de prêtres qui formeront le corps enseignant du nouveau séminaire (1). Tous ont rendu grâce pour la restitution de ce lieu de formation où tous les candidats au sacerdoce vont pouvoir reprendre des études, interrompues pour certains il y a plus de trente ans.

 

Le séminaire de My Duc, désormais appelé le séminaire du Sacré-Cœur, est un vaste édifice occupant une surface de 2 000 m². Il avait été construit par Mgr Juan Casado Obispo, dominicain (2), premier vicaire apostolique de Thai Binh, l’année même de sa nomination en 1936. Le séminaire est composé de deux bâtiments de trois étages, auxquels il faut ajouter les cuisines, un jardin et un terrain de jeu. Il est situé à environ trois kilomètres de l’évêché. Après l’accession des communistes au pouvoir en 1954, le séminaire avait cessé toute activité, prêtres et laïcs s’étant associés en grand nombre à l’exode vers le sud. En 1956, le séminaire ouvrira à nouveau ses portes, mais, en 1968, les autorités locales confisquèrent l’un des deux bâtiments pour en faire un centre éducatif et fermèrent totalement l’établissement en 1977, soit deux ans après la fin de la guerre du Vietnam.

 

L’évêque a décidé d’être lui-même le supérieur du séminaire et a confié la formation des séminaristes à un groupe de cinq prêtres ayant poursuivi des études universitaires en France, à Rome ou encore aux Philippines. L’un d’entre eux, le P. Dominique Dang Van Câu, qui a fait ses études à l’Institut catholique de Paris, secondera son évêque dans la direction du séminaire.

 

La trentaine de futurs étudiants qui, sans doute, commenceront leur formation à la mi-septembre ont, tous, dépassé les 35 ans. Certains ont déjà doublé le cap de la cinquantaine. L’un d’entre eux, Joseph Pham Dinh Phung, a 66 ans. Ils vivent actuellement dans des paroisses où ils aident les prêtres dans leurs activités pastorales. Quelques-uns d’entre eux avaient commencé leur formation dans l’ancien séminaire de My Duc et avaient été renvoyés dans leur famille par le gouvernement avec interdiction de travailler en paroisse. Joseph Pham Dinh Phung, accusé d’avoir contrevenu à cet ordre, fut interné dans un camp de travail durant dix ans. D’autres se sont préparés au sacerdoce dans des équipes d’études théologiques à Hô Chi Minh-Ville mais avaient dû interrompre leurs études lorsqu’il était devenu évident que le gouvernement ne leur donnerait pas l’autorisation d’être ordonnés prêtres.

 

Le diocèse de Thai Binh souffre d’une pénurie de prêtres mais ne manque pas de vocations. Cependant, à cause des restrictions imposées par le gouvernement et du peu de places disponibles au séminaire de Hanoi, celui-ci ne peut admettre que six séminaristes du diocèse chaque année.