Eglises d'Asie – Corée du sud
L’archidiocèse de Séoul a lancé un programme de microcrédit destiné à la réinsertion d’anciens détenus
Publié le 18/03/2010
Inspirée de la Grameen Bank au Bangladesh (1), qui alloue des crédits aux plus pauvres, la Banque de la joie et de l’espérance prêtera jusqu’à 10 millions de wons (un peu plus de 6 000 euros) à un ancien détenu souhaitant créer son entreprise. Accordé sans prise d’hypothèque ou contrepartie spécifique, le prêt portera un taux d’intérêt annuel de 2 %, soit un taux défiant toute concurrence.
Selon le P. Thomas Lee Young-woo, responsable de la Pastorale des prisons de l’archidiocèse de Séoul, le plus grand défi des ex-détenus à leur sortie de prison est de savoir résister à la tentation de la récidive. « Pour dépasser ce cap, les anciens détenus ont besoin d’une structure familiale stable, d’un emploi et de l’hospitalité de la société. » Néanmoins, leur casier judiciaire rend leur recherche d’emploi et l’obtention de crédits commerciaux difficiles, ce qui ne facilite pas leur réinsertion, a-t-il expliqué.
Avant de lancer la Banque de la joie et de l’espérance, dotée d’un capital de départ de 500 millions de wons (304 000 euros) qui proviennent de dons privés et d’entreprises, un stage d’aide à la création d’entreprise a été organisé en mai dernier et suivi par 22 détenus. « Qui aurait osé me prêter un centime ? C’est un miracle et une très bonne nouvelle pour moi qu’on me permette d’emprunter de l’argent pour ma propre entreprise », a confié un ancien détenu qui souhaite monter un stand itinérant de vente de toasts.
Selon Hasang Paul Kwak No-hyun, président du Comité de fondation de la banque et professeur de droit à la Korea National Open University, cette banque de microcrédit en faveur d’anciens détenus est « la première du monde en son genre ». « La Banque de la joie et de l’espérance collectera 400 millions de wons par an et elle distribuera 500 millions sur cinq ans à d’anciens détenus », a-t-il précisé.
Fondée en 1970, la Pastorale des prisons de l’archidiocèse de Séoul œuvre auprès des détenus en leur rendant visite régulièrement, en célébrant la messe et en organisant des catéchèses. L’Eglise catholique a aussi mis en place une maison d’accueil pour les anciens détenus ne bénéficiant pas de soutien familial ou relationnel. Au sein de cette structure, ils peuvent suivre des stages, être nourris et logés pendant une année.
La banque de microcrédit est la deuxième initiative du genre dans l’archidiocèse de Séoul. En 1993, le Comité catholique urbain de la pastorale pour les plus pauvres a mis en place une banque de microcrédit pour venir en aide aux plus défavorisés de l’agglomération de Séoul.