Eglises d'Asie – Népal
L’Eglise catholique s’inquiète des menaces exercées à son encontre par un groupe d’extrémistes hindous
Publié le 18/03/2010
On se souvient que la DNA est créditée de la responsabilité du meurtre d’un prêtre salésien, le P. John Prakash Moyalan, assassiné le 1er juillet dernier dans sa mission de Sirsiya, au sud-est du pays (1). Le groupe serait responsable d’un certain nombre d’autres actions, des attentats à la bombe et des assassinats, dans différentes régions du pays. Selon Mgr Sharma, les assassins du P. Prakash sont repartis avec son téléphone portable. Celui-ci « contenait des numéros de téléphone de catholiques actifs dans plusieurs parties du pays et différentes institutions éducatives et des appels sont désormais passés pour menacer prêtres et religieuses », a-t-il expliqué, précisant que « le groupe n’est pas précisément opposé à l’Eglise. Tout ce qu’ils veulent, c’est de l’argent et ils utilisent l’Eglise et ses prêtres pour tenter d’en obtenir ».
Pour le responsable de l’Eglise catholique, « les intimidations répétées (de la DNA) contre nos trente établissements éducatifs et nos quarante et quelque programmes de développement social, répartis dans une soixantaine de districts du pays, sont une vraie cause d’inquiétude pour la sécurité de nos 17 922 élèves et enseignants, dont 99 % sont des non-chrétiens ». Les catholiques au Népal forment une toute petite communauté d’environ 7 500 fidèles.
Le ministre a répondu à Mgr Sharma que le gouvernement avait conscience du problème et faisait de son mieux pour appréhender au plus vite les auteurs du meurtre du P. Prakash et des menaces proférées à l’encontre des institutions catholiques. Selon la presse, des pressions sont également exercées sur d’autres religions minoritaires au Népal. Ainsi, ces derniers mois, sont à déplorer un attentat à la bombe contre un orphelinat tenu par des protestants à Birgunj, au sud de Katmandou, et quatre engins explosifs jetés contre une mosquée, en avril dernier, à Biratnagar, la deuxième ville la plus importante du pays.
Ces événements ne font toutefois pas douter Mgr Sharma de la place de l’Eglise au Népal et de la voie qu’ont choisie les Népalais pour assurer une transition vers la démocratie. Le 15 août dernier, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda (‘le redoutable’), a été élu Premier ministre de la jeune République népalaise, deux mois après le départ du roi de ce pays de l’Himalaya. Président du Parti communiste du Népal, c’est lui qui, durant dix ans, a dirigé la guérilla maoïste, avant d’entrer dans un processus de pays avec les autorités à partir d’avril 2006. Plus de 11 000 personnes ont perdu la vie du fait des combats entre les rebelles maoïstes et les forces armées de la défunte monarchie népalaise.
« Prachanda a prêté serment au nom du peuple, et non au nom de Dieu comme il était d’usage. J’interprète cela comme un signe de sa volonté de considérer toute la population, tous les gens, sur le même plan, quelle que soit la religion de chacun », a commenté Mgr Sharma. Quant à savoir si les maoïstes désormais au pouvoir pourraient se montrer hostiles à l’Eglise, le vicaire apostolique a répondu qu’il entretenait « de bonnes relations avec tous les dirigeants maoïstes. Par conséquent, nous n’avons pas à avoir de craintes particulières ».
En avril dernier, avec plus du tiers des sièges, les maoïstes sont sortis vainqueurs des élections désignant l’Assemblée constituante (2). La future Constitution devra, entre autres choses, formaliser la décision prise par le Parlement en 2006 de transformer le Népal de monarchie hindoue en un Etat laïque. En mai, l’Assemblée a aboli la monarchie et institué la république, dont la présidence a été confiée à Ram Baran Yadav, médecin devenu secrétaire général du Parti du Congrès népalais (2).