Eglises d'Asie

Un missionnaire indien a été assassiné dans l’est du pays

Publié le 18/03/2010




Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, le P. Johnson Moyalan Prakash, missionnaire salésien originaire de l’Etat indien du Kerala, a trouvé la mort dans la mission de Sirsiya, localité de l’est du Népal. A 2 heures du matin, il a été assassiné par un groupe d’hommes armés et masqués qui s’étaient introduits dans les locaux de la mission.

Bien qu’un tract d’un groupe extrémiste hindou en lutte pour la restauration du Népal en tant que royaume hindou ait été retrouvé sur place, Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal, s’est refusé à voir dans cet acte une action dirigée contre l’Eglise catholique, très minoritaire dans le pays. Selon lui, il faut attendre les résultats de l’enquête de police avant de se prononcer sur d’éventuelles responsabilités et il existe des « indications » pouvant laisser penser que l’assassinat est lié à « une vendetta personnelle » plutôt qu’à une volonté de s’en prendre à un symbole de l’Eglise catholique.

Agé de 60 ans, le P. Prakash était issu de l’Eglise catholique de rite syro-malabar, au Kerala. Entré chez les salésiens en 1967, il appartenait à la province de Kolkata (Calcutta) de cette congrégation religieuse et exerçait son ministère de missionnaire au Népal depuis 1996. A sa mort, il assumait la responsabilité de recteur de l’Ecole Don Bosco de Sirsiya, un modeste établissement scolaire fondé en 2000 où l’enseignement était dispensé en népali ; en 2006, les bâtiments avaient été reconstruits pour accompagner l’essor de l’école. Selon le P. George Kalangara, un salésien installé à Dharan, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Sirsiya, des militants de la Nepal Defence Army (NDA), groupuscule hindou militant pour le retour du Népal à un régime de monarchie hindoue, avait récemment « invité les Pères salésiens à ce qu’ils appelaient ‘une rencontre commune’. Les Pères n’avaient pas obtempéré et c’est peut-être la raison qui a amené la DNA à passer à l’action ».

Selon le récit des événements donné par le P. Antony Earathara, secrétaire de la province salésienne de Kolkata, entre quatre et cinq hommes se sont introduits, le 1er juillet à 2 heures du matin, sur la propriété des salésiens à Sirsiya. Ils ont contraint le gardien à les conduire au presbytère, où vivent habituellement trois prêtres. L’un des trois étant en déplacement à l’extérieur cette nuit-là, les assaillants n’ont trouvé que le P. P.V. Matthew, salésien récemment arrivé à Sirsiya, et le P. Prakash. Le P. Matthew a été enfermé à clef dans sa chambre, les quatre ou cinq hommes forçant celle du P. Prakash. « Ce qui s’est passé dans la chambre, c’est à l’enquête de le déterminer. Tout ce que l’on sait est qu’après une quinzaine de minutes, les hommes ont lancé deux bombes de faible puissance et sont partis », témoigne le P. Earathara. Le P. Prakash a été retrouvé mort, avec deux blessures par balles, l’une à la poitrine, l’autre à l’estomac.

Face à cet assassinat – le premier du genre au Népal –, Mgr Sharma ne cache pas ses interrogations. « Si c’était l’Eglise qui était visée, le deuxième prêtre présent sur les lieux ainsi que les religieuses de la Congrégation de Jésus, installées à proximité immédiate, auraient aussi été attaqués. Peut-être le prêtre a-t-il été tué pour ne pas avoir obéi à la convocation de la DNA à ‘la rencontre commune’, ou bien n’a-t-il pas voulu remettre à la DNA une somme d’argent qui lui était demandée. » Selon la police locale, les assassins étaient convaincus que le P. Prakash avait retiré de l’argent d’une banque le jour précédent l’attaque ; ils auraient fait irruption pour le voler. Selon les salésiens, la mission de Sirsiya avait déjà fait l’objet d’un cambriolage il y a quelques mois. Les obsèques du prêtre assassiné ont été célébrées le 4 juillet à Bandel, village indien situé à 45 km de Kolkata (Calcutta).

Depuis la déclaration de 2006 du Parlement à Katmandou selon laquelle le Népal est un Etat laïque (1), la NDA a revendiqué plusieurs attentats à la bombe. Le groupe affirme n’entretenir aucun lien avec l’ancien roi déchu Gyanendra et ne lutter que pour le retour à un Etat hindou. Il est dirigé par un ancien policier qui aurait lutté aux côtés de la rébellion maoïste avant de se retourner contre eux ; se faisant appeler Parivartan (‘changement’), il revendique une force de 1 200 hommes en armes et experts en explosifs. Il promet de s’en prendre aux prosélytes chrétiens et musulmans ainsi qu’aux communistes.