Eglises d'Asie

Un colloque à Séoul met en évidence la détérioration des conditions de vie des Nord-Coréens, menacés à nouveau de famine

Publié le 18/03/2010




Au grand séminaire de l’archidiocèse de Séoul, un colloque, organisé par le Comité des évêques catholiques coréens pour la réconciliation du peuple coréen, a mis en exergue la détérioration des conditions de vie des Nord-Coréens ces dernières années, que ce soit du point de vue économique ou des droits de l’homme. Le 20 juin dernier, soit deux jours avant la Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen (1), près de 300 personnes – principalement des religieux – se sont déplacées pour mieux comprendre le sort des habitants de la Corée du Nord, aujourd’hui menacés de famine.

« Depuis le milieu des années 1960, l’approvisionnement en nourriture des Nord-Coréens est insuffisant. Pour survivre, ils ont dû créer leur propre marché, une économie parallèle, en achetant et en vendant eux-mêmes les aliments de première nécessité », a expliqué Peter Lim Eul-chul, chercheur à l’Institut des études sur l’Extrême-Orient de l’université de Kyungnam, à Masan (2). De plus, « le gouvernement nord-coréen a mis en place une fiscalité très élevée sur les terres et les semences, étranglant ainsi un peu plus la population ».

 

M. Park In-ho, de Daily NK, une agence d’information spécialisée sur la Corée du Nord, a pour sa part abordé la question du sort désespéré des réfugiés nord-coréens, notamment en Chine où ils seraient entre 25 000 et 40 000, selon une estimation d’ONG locales. « Lorsqu’un réfugié nord-coréen meurt en Chine, soit il est incinéré par les autorités chinoises, soit sa dépouille est vendue au marché noir à des hôpitaux. La personne défunte peut très bien avoir de la famille réfugiée illégalement en Chine, mais ses proches ne réclameront jamais le corps de peur d’être arrêtés », a-t-il expliqué.

 

Avec des sanglots dans la voix, une femme réfugiée en Corée du Sud a témoigné de la difficulté à survivre en Corée du Nord. « Certains construisent des petits bateaux pour pêcher, mais les autorités les leur confisquent car de telles initiatives sont considérées comme étant ‘des activités non socialistes’. Je crains malheureusement que l’oppression et la famine ne durent encore longtemps », a-t-elle confié. Toujours sous couvert d’anonymat, elle a raconté qu’après avoir fui en Corée du Sud avec son mari et son fils, les membres de sa famille restés au village ont été déportés en représailles.

 

Dom Simon Petro Ri Hyeong-u, bénédictin dont la charge pastorale englobe théoriquement le territoire abbatial de Tokwon, situé en Corée du Nord, craint pour sa part que la population nord-coréenne ne souffre à nouveau de la famine, comme ce fut le cas en 1995-1997, après de fortes inondations qui avaient détruit de nombreuses récoltes. « La famine arrive silencieusement », a ajouté une réfugiée. Tous les indicateurs montrent que, si rien n’est fait, le pays s’achemine de nouveau vers une situation tragique du fait des catastrophes naturelles de l’été 2007, conjuguées à la chute des aides chinoises et sud-coréennes, en raison de la crise alimentaire mondiale pour Pékin, et d’un raidissement à l’égard de Pyongyang, dans le cas de Séoul. En avril dernier, le Programme alimentaire mondial a tiré le signal d’alarme, évoquant la préparation d’une nouvelle « tragédie humanitaire » en République populaire démocratique de Corée.