Eglises d'Asie

Le « surplus » de naissances masculines pourrait entraîner de profondes transformations dans les structures de la société vietnamienne

Publié le 18/03/2010




L’ensemble des membres de la délégation vietnamienne sera à Sydney pour le début du rassemblement, le 15 juillet. Pendant les jours qui suivront, le groupe vietnamien participera aux activités communes mais apportera aussi sa contribution spécifique. Ainsi le 16 juillet, les jeunes Vietnamiens participeront au rassemblement des jeunes d’Asie, où ils feront une démonstration de danses folkloriques vietnamiennes.

La société vietnamienne d’après-guerre a longtemps été marquée par un déséquilibre démographique en faveur des femmes. La situation aujourd’hui s’est totalement inversée. Pour 212 enfants qui ont vu le jour en 2007, 112 étaient des garçons et seulement 100 des filles. Cette information, qui suscite quelques inquiétudes, est l’un des résultats d’une enquête démographique qui vient d’être réalisée par l’Office général des statistiques du Vietnam et portée à la connaissance du public le 2 juillet dernier par la section vietnamienne du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) (1). Cet écart s’est encore creusé depuis l’année précédente, où la moyenne des naissances de garçons était de 110 et il dépasse largement l’écart moyen normal entre les deux sexes à la naissance, qui est de 103 ou 105 sur 100 en faveur du sexe masculin.

 

Des changements se sont également produits dans la répartition territoriale de ces naissances. Les naissances de sexe masculin sont plus nombreuses dans certaines provinces montagneuses comme Dien Biên, Hung Yên au nord-ouest, Dak Lak au Centre-Vietnam, ou encore dans les provinces de Bac Giang, Bac Ninh, Hai Duong, Thai Binh, Ninh Thuân. Au total, les statistiques montrent que, dans 35 provinces, la moyenne des naissances de garçons dépasse 110 pour 100 naissances de filles.

 

Une des principales raisons de ce phénomène, selon Mme Tran Thi Vân, expert de l’UNFPA-Vietnam, résiderait dans une préférence traditionnelle pour les garçons, inhérente à la tradition culturelle vietnamienne. Beaucoup de couples veulent absolument que l’aîné soit de sexe masculin. Grâce à la possibilité de prévoir le sexe de l’enfant de très bonne heure après sa conception et les moyens anticonceptionnels facilement disponibles aujourd’hui, beaucoup de couples peuvent « écarter » sans difficulté une naissance féminine. Si cette tendance relevée aujourd’hui s’accentue, la situation démographique au Vietnam ne tardera pas à être aussi catastrophique que celle de la Chine ou de l’Inde, où le ratio des sexes à la naissance est passé de 110/100 à 123/100.

 

Les conséquences de ce déséquilibre ne devraient pas se faire sentir avant cinq ou dix ans. Dans environ quinze ans, lorsque cette génération arrivera à l’âge nubile, ce surplus masculin engendrera le célibat forcé, l’obligation de chercher une épouse à l’étranger, voire la prostitution et le trafic des femmes. Dans le passé, un certain nombre de décrets et de textes législatifs ont interdit l’identification du sexe de l’enfant dans les premiers mois de la grossesse. Mais cette interdiction n’a guère eu d’effet. Au jugement de l’expert de l’UNFPA, la seule solution consisterait à transformer les esprits et à convaincre les parents de la valeur du fait d’attendre un enfant de sexe féminin.

 

Les constatations et les prévisions sont plus optimistes en ce qui concerne la croissance démographique. L’indice synthétique de fécondité a régulièrement diminué au cours des neuf années écoulées pour atteindre, en 2007, 2,07 enfants par femme en âge de procréer. Au sein des pays de l’ASEAN, le Vietnam figure parmi les trois pays ayant l’indice de fécondité le moins élevé. Lors de son commentaire public des nouvelles statistiques de la démographie vietnamienne, Mme Tran Thi Vân a ajouté qu’il était faux de parler « d’explosion des naissances » au Vietnam, comme cela a été écrit dans différents médias vietnamiens officiels ces dernières années. En 2002, 24,3 % des familles mettaient au monde un troisième enfant. Cette proportion n’est plus que de 19,3 % en 2007. Cependant, selon des chiffres publiés par le service de démographie, pour le début de l’année 2008, le nombre des familles ayant fait enregistrer un troisième enfant aurait augmenté de 17 % par rapport à la même période de l’année précédente. Le rythme de la croissance démographique aurait toutefois diminué. On prévoit qu’au rythme actuel, dans trente ans, la population vietnamienne, qui est estimée aujourd’hui aux alentours de 86 millions de personnes, aura atteint les 100 millions.